Lac-Mégantic: la date du procès n’est toujours pas fixée
Agence Qmi
2015-12-01 14:45:00
Sans avocat pour le représenter, Jean Demaître s'est finalement trouvé un procureur.
Me Christiane Filteau vient tout juste d'entrer au dossier, elle a besoin de quelques mois pour prendre connaissance de la preuve.
«C'est un dossier extrêmement technique. La preuve est constituée de 76 000 fichiers électroniques, vidéo et audio, de conversations et de déclarations. Le tout est dans les deux langues, en anglais et en français. J'ai beaucoup d'informations à assimiler en même temps», a-t-elle dit.
Pour une rare fois, Jean Demaître était présent en cour, alors que Tom Harding avait l'habitude de s'y présenter.
Seul Richard Labrie était absent.
Les avocats de défense ont annoncé qu'ils auront plusieurs requêtes préliminaires à présenter, ce qui risque de retarder les procédures.
L'ingénieur de train Tom Harding, le contrôleur ferroviaire Richard Labrie et le directeur des opérations Jean Demaître, ainsi que leur ex-employeur, la compagnie de chemin de fer Montréal Maine et Atlantic (MMA), sont accusés de négligence criminelle causant la mort de 47 personnes.
Labrie, Demaître et la compagnie ont l'intention de demander que le procès se tienne ailleurs qu'à Lac-Mégantic. «Il y a des limites à ce qu'on peut exiger de l'âme humaine. Les gens ont vécu un terrible drame ici, la sélection d'un jury serait d'autant plus compliquée. Trouver des personnes suffisamment sereines avec un détachement émotif serait ardue comme tâche. Il serait aussi inhumain à mon sens de les replonger dans cette horrible tragédie», a insisté Me Filteau.
Me Thomas Walsh a de son côté l'intention de demander un procès séparé pour son client, l'ingénieur de train Tom Harding. Il tient à ce que son client soit jugé à Lac-Mégantic, là où les événements sont survenus et où, surtout, M. Harding semble bénéficié d'une forme de capital de sympathie. Me Walsh a aussi l'intention de contester l'acte d'accusation privilégiée.
Le printemps dernier, une accusation directe a été signifiée aux accusés, les citant directement à leur procès sans avoir à passer par l'étape habituelle de l'enquête préliminaire. «On nous a soumis au soutien des accusations, des rapports d'expertises. Or, il y a plusieurs questions que je considère comme pertinentes, auxquelles ils ne se sont pas attardés. J'aimerais bien obtenir des réponses à mes interrogations. Ces réponses pourraient avoir un impact sur la suite des procédures», a-t-il indiqué.
Si la poursuite obtient la tenue d'un procès conjoint, elle évalue qu'il pourrait durer environ six mois.
Les avocats de la défense ont jusqu'au 1er mars pour déposer leurs différentes requêtes. On ne sait pas si elles seront plaidées lors du retour en cour du dossier le 4 avril ou s'il faudra attendre plus longtemps avant qu'elles soient débattues.
Mais compte tenu des plus récents développements, un procès avant l'automne prochain serait difficilement envisageable.