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Les avocats reflètent-ils la diversité québécoise ?

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Delphine Jung

2017-05-18 13:59:00

Les avocats sont de plus en plus diversifiés, révèle un rapport du Barreau. Mais est-ce suffisant ?

Le dernier rapport du Barreau, Sous la loupe de la diversité 2017, a été publié cette semaine. Il révèle que les minorités ethniques, les LGBT et les autochtones sont plus représentés d’années en années.

Depuis 2008, le Barreau recense les groupes issus de la diversité parmi ses membres.

Tous les chiffres ont été recueillis via un formulaire dans lequel chaque membre a pu s’auto-identifier comme appartenant à l’un des quatre groupes : LGBT, personnes handicapées, autochtones et membres de groupes ethnoculturels.

Sur les 26 512 membres, 1,7 % d’entre eux se désignent comme appartenant à la communauté LGBT, 0,5% s’inscrivent dans la liste des personnes handicapées, 0,5 % dans celle des Premières nations et 7,4% de différents groupes ethnoculturels.

Ces chiffres sont en augmentation par rapport à 2008. On recensait à l’époque 0,4% de personnes handicapées, 0,3% d’autochtones et 3,1% appartenant à un groupe ethnoculturel.

L'ex-bâtonnière Me Johanne Brodeur
L'ex-bâtonnière Me Johanne Brodeur
Impossible d’avoir un chiffre comparatif pour la communauté LGBT puisqu’elle n’était pas prise en compte en 2008. « Elle ne faisait pas partie des préoccupations du Barreau à l’époque. Cela a changé avec la bâtonnière, Me Johanne Brodeur, puis avec Me Bernard Synnott, qui a mis en place le Comité LGBT en 2015 », explique Me Louis R. Charron, président dudit comité.

Il tient cependant à remettre les pendules à l’heure et relativiser ces chiffres : « ces données ne sont pas suffisantes car elles se basent sur la réponse des membres qui veulent bien répondre au questionnaire. Tout le monde s’accorde à dire qu’il y a plutôt 10% d’avocats LGBT au Québec ».

Les jeunes se sentent plus acceptés

Quelques statistiques sont tout de même à mettre en avant. Parmi les avocats de 65 ans et plus, très peu sont ceux qui s’identifient volontairement à l’un de ces groupes désignés, soit à peine 4%, toutes réponses confondues.

« On remarque par ailleurs que ce sont surtout les jeunes qui affirment leur appartenance à la communauté LGBT, principalement car ils ont moins grandi dans un climat de discrimination. Ils se sentent plus acceptés », poursuit le président.

Aussi, parmi les avocats exerçants en pratique privée, il est à noter que les personnes handicapées sont celles qui décident le plus de travailler à leur compte. En effet, 68% d’entre eux se lancent en solo. La proportion est aussi très forte chez les Premières nations, où 65% d’entre eux sont leur propre patron. Des chiffres à mettre en perspective avec celui de l’ensemble des membres : 48%.

La communauté LGBT et les personnes handicapées sont également bien représentées dans la fonction publique et parapublic : respectivement 29% et 32%, contre 22% pour l’ensemble des membres.

Objectif: 1% d’avocats autochtones

Me Katerina Vincent, issue de la communauté de Wendake explique la faible représentation des autochtones : « l’accès aux études post-secondaires est très difficile pour les Premières nations car la plupart des communautés sont très isolées géographiquement. Il faut ensuite que l’étudiant quitte sa famille, sa culture. Il y a aussi parfois la barrière de la langue ». Il est bon selon elle de rapporter ce chiffre à la population totale : « il y a 1% d’autochtones au Québec. Ce serait bien d’arriver à 1% d’avocats autochtones. »

Me Vincent est plutôt optimiste et remarque que le droit autochtone progresse : « c’est dans ce domaine qu’exerce une grande partie des avocats issus des Premières nations. C’est une bonne nouvelle car on a besoin de faire avancer nos droits et d’améliorer nos conditions de vie ».

Moins d’associés sur les minorités

Me Extra Junior Laguerre, avocat d'origine haïtienne
Me Extra Junior Laguerre, avocat d'origine haïtienne
Du côté des minorités, Me Extra Junior Laguerre, lui-même d’origine haïtienne, se dit « très heureux de voir que leur proportion est en constante augmentation dans la profession, car cela reflète de plus en plus la diversité de la population québécoise ».

Mais il reste encore des choses à faire, notamment par rapport aux salaires, ainsi qu’à l’accès aux postes d’associés d’après lui. En effet, alors que 19% des membres sont associés d’après les chiffres du rapport du Barreau, 10% des avocats issus des minorités ont accédé à ce statut. C’est moins que les personnes handicapées, les LGBT et les autochtones.

Pour lire le rapport, cliquez ici.
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