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Matrox — Matic demande au tribunal une ordonnance de confidentialité

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Alain Bisson / Rue Frontenac

2010-10-28 13:15:00

Branislav Matic, un des deux actionnaires de Matrox au cœur de l’âpre dispute judiciaire pour le contrôle de la société montréalaise, veut obtenir la confidentialité et la mise sous scellés des informations personnelles et financières déposées devant le tribunal depuis 17 mois.
M. Matic a déposé une requête à cet effet le 13 octobre dernier, bien que certaines des informations qu’il veut soustraire du dossier de cour public s’y trouvent depuis au moins 10 mois.

Sa demande sera débattue le 5 novembre devant la juge Chantal Corriveau, la coordonnatrice du dossier Matrox.

C’est dans ce dossier de cour que nous avons puisé ces dernières semaines, avant le dépôt de la requête du 13 octobre, les informations inédites qui ont mené à la publication du dossier sur Matrox dans la première version papier de Rue Frontenac, lancée jeudi matin.

Depuis sept ans, M. Matic et son associé, Lorne Trottier, se livrent un bras de fer au sujet de la société qu’ils ont fondée en 1976. Selon Branislav Matic, l’entreprise est dans une «impasse corporative» en raison de la dispute, à tel point que sa viabilité est remise en question.

Pour résoudre le litige une fois pour toutes, M. Matic demande à la juge Corriveau de forcer la vente aux enchères, entre lui et son partenaire, du contrôle de la société, actuellement détenue en parts égales. M. Trottier refuse cette solution et requiert plutôt que le tribunal oblige M. Matic à lui vendre ses actions.
La convention d’actionnaires entre les deux hommes, rédigée à la belle époque, ne prévoit rien pour ce type de circonstances et MM. Matic et Trottier ne s’adressent plus la parole depuis plusieurs années.

De nombreux détails

Dans les nombreuses requêtes qu’ils ont déposées au cours des 17 derniers mois, les deux hommes révèlent moult informations sur les affaires de Matrox, leur convention d’actionnaires, la nature de leurs mésententes et quelques détails sur leurs situation personnelle.

On y apprend entre autres que Matrox, une entreprise privée, avait 1800 employés et des revenus de 600M$ US à 700M$ US au tournant des années 2000. Les documents de l’un et de l’autre racontent que le chiffre d’affaires de la société a chuté dramatiquement à environ 100M$ US à 150M$ US en 2009, que les profits ont atteint 30M$ US pour la même année, que les deux hommes se sont partagé des dividendes de 30M$ US en 2009 et que M. Trottier prévoit que le pactole à se diviser entre eux sera de 20 à 25M$ US en 2010.

Par sa requête, M. Matic veut revenir en arrière, et biffer des documents et retirer du domaine public un certain nombre des renseignements provenant de M. Trottier, dont les références aux dividendes.

L’étalage de la richesse

M. Matic justifie notamment sa demande par le fait qu’il est originaire de l’ex-Yougoslavie, où l’étalage de sa richesse pourrait lui valoir des ennuis.

«Très tôt, les succès financiers de Matic ont causé des difficultés considérables aux membres de sa famille, qui vivaient alors en Yougoslavie sous un régime communiste», avance la requête.

«Aujourd’hui, la plupart des États de l’ex-Yougoslavie sont plus stables, mais plusieurs problèmes de sécurité subsistent…», ajoutent les représentants de M. Matic.

Branislav Matic se fait aussi du sang de cochon au sujet d’une clé USB contenant 35 000 courriels confidentiels et 230 documents financiers de Matrox que M. Trottier a demandés dans le cadre des procédures.

Une fois remise, cette clé USB a été perdue par un des avocats de M. Trottier, puis récupérée quelques jours plus tard grâce à une personne qui l’avait trouvée dans un autobus de la STM.

«Il est actuellement extrêmement difficile – voir impossible – de déterminer de façon certaine qui a eu accès à la clé USB et si les informations qu’elle contient ont été copiées, entreposées, modifiées ou compromises», affirme M. Matic, inquiet.

Il ne blaire pas non plus que des passages de la contestation écrite de 913 paragraphes de M. Trottier étalent au grand jour des renseignements sensibles sur les finances de Matrox ou des deux hommes.

«Même si Matic n’a aucunement l’intention d’empêcher les défendeurs d’utiliser le contenu de ces paragraphes ou des annexes pour les porter à l’attention de la Cour, il soumet qu’il est inapproprié qu’ils fassent partie du dossier public», plaide-t-il.

Note: Cet article a été publié ce matin sur Rue Frontenac. Il est reproduit ici avec l'autorisation du journaliste, Alain Bisson.
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1 commentaire
  1. Me
    Me
    >>>>>> Une fois remise, cette clé USB a été perdue par un des avocats de M. Trottier, puis récupérée quelques jours plus tard grâce à une personne qui l’avait trouvée dans un autobus de la STM.

    M. Trottier est représenté par Stikeman Elliott.

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