Pierre Arcand

Femme et associée, c’est possible ?

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Pierre Arcand

2019-07-17 10:15:00

Membre d’un grand bureau, une avocate n’a pas reçu de proposition d’association de son cabinet et se demande si être associée est encore possible pour une femme. Pierre Arcand lui répond...

Pierre Arcand, recruteur juridique.
Pierre Arcand, recruteur juridique.
Question:

Bonjour,

Je suis avocate dans un cabinet national et je n’ai pas été invitée à joindre la société cette année et on ne m’a rien promis pour le futur. Comme il y a peu de femmes associées au sein du bureau, je me dis que le cabinet n’envisage probablement pas de me nommer. Je me demande s’il y a des cabinets dans lesquels les femmes sont mieux perçues ?

Réponse:

Chère lectrice,

Je commencerai par vous souligner que votre non-invitation au statut d’associé n’a peut être aucun lien avec le fait d’être une femme. Tout comme le fait qu’il y ait peu d’avocates associées au sein de votre cabinet peut s’expliquer de plusieurs façons.

Ceci étant dit, je suis conscient que la pleine égalité en matière d’emploi dans le domaine juridique ne soit pas encore atteinte, mais je crois qu’on s’en approche tranquillement.

Pourquoi ne faut-il pas sauter immédiatement aux conclusions de nature sexiste ? Parce que les cabinets n’ont plus comme seul critère d’accession à l’association le fait d’avoir plus ou moins huit années d’expérience.

Aujourd’hui, il faut que le (la) jeune avocat(e) démontre qu’il ou elle pourra développer une clientèle ou entretenir celle du cabinet en plus d’exceller en droit. Il s’agit de critères assez subjectifs et par conséquent, qui sont source de frustration pour plusieurs.

Sachez que vous n’êtes pas la seule à vous retrouver dans une situation où vous voyez le statut d’associé s’éloigner plutôt que l’inverse et ce, autant pour des hommes que pour des femmes. Lorsque vous avez débuté votre stage, la règle non écrite était qu’après sept ou huit années de loyaux et épuisants services, on vous offrirait d’accéder au Saint-Graal de la profession. Vous avez investi vos énergies et vos week-ends dans le projet mais les temps ont changé tout comme ladite règle et ce, autant pour vos collègues masculins que pour vous.

Existe-t-il une solution ? Premièrement, il faut aller aux sources afin de savoir où vous vous situez dans l’organigramme futur de vos supérieurs. Peut-être que votre analyse est complètement erronée et qu’ils envisagent de vous inviter l’an prochain. Si ce n’est pas le cas, vous aurez la chance d’obtenir des indications sur ce que vous devriez améliorer ou encore ce qu’on vous reproche.

S’il n’y a rien que vous puissiez faire et que les dès sont déjà jetés, vous devrez vous poser les questions suivantes : est-ce que c’est si important pour moi de devenir associée ? Que voulez-vous réellement ? Qu’est-ce qui vous rend heureuse dans la vie ?

Vous devrez sortir votre nez de votre feuille de temps ou de vos dossiers et regarder un peu plus dans le miroir. Peut-être que cette réflexion vous amènera à revoir vos objectifs de carrière auquel cas vous constaterez que le statut d’associé n’est pas le seul objectif possible.

Dans le cas contraire, dites-vous qu’il vous faudra encore attendre quelques années. Dans votre cabinet, ça prendra un certain temps pour convaincre les décideurs de changer d’avis à votre sujet et dans un autre cabinet, ils vous demanderont de faire vos preuves avant de joindre officiellement leurs rangs. Il n’y a malheureusement pas de solution miracle.

Je ne réponds pas précisément à votre question parce que j’aimerais vous inciter à la mettre de côté. Je ne crois pas que rechercher un cabinet dans lequel les femmes seraient mieux perçues soit la solution au problème que vous vivez. Je crois que rechercher, dans l’éventualité ou vous changeriez de cabinet, un bureau qui valorise vos compétences et aptitudes serait peut-être une meilleure piste de départ. Les points forts des femmes sont habituellement différents de ceux des hommes… bonnet blanc, blanc bonnet… oui, mais c’est quand même la réalité.

J’aime mieux parler des valeurs véhiculées par les cabinets que de parler d’un contrôle de la gente masculine…. Peut-être parce que j’en fais partie ou parce que lorsque j’étais associé d’un cabinet, je n’ai jamais entendu de commentaire à l’effet que mes consœurs étaient ou se sentaient moins bien traitées. Probablement un peu des deux.

Je termine en vous souhaitant d’atteindre vos objectifs et je me permets de vous souligner que si vous êtes nommée un jour associée d’un cabinet, ce sera le moment de mettre l’épaule à la roue et de faire avancer la cause des femmes. Il est beaucoup plus facile de faire changer les choses lorsqu’on revendique pour autrui que pour soi-même.

Bonne semaine

La Question au Recruteur

Chaque semaine, le recruteur juridique Pierre Arcand répond à une question posée par vous, chers lecteurs.

La Question au Recruteur de la semaine est choisie parmi toutes celles reçues sur le site. Toutes les questions sont bonnes pour autant qu’elles concernent votre carrière de juriste.


Sur l'auteur

Pierre Arcand s'est spécialisé en recrutement juridique après avoir pratiqué le droit pendant une douzaine d'années. Ayant été associé au sein de cabinets boutiques ainsi que d'un important cabinet de Montréal, il connaît bien la communauté juridique et les enjeux reliés à la pratique du droit tant en cabinet qu'en entreprise. Arcand et Associés, une entreprise spécialisée dans le recrutement de cadres et de professionnels, a été fondée en 1999. Pierre Arcand et son équipe apporte un soutien professionnel tant aux entreprises qu'aux cabinets qui cherchent à recruter les meilleurs candidats disponibles.
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