Carrière et Formation

L’avocate qui défend « l’indéfendable »

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Sonia Semere

2023-04-03 15:00:00

Cette avocate de l’aide juridique ne cesse de défendre une justice accessible à tous. Droit-inc est parti à sa rencontre.
Me Elfriede Duclervil. Source: Radio-Canada
Me Elfriede Duclervil. Source: Radio-Canada
Me Elfriede Duclervil fait partie des avocats vedettes de la série documentaire À ma défense, diffusée récemment sur la chaîne RDI. L’avocate a également défrayé la chronique en défendant des crimes considérés comme « indéfendables » aux yeux de l’opinion publique.

Pour mieux comprendre son engagement à combattre les injustices sociales, il faut faire un peu de généalogie. Son père était un avocat civiliste particulièrement engagé à Haïti, pays dont elle est originaire.

Déterminée à poursuivre le même chemin que son paternel, celle qui est désormais avocate au sein de l’aide juridique a été confrontée à certains obstacles durant son parcours.

« Quand j’ai voulu appliquer pour faire du droit, une professeure m’a dit de ne pas perdre mon temps, car finalement les gens comme moi, à savoir les personnes de couleur, ne peuvent pas percer dans le domaine », confie l’avocate.

Une phrase qui a profondément marqué Me Elfriede Duclervil. Et pour cause, celle-ci a décidé de changer d’orientation.

Mais la filière économique qu’elle avait choisie par dépit ne lui convient pas. Celle-ci finit alors par se réorienter et revient à ses rêves de jeunesse. Le droit criminel s’impose alors comme la voie idéale pour elle.

Étudiante à l'Université de Montréal, elle suit les cours du juge François Doyon de la Cour d’appel du Québec. C’est la révélation.

« Sa passion pour le droit criminel m’a vraiment donné envie. Il nous a aussi vanté les mérites de l’aide juridique », confie l’avocate.

Sans grande hésitation, Me Elfriede Duclervil réalise son stage du Barreau au sein du centre communautaire juridique de Montréal. Et 20 ans plus tard, elle y est encore.

Valoriser les avocats de l’aide juridique

Cette mauvaise réputation que se coltinent les avocats de l’aide juridique, Me Elfriede Duclervil a décidé d’en faire un combat personnel « C’est souvent compliqué de faire comprendre que nous sommes de vrais avocats. Les gens ont l’impression que puisqu’ils ne payent pas pour un service, ils n’auront pas un service de qualité ».

La série documentaire À ma défense illustre bien cette idée. On assiste notamment à une scène où l’avocate se retrouve face à l’un de ses clients, Michel Cadotte, un Montréalais accusé d’avoir tué sa femme dans un centre de soins de longue durée.

Celui-ci reconnaît, qu’au départ, il pensait que les avocats de l’aide juridique n’étaient pas de bons avocats et finalement, il avoue qu’il n’aurait pas pu être mieux représenté.

« On change les perceptions petit à petit. J’espère qu’avec ce documentaire, les gens vont voir le dévouement de mes collègues. Je veux briser ce mythe », confie Me Elfriede Duclervil.

Mal considérés, les avocats de l’aide juridique sont également moins bien payés que leurs collègues du DPCP. Les syndicats d'avocats de l'aide juridique déclencheront donc, à nouveau, la grève pendant deux semaines au mois d’avril pour faire valoir leurs droits.

Plus récemment, c’est avec l’affaire Stéphanie Brossoit, une mère accusée d’avoir tué sa fille de 6 ans que Me Elfriede Duclervil a fait parler d’elle dans les médias.

Certains lui reprochent de défendre des crimes odieux. « En tant qu’avocat de la défense, on est là pour représenter les gens les plus démunis. On ne doit pas amener un jugement de valeur », rappelle l’avocate.

Celle-ci ne cesse de le marteler « Personne n’est indéfendable ».

S’illustrer sur le petit écran, Me Elfriede Duclervil continuera de le faire autant qu’elle le peut à l’avenir.

« Je suis encore émue en repensant à ce que m’a dit cette professeure plus jeune. Je veux que les personnes issues des minorités visibles aient des exemples positifs. Représenter les minorités à l’écran, c’est une extension de mon travail à l’aide juridique », conclut l’avocate.
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4 commentaires
  1. DSG
    les avocats de l’aide juridique sont également moins bien payés que leurs collègues du DPCP
    And it's the way it should be, in my opinion. Minimal legal aid services are necessary for the protection of due process and other fundamental rights. But giving them the same money as DPCP amounts to the government subsidizing criminal activity. She may have no qualms in defending the indefensible, but as a taxpayer I have qualms about paying the salaries of the people who try to get them back on the streets.

    • Julien Léveillé
      Julien Léveillé
      il y a un an
      Étudiant
      I respectfully disagree. Legal aid services are crucial for safeguarding rights and ensuring fair trials. Equal funding for legal aid does not mean subsidizing criminal activity, as these services aid individuals in various legal matters. Furthermore, many who need them cannot afford representation.

    • Julien Léveillé
      Julien Léveillé
      il y a un an
      Étudiant
      I must respectfully disagree. Legal aid services are crucial for safeguarding rights and ensuring fair trials. Equal funding for legal aid does not mean subsidizing criminal activity, as these services aid individuals in various legal matters. Furthermore, many who need them cannot afford representation.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a un an
      Elle ne plaide que des défense de nécessité ?
      "L’avocate a également défrayé la chronique en défendant des crimes"

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