Gérald Tremblay: il n'y a jamais eu de 3 pour cent à Union Montréal

La Presse Canadienne
2013-04-25 13:16:00

Mais selon le maire Tremblay, c'était impossible, parce que le parti "n'avait pas besoin de ça", qu'il avait un agent officiel, que celui-ci faisait rapport aux autorités compétentes et que tout était en règle, a-t-il résumé.
Quand la juge France Charbonneau lui a demandé sur quoi il se basait pour être aussi catégorique, surtout qu'il avouait ne s'être jamais occupé du financement, M. Tremblay a répondu qu'il se basait sur la confiance qu'il avait en l'intégrité de son agent officiel, Marc Deschamps.
Pas naïf ni aveugle
L'ex-maire a par ailleurs nié avoir fait de l'aveuglement volontaire devant les tractations qui avaient cours dans son entourage. "Je n'ai jamais fait d'aveuglement volontaire. Je ne suis pas naïf. Je ne suis pas une personne naïve. Je fais confiance", a-t-il corrigé.
La procureure chef de la commission, Me Sonia LeBel, lui a aussi demandé s'il se sentait responsable de ce qui arrive à la Ville de Montréal.
"Je suis imputable. Je suis responsable. Et j'ai admis que j'en assumais l'entière responsabilité. Si je me suis entouré de certaines personnes qui peuvent avoir trahi ma confiance, à ce moment-là j'en assume l'entière responsabilité. J'assume les choix que j'ai faits. Je suis entièrement responsable. Ce sont mes choix. Je ne blâme personne; c'est moi qui ai fait ces choix-là", a-t-il affirmé.
Ses débuts à la mairie
L'ex-maire de Montréal a relaté que c'est le politicien d'expérience Georges Bossé, représentant des maires de banlieues, qui lui a demandé de se lancer en politique municipale.
Il a accepté, étant extrêmement préoccupé par la situation financière précaire de Montréal. "Montréal était une ville techniquement en faillite", a-t-il relaté. Et comme il s'était spécialisé en redressement d'entreprises, avant de se lancer en politique provinciale, il était stimulé par le défi.
C'est aussi M. Bossé qui lui a suggéré de rencontrer Frank Zampino, qui allait plus tard devenir président du comité exécutif.
M. Tremblay affirme avoir choisi M. Zampino comme président parce qu'il était comptable de profession, qu'il avait bien géré sa ville de Saint-Léonard, et que cela lui serait utile, compte tenu de la précarité des finances montréalaises.
"J'allais là pour sauver la Ville de Montréal; la Ville était en péril", a-t-il lancé.
Pour sa première élection en 2001, il a fait campagne "dans un Winnebago" et s'était donné l'objectif de serrer "1000 mains par jour". Il a été élu.
"Je n'aurais jamais pu assumer la responsabilité de la mairie sans le concours de Frank Zampino et de Georges Bossé", a-t-il conclu. Eux avaient de l'expérience en politique municipale, pas lui, qui n'en avait qu'en politique provinciale, comme député et ministre.
Zampino
M. Tremblay a assuré que Frank Zampino ne l'a jamais mis au courant de ses liens d'amitié avec Rosaire Sauriol, vice-président de Dessau, et Tony Accurso, de Simard-Beaudry, Louisbourg et autres entreprises de construction _ un des principaux fournisseurs de la Ville. M. Zampino a admis ne jamais lui en avoir parlé.
Et s'il l'avait su? "Je l'aurais remplacé comme président du comité exécutif", a-t-il répondu à la juge Charbonneau.
"C'est une question de perception" et, en politique, les perceptions comptent beaucoup, a-t-il souligné.
Pour étayer ses dires, il a raconté que c'est justement pour une telle raison éthique qu'il a congédié l'ancien directeur général de la Ville, Robert Abdallah. Il avait reçu une information confidentielle voulant que M. Abdallah était "régulièrement" vu dans un restaurant du centre-ville avec l'entrepreneur Tony Accurso.
Il lui a donc annoncé sur-le-champ que son contrat venait de prendre fin, mais ne lui a jamais dit pourquoi.
M. Tremblay a appris par les médias que son bras droit, Frank Zampino, était allé sur le yacht de Tony Accurso. En colère, puisque ce voyage avait eu lieu en plein processus du contrat des compteurs d'eau, auquel une entreprise de M. Accurso s'intéressait, M. Tremblay n'a pas voulu lui parler.
C'est son directeur de cabinet qui s'est informé de la véracité de cette information auprès de M. Zampino.