Laflèche

J'adore New-York, j'adore le sport !

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Isabelle Laflèche

2010-08-23 13:15:00

En août, une fois par semaine, suivez les aventures de Catherine, jeune avocate née de l’imagination de la romancière Isabelle Laflèche, qui se retrouve dans un grand cabinet new-yorkais. Quatrième extrait...

Pour évacuer le stress relié à la pratique privée, une session au gym s'impose avant un weekend à la plage:

Grande sportive, je me présente au Reebok Sports Club de l’Upper West Side, équipée de talons de dix centimètres, robe ajustée et collier de perles.

J’ai l’impression d’atterrir sur une autre planète : le mélange de sueur, de grognements, d’étirement de muscles et de phéromones en suspension dans l’air me donne le vertige.

Je prends une chaise, et deux hommes marchent devant moi dans le Spandex le plus moulant que j’aie jamais vu, avec d’énormes pectoraux saillants.

L’un d’eux me fixe d’un air lascif.

« Nouvelle ici ? »

« Euh, on dirait, oui. »

« À plus. »

Il me fait un clin d’oeil.

Qu’est-ce que je fais ici ?

Je ne veux qu’une chose : retourner au cabinet en courant et me cacher sous mon bureau.

Je devrais peut-être laisser tomber la gym et plutôt opter pour un espresso et un croque-monsieur au Café du club ?

Je sors mon BlackBerry pour le consulter mais, au même moment, un grand blond portant un pantalon de yoga très ajusté et un tricot noir à encolure en V se présente à la réception.

« Catherine ? »

« Angel ? »

« Ravi de te rencontrer, ma belle. »

Il m’embrasse deux fois.

« Les amis de Rikash sont mes amis. »

« Il t’a dit que je n’avais pas de vêtements d’entraînement? »

« Pas de problème, ma biche, je t’en ai laissé au vestiaire des dames. Voici la clé. On se revoit ici dans cinq minutes. »

"J'adore New-York"
Je me change dans du Lycra et des souliers de sport futuristes, et retourne à la salle d’attente.

Il examine ma silhouette durant plusieurs minutes.

Je me sens comme une génisse à l’exposition agricole.

« Bon, j’ai identifié les zones problématiques. »

Les zones problématiques ?

Ouille, d’une certaine façon, je sens déjà la douleur qu’il s’apprête à infliger à mon corps.

Le sauna me semble plutôt tentant, à présent.

Avec un regard de pitié, Angel se dandine vers moi, me prend par le bras, tout en m’asphyxiant presque avec l’odeur de son Acqua Di Giò.

« Allons, ma belle, pas de temps à perdre. Tu as besoin d’un entraînement sérieux. »

Nous entrons dans une pièce aquarium garnie d’équipements ultramodernes, et je pense à un film de James Bond.

Catherine Deneuve a déjà dit qu’en vieillissant une femme devait choisir d’entretenir ou son visage ou son derrière.

D’après ce qui m’attend, j’aimerais mieux sauver la face ; les soins du visage sont bien moins redoutables.

« Commençons par une séance de Pilates. »

Il pointe un appareil qui paraît sortir d’une salle de torture chinoise.

« C’est un réformateur. Il va renforcer tes muscles essentiels et traiter tout le corps plutôt que seulement certaines parties. »

Je hoche la tête avec appréhension. En voyant cette machine, je m’attends à sortir du gym en pièces détachées.

Je grimpe, et Angel me fait faire des exercices de résistance jusqu’à ce que je devienne bleue.

Au bout de quinze minutes, j’essaie de me défiler en invoquant le travail.

« Angel, il faut que j’aille au vestiaire pour consulter mes courriels. Je travaille à une importante transaction, et… »

Il secoue la tête et n’en croit rien.

« Avec moi, pas question. Allons, ma chouette, donne-moi vingt minutes de plus. Il faut brûler les calories de cette cuisine française. »

Il démarre son chronomètre et se croise les bras comme un sergent instructeur.

(…)

Une fois hors de la salle de torture, il me fait sauter à la corde pendant vingt minutes.

Je veux lui dire que je sens venir une crise cardiaque, mais je n’ai plus assez d’air dans les poumons.

« D’accord, maintenant, on va faire des exercices avec les ballons de mise en forme. »

Il va chercher un énorme ballon rouge, et me fait marcher accroupie tout en tenant le ballon au-dessus de ma tête.

« C’est bon pour les fesses, continue au moins quinze minutes. »

Je fais le tour de la pièce, j’ai l’air d’un pingouin arriéré, et je me sens complètement ridicule.

Pour empirer les choses, M. Muscles m’examine à travers la vitre, alors que la sueur dégouline sur mon visage et que je m’inquiète de tout le travail qui m’attend au bureau.

Après une heure et demie d’intense transpiration et de souffrance, je lance la serviette.

« Angel, ce fut un véritable plaisir, mais je dois me sauver. Merci beaucoup pour tout. Je me sens revitalisée. »

« Bonne chance dans les Hamptons. » Il me tapote le dos. « Rikash m’a parlé de ton week-end. »

« Merci. »

(…)

« Au revoir, à bientôt ! »

Il a autant de chances de me revoir que moi de boire du vin rouge à même une boîte de carton.

Note :Traduction en français au Canada Droits réservé © 2010 Éditions Québec Amérique inc.
Copyright © 2010 Isabelle Laflèche
Édition originale en anglais publiée par HarperCollins Publishers Ltd
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8 commentaires

  1. Me
    Me
    >>>> J’ai l’impression d’atterrir sur une autre planète : le mélange de sueur, de grognements, d’étirement de muscles et de phéromones en suspension dans l’air me donne le vertige.

    Intéressant.
    T'as fini ton école secondaire.
    T'as fini ton collège.
    T'as fini ton bacc.
    T'as passé ton barreau.
    Tu travailles.
    Et c'est une surprise de constater l'atmosphère d'un gym? C'est la première fois? Ça travaille dans un grand cabinet newyorkais et ça manque à ce point de culture générale?

  2. Me
    Me
    >>>> Je prends une chaise, et deux hommes marchent devant moi dans le Spandex le plus moulant que j’aie jamais vu, avec d’énormes pectoraux saillants.

    Ça serait étonnant. Même dans les clubs les plus cheap, on ne se repose pas devant la réception, à ce que je sache. Il aurait été préférable que l'auteure visite quelques gyms avant de fantasmer.

  3. Me
    Me
    C'est vraiment poche comme littérature.

  4. Anonyme
    Anonyme
    il y a 13 ans
    zzzzzzzzzzzzz
    b o r i n g.

  5. Bruno B.
    Bruno B.
    il y a 13 ans
    Bruno B.
    Même moi je ne suis pas inspiré.

  6. Schloups
    Schloups
    il y a 13 ans
    Re : Me
    > C'est vraiment poche comme littérature.

    C’est que je commence à le trouver sympathique ce Me…

  7. Anonyme
    Anonyme
    il y a 13 ans
    Harlequin juridique
    Mièvre. Comme l'est probablement un Harlequin.

  8. Pumped lawyer
    Pumped lawyer
    il y a 13 ans
    Pumped lawyer
    Si l'avocate en question ressemble à Me Laflèche, je me ferais un plaisir de contracter mes pectoraux afin qu'elle se sente accueillie dans mon gym.

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