Gilles Cloutier menacé par un motard

L'ex-organisateur politique a été interrogé mardi en début d'après-midi par l'avocate du Parti québécois sur la transaction qu'il a réalisée avec Denis Houle, un proche de Maurice «Mom Boucher», révélée en Une du «Journal de Montréal» mardi matin.

Le membre des Hells Angels et Gilles Cloutier ont en effet troqué leur maison de Blainville l'une contre l'autre en 2000. Le témoin a cependant juré à la juge Charbonneau qu'il ne savait pas qui était Denis Houle à l'époque et qu'il lui avait été présenté par un ami courtier immobilier.

Ce n'est qu'en visitant une autre résidence du motard peu avant de conclure l'échange, qu'il a aperçu «un paquet de bicycles» dans le garage, et une photo de M. Houle au-dessus d'une cheminée avec l'inscription «Nomade, numéro 17». Il a alors compris à qui il avait à faire.

Gilles Cloutier aurait immédiatement voulu faire machine arrière en proposant de rendre la balance de 105 000 $ en argent comptant que M.
Houle lui avait versée, équivalente à la différence de prix entre leurs deux maisons.

Mais la transaction était déjà bien avancée et il n'était visiblement pas question pour le membre des Hells Angels de l'annuler.

«Je te redonne tout et je ne veux plus rien savoir, lui aurait dit Gilles Cloutier. Il était bien choqué, il avait de l'écume dans la bouche. C'est sûr que j'avais peur. Mais j'ai continué à dire que je ne voulais plus.»

C'est alors que Denis Houle aurait sorti un révolver. «Si tu ne viens pas chez le notaire, tu vas avoir des problèmes avec nous autres», lui aurait dit le motard. Paniqué, l'ex-organisateur politique s'est exécuté.

Après avoir remis la maison de Denis Houle à neuf, il y a habité cinq à six mois, puis l'a revendue. «Il y avait de gros problèmes électriques, d'après moi il faisait (pousser) du pot», a-t-il confié.

Cloutier perdu dans ses routes

Mardi matin, son témoignage s'est transformé en un véritable casse-tête à propos du pot-de-vin que l'ex-organisateur politique aurait versé à Gilles Beaulieu, l'ami de l'ancien ministre péquiste Guy Chevrette.

Peu avant la pause de la mi-journée, la commission a visionné l'extrait d'une entrevue de M. Cloutier réalisée par Radio-Canada au printemps 2012.
Il y explique à la journaliste Marie-Maude Denis qu'il a versé 25 000 $ à Gilles Beaulieu pour que l'ex-ministre Guy Chevrette fasse en sorte que Roche gagne le contrat de réfection de la route 125 à Sainte-Julienne, de 3,5 millions $.

Or, devant la commission il y a deux semaines, le témoin avait affirmé avoir versé 25 000 $ à M. Beaulieu pour que Roche se positionne auprès de l'ancien ministre des Transports afin d'obtenir le contrat de la route de Saint-Donat, de 21 millions $.

Interrogé par l'avocate du Parti québécois, Me Estelle Tremblay, sur la divergence des routes qu'il a citées, Gilles Cloutier s'est noyé dans ses explications. Et c'est finalement le commissaire Renaud Lachance qui a tenté de clarifier la situation.

Gilles Cloutier a bien passé une entente de 100 000 $ avec Gilles Beaulieu pour la route de Saint-Donat et lui a versé en mains propres une première tranche de 25 000 $. Il aurait également eu l'intention de donner un autre 25 000 $, cette fois-ci pour la route 125, mais ce versement n'aurait finalement jamais eu lieu.

«C'est exact», a acquiescé le témoin, laissant tout de même planer le doute sur le fin mot de l'histoire.

La juge Charbonneau devait rendre en fin de journée mardi sa décision à savoir si les avocats de Guy Chevrette et Gilles Beaulieu pourront contre-interroger M. Cloutier, et si Guy Chevrette viendra ou non témoigner à la barre.