Trio de réactions à l’affaire Turcotte

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Emeline Magnier

2013-11-13 15:45:00

Alors que la Cour d'appel du Québec vient d’infirmer le verdict de non-responsabilité criminelle dans l’affaire Guy Turcotte, trois criminalistes livrent leurs commentaires à Droit-inc…

Me Félix Antoine T. Doyon du cabinet Doyon Avocats à Québec.
Me Félix Antoine T. Doyon du cabinet Doyon Avocats à Québec.
«En tant que juriste mais aussi et surtout être humain, j’étais mal à l’aise avec le premier verdict», indique Me Félix Antoine T. Doyon, qui pratique au sein du cabinet Doyon Avocats à Québec.

Pour l’avocat, force est d’admettre que le juge de première instance a donné des directives erronées au jury lors du procès.

Il explique que le jugement rendu en première instance a également changé beaucoup de choses dans la pratique des avocats criminalistes.

«Je me suis souvent fait dire par mes clients: pourquoi Turcotte qui a tué ses enfants s’en est tiré, alors que moi je risque la prison pour un vol à l’étalage?», raconte-t-il.

La Cour d’appel a d’après lui contribué à restaurer le sentiment de justice dans l’esprit des citoyens, qui avait profondément été ébranlé suite au verdict de non-responsabilité criminelle.

«Si ça se finit comme je le crois, ça va remettre les choses dans l’ordre», conclut-il.

«Le juge va marcher sur des oeufs»

Me Luc Simard du cabinet Cormier-Simard.
Me Luc Simard du cabinet Cormier-Simard.
Me Luc Simard n’est quant à lui pas surpris par la décision de la Cour d’appel.

«Il y a eu beaucoup de pression sur les jurés, et cette affaire a eu un fort impact du fait de sa gravité, du cadre émotif», a déclaré l’avocat, qui exerce au cabinet Cormier-Simard.

Pour lui, la vraie question qui se pose à présent, c’est de savoir dans quelle ambiance aura lieu le prochain procès.

«Il va être difficile de trouver dix jurés impartiaux sur cette affaire. Et ces jurés vont avoir peur d’arriver au même résultat que celui du précédent procès», analyse Me Simard.

«La défense va sans doute dire qu’elle ne peut pas avoir un procès équitable. Le juge va marcher sur des oeufs avec cette affaire, tellement compliquée...» Les solutions? Il faudrait en premier lieu des règles extrêmement rigoureuses sur la sélection des jurés.

Et selon Me Simard, la Cour va sans doute essayer de favoriser des rencontres avec les avocats des deux parties, pour trouver une entente.

«Ça va faire jurisprudence»

Me Robert La Haye, avocat à Montréal.
Me Robert La Haye, avocat à Montréal.
«Ce qu’on peut dire, c’est que ça va faire jurisprudence», considère Me Robert La Haye, avocat à Montréal.

Cette décision clarifie selon lui les zones grises existantes entre l’intoxication et les troubles mentaux.

«Tout ce qui touche à l’intoxication volontaire ne peut pas servir de défense sur une accusation de meurtre», explique l’avocat.

Il précise qu’il est du fardeau de l’accusé de prouver que son geste est causé par des troubles mentaux à l’état pur.

D’après lui, la tenue d’un nouveau procès n’interviendra pas avant six mois, alors qu’il faut déjà organiser la conférence de gestion.

Si 99% de la population a entendu parler de l’affaire et s’est faite une idée extrajudiciaire du dossier, Me La Haye considère que si les membres du jury sont capables de faire abstraction de ce qui s’est dit et de s’en remettre à la preuve, alors ils pourront être choisis.
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