Un avocat coupable d’agression sexuelle, de harcèlement et de voies de fait

Un jeune avocat se retrouve dans le pétrin après avoir agressé sexuellement une jeune femme, envers qui il a aussi commis des voies de fait en plus de la harceler.

Me Philippe Lord s'est défendu d'avoir commis ces gestes, mais le juge Hubert Couture, qui a présidé son procès, l'a déclaré coupable des trois chefs d'accusation.

Dans son jugement rendu le 10 octobre au palais de justice de Québec, le magistrat a rejeté le témoignage de l'avocat, qui n'était pas, selon lui, de nature à soulever un doute raisonnable.

Pour l'accusation d'agression sexuelle, Lord, qui est avocat civiliste, a fait valoir que cette femme avait consenti à leurs ébats. Celle-ci a convenu que c'était le cas, au début, jusqu'à ce que Lord prononce une parole qui l'a ébranlée. En pleurs, elle a voulu mettre fin aux échanges sexuels, mais l'avocat a refusé.

L'identité de la victime est protégée par une ordonnance de non-publication, ce qui nous empêche de rapporter plusieurs détails.

Avocat non crédible

Face à des témoignages contradictoires, le juge n'a accordé aucune crédibilité à l'accusé de 29 ans, qui s'est présenté en victime.

Philippe Lord a lui-même reproché à la plaignante de l'avoir frappé en plus de se plaindre de son impulsivité, citant l'exemple du fait qu'elle ait détruit ses constructions de Lego.

Au bout du compte, le juge Couture n'a pas retenu ses explications vu l'inconsistance, les contradictions et l'improbabilité de son témoignage.

Au contraire, la victime a livré un témoignage empreint de sincérité, de spontanéité et de transparence, écrit le magistrat dans son jugement d'une quarantaine de pages. La femme a notamment admis avoir giflé et menacé Lord. En plus de la version claire et précise de cette femme, la preuve documentaire a convaincu le juge du comportement harcelant de l'avocat.

Harcèlement

Il a envoyé quelque 1000 messages à la victime en un mois. L'un d'eux, transmis par texto, faisait référence à un féminicide, ce qui a inquiété cette femme, qui lui a demandé de cesser de lui écrire. Concernant le féminicide, Lord a témoigné qu'il n'avait fait que transmettre un article paru dans un média. Il a admis avoir envoyé beaucoup de messages, mais la plaignante lui répondait, s'est-il défendu.

Dans un de ses nombreux textos, Lord a écrit : Ça te fait peur et ça escalade, démontrant par lui-même sa culpabilité de l'accusation de harcèlement, selon le jugement. Il avait aussi serré les avant-bras de la victime, lui causant des ecchymoses dont des photos ont été déposées en preuve.

Reproches au juge

Lors de son procès, Lord a formulé une série de reproches au juge Couture pour demander sa récusation. Il s'est dit intimidé par le ton du juge à son endroit et a soulevé un manque d'impartialité qui l'a empêché, selon ses dires, d'avoir droit à une défense pleine et entière. Le magistrat a rejeté sa requête du revers de la main. Philippe Lord est inscrit au Tableau du Barreau du Québec depuis 2019.

Il a fondé son propre cabinet à Montréal au printemps 2024. Maintenant qu'il a été déclaré coupable dans une cause criminelle, il devra fort probablement répondre de ses actes devant son ordre professionnel. Il est en liberté pendant le processus judiciaire et doit revenir au tribunal dans les prochaines semaines pour les observations sur la peine. Son avocat est Me Charles Levasseur, alors que Me Laurie Gagné est la procureure du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).