DSK est libre !

"C'est la fin d'une épreuve terrible et injuste", a réagi l'ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI), évoquant un "cauchemar" et disant sa "hâte" de rentrer en France.

Un tribunal d'appel a plus tard rejeté la demande de désignation d'un procureur spécial, déposée par l'avocat de l'accusatrice de DSK. Cela a permis au juge d'ordonner officiellement l'abandon des accusations qui pesaient contre M. Strauss-Kahn.

Le juge a suivi les procureurs qui demandaient l'abandon des sept chefs d'accusation retenus contre Dominique Strauss-Kahn, dont ceux d'agression sexuelle, tentative de viol, séquestration et attouchements forcés, en raison des mensonges et contradictions de l'accusatrice, témoin principal de l'accusation.

Arrêté le 14 mai à l'aéroport de New York alors qu'il se trouvait dans un avion pour Paris, l'ex-ministre français de l'Économie a toujours protesté de son innocence et plaidé non coupable. Brièvement emprisonné puis assigné à résidence contre le paiement d'une importante caution, il a été remis en liberté le 1er juillet après la révélation de premières incohérences dans le témoignage de la victime présumée, mais avec interdiction de quitter le territoire américain.

"C'est la fin d'une épreuve terrible et injuste. J'ai hâte de rentrer dans mon pays mais j'ai encore quelques petites choses à faire avant de pouvoir partir", a déclaré Dominique Strauss-Kahn en français à la presse mardi après l'audience, une fois revenu devant le logement où il a passé une bonne partie de l'été. "Ces deux mois et demi ont été un cauchemar pour ma famille et moi", a-t-il ajouté, en anglais cette fois.

"Je suis soulagé pour ma femme, mes enfants, mes amis, tous ceux qui m'ont soutenu dans cette période en envoyant aussi des lettres, des courriels. Il faut qu'ils sachent que leur soutien a été très important", a insisté DSK. "Je m'exprimerai plus longuement quand je serai de retour en France", a-t-il conclu.

Si le volet pénal de l'affaire se referme, DSK n'en a pas fini avec la justice car la femme de chambre, Nafissatou Diallo, maintient ses accusations et a porté plainte au civil le 8 août pour obtenir réparation financière. la présence de l'ex-patron du FMI au procès n'est pas nécessaire.

À leur arrivée au tribunal mardi, Dominique Strauss-Kahn et Anne Sinclair ont été accueillis par des manifestants, certains brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "DSK traite les femmes comme sa propriété" ou "Un procès pour le violeur, pas pour la victime". Mais le couple est ressorti souriant.

Durant la brève audience devant la Cour suprême de l'État de New York à Manhattan, la procureure de district adjointe Joan Illuzzi-Orbon a demandé l'abandon de toutes les charges, comme le procureur Cyrus Vance fils l'avait déjà annoncé à Mme Diallo la veille. "Notre capacité à croire la plaignante au-delà d'un doute raisonnable fait qu'en toute bonne foi nous ne pourrions pas demander à un jury de le faire" lors d'un procès, a expliqué Mme Illuzzi-Orbon.

Nafissatou Diallo n'assistait pas à l'audience mais son avocat, Me Kenneth Thompson, a estimé à la sortie que sa cliente avait été abandonnée. "Aucun homme, quels que soient son pouvoir, son argent et son influence, n'a le droit d'agresser sexuellement une femme", a-t-il dit. "Nous sommes déçus que le procureur Vance ne croie apparemment pas à l'égalité devant la justice et qu'il ait privé une femme innocente d'un procès", a-t-il lancé.

Nafissatou Diallo, réfugiée guinéenne de 33 ans, affirme que Dominique Strauss-Kahn a tenté de la violer et l'a contrainte à une fellation alors qu'elle venait nettoyer sa chambre le 14 mai. Les avocats de DSK maintiennent qu'aucun des éléments avancés par l'accusation, y compris le sperme prélevé sur l'uniforme de la femme de chambre, ne prouve l'existence d'un rapport sexuel non consenti.

Depuis son arrestation, Dominique Strauss-Kahn, 62 ans, a dû démissionner de son poste au FMI et renoncer à ses ambitions présidentielles en France. Les sondages le donnaient pour favori de la primaire de désignation du candidat du Parti socialiste.

Ségolène Royal, également candidate à la primaire du PS, a estimé que ces derniers développements soulignaient "un grave problème de précipitation de la procédure initiale" et rappelaient "le caractère très précieux de la présomption d'innocence".

Par ailleurs, une autre affaire DSK est désormais en cours en France. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire après la plainte déposée par l'écrivain et journaliste Tristane Banon, qui accuse l'ancien ministre de l'Économie d'avoir tenté de la violer à Paris en 2002.