l’ex-juge Delisle va patienter pour que la Couronne s'ajuste

La requête de la Couronne a fait l’objet d’un débat animé entre Me Lyne Morais, représentante de la poursuite, et l’avocat du juge Delisle, Me Jacques Larochelle, reconnu pour sa pugnacité. Estimant qu’un nouveau délai serait préjudiciable à son client, Me Larochelle s’est objecté au report de l’enquête préliminaire, malgré le départ du procureur de la Couronne assigné au dossier.

L’enquête préliminaire avait été fixée pour cinq jours et devait débuter lundi prochain. Or, le procureur de la poursuite dans cette affaire, Me Charles Levasseur, a remis sa démission vendredi dernier, laissant bien peu de temps à un confrère ou une consoeur de reprendre le flambeau et de prendre connaissance de toute la preuve scientifique. Il a rejoint le cabinet d’avocats Thibault Roy, le même cabinet qui, ironiquement, assiste Me Jacques Larochelle dans la cause de Jacques Delisle.

« Il n’y a pas un procureur qui va accepter, au pied levé, de prendre un dossier comme ça », a plaidé Me Lyne Morais, qui était responsable du dossier avec Me Levasseur. Bien qu’elle ait une certaine connaissance du dossier, Me Morais a indiqué à la juge Chantale Pelletier qu’elle ne pourrait remplacer son collègue démissionnaire, malgré l’insistance de Me Larochelle. Elle occupe un poste de cadre et s’est dite « non disponible » la semaine prochaine. Un autre procureur au sein de l’équipe réduite devra être désigné rapidement pour mener le dossier.

Une « cause absurde »

Histoire de pimenter son argumentaire, l’avocat de la défense a lancé des flèches à la Couronne. « La cause est absurde. Il n’y a aucune preuve contre M. Delisle », a lancé Me Larochelle, ajoutant que cette cause était loin d’être complexe comme le prétend la Couronne. Elle est d’une « simplicité infantile », a-t-il ajouté, se disant même prêt à commencer le procès le jour même. Il a aussi fait valoir que son client avait déjà acheté des billets d’avion et réservé une chambre d'hôtel à un témoin expert en défense, originaire de la France.

Après avoir entendu les arguments des deux parties, la juge Chantal Pelletier a accordé un délai à la Couronne pour s’ajuster, invoquant le caractère « imprévisible » du départ de Me Levasseur. « Que vous ayez un procureur ou non, je vais fixer une date dans quatre ou cinq semaines », a prévenu la juge Pelletier.

Elle a ajouté que le dossier était tout de même « un peu complexe » et qu’il ne s’agit pas d’un simple vol dans une épicerie. La date de l’enquête préliminaire sera fixée lundi.