Cloutier avoue avoir menti pour la maison de Charlevoix

La Presse Canadienne
2013-05-13 15:17:00

Il a tenté de se justifier en affirmant qu'il louait cette maison depuis près de 10 ans, qu'il avait même placé une pancarte "maison des Cloutier" devant la maison et qu'il avait raconté à plusieurs proches que cette maison était la sienne. Il s'est donc plus ou moins enlisé dans son mensonge, en le répétant aux enquêteurs de la Commission Charbonneau, à la procureure chef de la commission et en contre-interrogatoire, a-t-il expliqué.
"J'ai beaucoup de peine, de tristesse, puis de culpabilité concernant cette affirmation-là", a-t-il dit à la commission, l'air penaud.
La juge France Charbonneau est alors intervenue: "pourquoi vous avez menti sur un fait aussi anodin?"
C'était "par orgueil mal placé", a-t-il répondu.
"J'ai vécu l'enfer depuis jeudi passé suite à ces choses-là. Je m'excuse", a-t-il affirmé. En fait, les enquêteurs de la commission l'ont rencontré de nouveau, ce jeudi dernier, après son témoignage, pour le confronter avec le fait qu'il n'était pas propriétaire de cette maison, selon le registre municipal, contrairement à ce qu'il avait dit. C'est ensuite qu'il a changé sa version des faits.
Mais il a tenu à rassurer la commission, jurant que le reste de son témoignage était véridique. "J'ai révisé tout mon témoignage les trois jours passés et dans l'autre semaine, et tout ce que j'ai dit est vrai et je le jure encore aujourd'hui", a-t-il affirmé.
Contre-interrogatoire difficile
En contre-interrogatoire, l'avocate du Parti québécois, Me Estelle Tremblay, lui a fait dire qu'il avait non seulement menti sur le fait qu'il était locataire, et non propriétaire de cette résidence, mais également sur le fait qu'il l'avait achetée devant notaire, qu'il l'avait payée 200 000 $ et qu'il l'avait payée avec son propre argent.
Me Tremblay a tenté de démontrer que le cocktail de financement dans Prévost, en 2001, qu'il dit avoir organisé pour la députée péquiste Lucie Papineau, et auquel le ministre Guy Chevrette avait participé, n'avait jamais eu lieu. M. Cloutier a dit avoir recueilli 15 000 $ à cette occasion, à raison de 1000 $ réclamés à 15 participants.
Mais Me Tremblay a fait savoir que selon le relevé transmis au Directeur général des élections, une telle somme n'avait pas été amassée.
Le témoin a maintenu sa version des faits, assurant que les entrepreneurs invités avaient bel et bien payé 1000 $, certains en argent comptant, certains par chèque, pour pouvoir s'adresser à M. Chevrette, alors ministre des Transports.
Me Tremblay a aussi émis des doutes quant à la vraisemblance de son témoignage sur le fait qu'un ami de Guy Chevrette, Gilles Beaulieu, lui aurait demandé 100 000 $ pour pouvoir avoir accès au bureau de M. Chevrette, dans le cadre du contrat de la route 125 à Saint-Donat. Il avait précisé avoir payé une première tranche de 25 000 $.
"Trouvez-vous vraisemblable que Roche ait payé 25 000 $ à Gilles Beaulieu plusieurs mois, neuf mois au moins, après que Roche ait obtenu la job et l'ait même exécutée?" lui a demandé Me Tremblay.
Mais le témoin s'est dit confus avec les dates.
Contre-interrogé par l'avocat de l'Association des constructeurs de routes et grands travaux, Me Denis Houle, M. Cloutier a également indiqué avoir déjà rencontré l'ancien chef de l'Unité anticollusion et actuel député de la Coalition avenir Québec, Jacques Duchesneau. Il l'a rencontré après sa défaite à la mairie de Montréal en 1998. Trois couples ont soupé ensemble à la maison du candidat Germain Prégent, à Saint-Henri, sur la Rive-Sud de Montréal, a-t-il rapporté.
"Il parlait de se représenter. Je lui ai expliqué toutes sortes d'affaires, de quelle façon j'organisais des élections. Il était prêt à me prendre pour la prochaine élection. Mais il a changé d'idée avec le temps", a rapporté M. Cloutier. Il n'a pas précisé si son "il" faisait référence à M. Prégent ou à M. Duchesneau.