Le Québec a-t-il besoin de sténographes officiels ?

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Natacha Mignon

2009-09-22 14:15:00

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En pénurie de sténographes, l’École de sténographie judiciaire du Québec lance un appel aux candidatures pour la rentrée 2010. Avant de répondre à l’appel, prenez le temps de lire le témoignage d’une pro…
Carole Corbeil s’est lancée dans l’aventure il y a près de 40 ans, après un séjour dans une école privée qui dispensait la formation.

« A l’époque, la profession attirait car c’était nouveau, raconte la dame de 57 ans. La profession était ensuite valorisée et il y avait des débouchés de travail dans les Cours de justice, se souvient la sténographe. Aujourd’hui, avec la possibilité d’enregistrement des auditions en Cour, il y a de moins en moins de besoin de transcriptions. Le marché des tribunaux tend à disparaître. »

Reste la clientèle - pas facile- des cabinets d’avocats pour les transcriptions d’interrogatoires.

« Je n’y ressens plus de respect pour ma profession. Le recouvrement des honoraires auprès de cette clientèle est aussi un problème. Certains payent à 60 ou 90 jours. On se retrouve à financer les cabinets d’avocats ! » affirme la sténographe.

Les problèmes d’impayés et les charges de cette profession, qui s’exerce de façon autonome, imposent aux sténographes une lourde charge de travail pour arriver à un salaire décent.

« C’est une profession ardue, qui demande de la discipline, de la souplesse et de la rigueur. Il ne faut pas compter son temps et être prêt à travailler les soirées et les fins de semaine. Je ne la recommanderai pas à mes enfants !»

A l’écouter, pas étonnant que la profession soit actuellement en sous-effectif. De 300 sténographes judiciaires officiels il y a 30 ans, le Québec est passé à 160 aujourd'hui, dont seulement la moitié, par choix, travaillent à temps plein et sur une base permanente. Depuis 2005, 11 nouveaux sténographes seulement ont été inscrits au Tableau des sténographes officiels du Québec alors que la demande est 10 fois plus élevée. Suzanne Baril, présidente de l'Association professionnelle des sténographes officiels du Québec, estime qu'il y a une demande pour 100 à 150 sténographes judiciaires additionnels dans les prochaines années, surtout en région, afin de combler la pénurie.

Mme Corbeil, elle, ne le nie pas, en particulier pour les transcriptions en langue anglaise, mais l’école du Québec ne forme pas dans cette langue, et sûrement plus en région, souligne-t-elle. D’ailleurs, dans certaines régions, au Saguenay-Lac St-Jean par exemple, on doit faire venir des sténographes de Québec pour que les avocats puissent procéder à des interrogatoires préalables, ce qui cause de nombreux problèmes à tous ceux qui souhaitent une plus grande accessibilité de la justice en termes de délais et de coûts.

Alors candidats sténographes, ça vous tente toujours ? Sachez que malgré tout, les conditions de travail des sténographes sont très bonnes, rappelle l’Association. À titre d'exemple, le tarif horaire moyen d'un sténographe pour la prise de témoignage est de 70 $ l'heure.

Pas si mal…

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36 commentaires
  1. Me
    Me
    >>> Je comprends un peu votre frustration, mais vous devez savoir que le format de transcription est édicté par décret 239-2006 intitulé « Tarif des honoraires pour la prise et la transcription des dépositions ». Or, à l'annexe I, on peut y lire : « 5° Une ligne de texte est constituée de mots avec un caractère de 12 points correspondant au type « Courier », « Courier New » ou équivalent. »

    Eh ben. Non. J'avoue que j'ignorais cette disposition. Je croyais que c'était une tradition perpétuée. Merci beaucoup.

    Je dois dire que je suis un genre de mouton noir dans un grand cabinet. Je fais partie de ceux qui insistent pour faire le quart du travail d'une adjointe. Mon adjointe se trouve ainsi libérée pour faire autre chose. Ainsi, à deux, moi et mon adjointe sommes globalement plus productif que n'importe quel autre duo du cabinet. Je travaille constamment avec trois laptops sur mon bureau: deux MacBook Pro et un PC. Je dicte très peu, je préfère rédiger mes propres procédures. Je monte seul mes cahiers d'autorités (après le travail d'un stagiaire, par exemple) que j'envoie en PDF à notre service d'imprimerie. J'ai souvent à faire du copier-coller à partir d'un ASCII (ex.: pour un mémoire d'appel ou une note interne, par exemple).

    Vous comprenez pourquoi ces problèmes que la plupart de mes confrères jugent "frivoles" m'affectent plus directement qu'eux. Si eux se foutent des problèmes qu'un fichier ASCII peuvent causer à leur adjointe, moi ça me touche directement parce que je suis un maniaque qui désire garder un contact constant et direct avec le travail jusque dans ses moindres détails.

  2. Une vieille sténo
    Une vieille sténo
    il y a 16 ans
    Pénurie
    Citation de l'article: « A l’écouter, pas étonnant que la profession soit actuellement en sous-effectif. »

    La profession est actuellement en sous-effectif, comme le dit l'article, mais pas parce que le travail n'est pas intéressant, plutôt parce que les établissements d'enseignement qui ont offert le programme au fil des années l'ont abandonné parce qu'il n'était pas rentabe pour eux de l'offrir. Depuis de nombreuses années, il n'y donc eu que très peu de relève en sténographie.

    Pour pallier au problème, l'Association professionnelle des sténographes officiels du Québec, avec l'aide précieuse du Barreau du Québec, a mis sur pied une école de sténographie. Or, le Barreau, 3 ans plus tard, a décidé de cesser les activités de l'école encore une fois pour des raisons financières. Grâce à l'insistance de plusieurs avocats utilisateurs de services de sténographie inquiets de la situation, l'Association des sténogaphes et le Barreau du Québec collaborent à nouveau et l'école rouvrira ses portes en janvier 2010.

    Onze nouveaux sténographes sont inscrits au tableau depuis l'ouverture de l'école en 2005. Ces jeunes sténographes utilisent tous la sténotypie assistée par ordinateur, technologie très intéressante et performante.

    Je suis une sténographe d'expérience (pour ne pas dire plus âgée!) et je suis fière de mon métier et fière qu'une relève de qualité, qui utilise une technologie à la fine pointe (bien plus avancée que la mienne), puisse enfin être formée.

    Bravo et merci à tous ceux qui ont participé à la réalisation du projet de réouverture de l'école de sténographie.

  3. King
    King
    >> Si je me fie aux vendeurs dans la salle d’exposition qui offre des alternatives, aux juges et aux avocats qui requièrent l’instantanéité sans être prêts à en payer le coût, l’avenir est à l’enregistrement vidéo.

    Me Jaar, ce serait un véritable bonheur :)

    J'aurais tellement aimé présenter un enregistrement vidéo d'un interrogatoire hors cours d'un témoin qui a complétement perdu ses repères en frappant le mur en essayant de m'intimider lorsque je lui ai posé une question, disons assez délicate :)

    >> Le législateur a désiré que le contenu d'un interrogatoire au préalable laisse de côté les réactions. Il serait regrettable d'aller contre sa volonté.

    Ah bon, j'aimerais bien connaître où avez vous péché cette intention du législateur concernant le contenu d'un interrogatoire.

  4. Me
    Me
    >>> J'aurais tellement aimé présenter un enregistrement vidéo d'un interrogatoire hors cours d'un témoin qui a complétement perdu ses repères en frappant le mur en essayant de m'intimider lorsque je lui ai posé une question, disons assez délicate :)

    Je n'en vois aucune utilité.

    Comme je l'ai dit, si vous détectez qu'il ment effrontément en hors-cours, vous n'avez qu'à le reprendre à l'audience sur les mêmes points et le démolir. On fait ça à tous les jours.

  5. Me
    Me
    >>> Ah bon, j'aimerais bien connaître où avez vous péché cette intention du législateur concernant le contenu d'un interrogatoire.

    Dans les débats. Logique. On mentionne clairement qu'à ce stade le but est la collecte d'information et non l'appréciation de la crédibilité qui elle se fait au procès.

    Si vous obligez un juge à regarder ces vidéos, bref, si vous mettez sur les épaules des tribunaux toutes ces heures, à quoi sert-il encore de tenir des interrogatoires hors-cour? L'avantage de ceux-ci disparaît.

    Les solutions de rechange sont visiblement proposées par des gens qui ne font pas une pratique constante en litige.

  6. Me
    Me
    Me Jaar, faites donc un sondage représentatif parmi les praticiens du litige et vous verrez si ça leur tente...

  7. Dominic Jaar
    Dominic Jaar
    il y a 16 ans
    Progrès
    >Si vous obligez un juge à regarder ces vidéos, bref, si vous mettez sur les épaules des tribunaux toutes ces heures, à quoi sert-il encore de tenir des interrogatoires hors-cour? L'avantage de ceux-ci disparaît.

    >Les solutions de rechange sont visiblement proposées par des gens qui ne font pas une pratique constante en litige.

    Je dirais plutôt des gens qui cherchent à rendre plus efficace et actuel un système vu par plusieurs comme archaïque. Étant campé dans un conservatisme affolant, je comprends que vous ne puissiez voir d'alternative au statu quo. Par contre, il y a des gens, dont je suis, qui sont payés pour penser à diverses initiatives permettant de rendre le système judiciaire plus accessible grâce aux technologies.

    Je suggère que, effectivement, dans plusieurs cas, les interrogatoires préalables permettraient d'éviter des témoignages en chef long et coûteux. Ceux-ci sont généralement fixés avec plus de latitude sans nécessité le déplacement de plusieurs personnes et la monopolisation de ressources publiques. Par exemple, étiez-vous conscient qu'une salle d'audience à Montréal coute en moyenne 13,000$/jour?

    Quant au sondage, il s'en vient. Quelles questions voudriez-vous y voir?

    Dj)
    [www.ledjit.ca|Ledjit]

  8. Dominic Jaar
    Dominic Jaar
    il y a 16 ans
    Sondage
    Me,

    Voici le [http://www.surveymonkey.com/s.aspx?sm=KYQeov9P04bPVpoCTgBGdA_3d_3d|sondage] demandé. Je vous prie de le faire circuler à vos collègues afin que nous ayons l'heure juste. Ayez l'amabilité de ne pas voter plus d'une fois... Si certaines questions manquent, veuillez m'en aviser. Merci!

    Dj)

  9. Eric Lavoie
    Eric Lavoie
    il y a 14 ans
    Re : Re : Me
    > > Il faudrait que les sténographes commencent par apprendre à utiliser Word plutôt que WordPerfect.
    > >
    > > Ça serait déjà un immense progrès.

    Et Open Office lui ??

  10. Christophe Bolduc
    Christophe Bolduc
    il y a 14 ans
    La réalité
    Dans l'intérêt de tous les sténographes, je tiens à rappeler que la technologie actuellement en effervescence au Québec et aux États-Unis, soit la sténotypie informatisée par ordinateur, supplante de loin tout ce qui s'est fait précédemment. À l'école, c'est ce qui est enseigné, et tout sort instantanément en frôlant la perfection (qui s'acquiert avec l'expérience). C'est pourquoi je veux spécifier que la quasi-totalité des sténos actuellement n'utilise rien de la sorte. Bien humblement envers madame Carole Corbeil.
    Christophe Bolduc, étudiant en sténographie judiciaire.

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