La perspective unique de la première Autochtone à la Cour suprême
Radio -canada
2022-10-26 13:15:00
« Nous étions ici il y a des milliers d’années. C'est vraiment important que nous ayons une voix au Canada », a déclaré la juge O’Bonsawin dans une entrevue aux Coulisses du pouvoir.
La juriste apporte aussi le point de vue unique d’une Franco-Ontarienne issue de la communauté abénaquise d’Odanak.
Celle qui rêvait de faire partie du cénacle juridique canadien dit avoir été surprise en recevant l’appel du bureau du premier ministre. « Tu l’espères! Tu le souhaites! C'est un numéro que je ne reconnaissais pas. J'ai pris l'appel. [...] J'étais super excitée. »
La juge de 48 ans a cependant dû essuyer les critiques de ceux qui trouvaient que ses cinq années à la Cour supérieure de l’Ontario n’en faisaient pas une candidate assez expérimentée.
À ce sujet, elle a suivi les conseils de son mentor, l’ancien juge manitobain et président de la Commission de vérité et réconciliation.
« L'honorable Murray Sinclair m'avait dit : « Michelle, il va y avoir des critiques. C'est normal, ça arrive à tout moment. Ne lis pas toutes les critiques. » J'ai suivi son conseil. »
La juge O’Bonsawin se familiarise maintenant avec la dynamique de la Cour suprême. Elle croit qu’elle pourra y mettre à profit son expertise en santé mentale et ses connaissances en ce qui a trait à l’affaire Gladue.
Ce jugement rendu par le plus haut tribunal du pays en 1999 avisait les cours inférieures de tenir compte des facteurs systémiques et des origines d’un contrevenant autochtone au moment de la détermination de la peine.
D’ailleurs, elle souhaite sensibiliser la population et les juristes au taux élevé d'Autochtones dans les prisons fédérales. Une étude rendue publique en décembre dernier par l’enquêteur correctionnel du Canada révélait que les Autochtones représentent 32 % des détenus dans les centres de détention fédéraux, alors qu’ils ne constituent que 5 % de la population canadienne.
Accueil chaleureux
Il va sans dire que la nomination de Mme O’Bonsawin fait la joie de sa communauté d’Odanak. Le chef Richard O’Bomsawin a assisté à son assermentation. La juge a aussi été touchée par l’accueil de ses pairs lors de son passage à la réunion de l’Association du barreau autochtone.
« J'ai ressenti [...] la fierté de tous les avocats et les juristes qui font partie de cette association. C'était vraiment quelque chose. Un accueil chaleureux. »
Fière franco-ontarienne
La juge est par ailleurs fière de ses racines franco-ontariennes. Elle a grandi à Hanmer, une municipalité de 6000 habitants. Elle a étudié en français et le parle à la maison avec son conjoint et ses enfants.
« J'ai toujours cru que le bilinguisme était très important. D'être capable de s'exprimer dans la langue de son choix, en français ou en anglais, qui sont les langues officielles du Canada. Moi, ça m'a aidée tout au long de ma carrière. »
Michelle O’Bonsawin pourra exercer à la Cour suprême du Canada jusqu’à ce qu’elle atteigne l’âge de la retraite, fixé à 75 ans. Son premier défi, dit-elle, sera de s’adapter au rythme de la cour.
« Il faut que je sois patiente », dit-elle. « Une décision que j'aurais prise en quelques mois à la Cour supérieure, ici, à la Cour suprême, ça peut prendre jusqu'à un an. C'est quand même quelque chose d’unique qu'on ne voit pas nécessairement dans les autres tribunaux. »
Anonyme
il y a un anFemme + autochtone + francophone hors-québec !
On jugera cette injection de wokisme à ses fruits...