Nortel: la poule aux œufs d'or des cabinets?

Agnès Wojciechowicz
2011-08-16 15:00:00
Et l'un des cabinets qui en a le plus profité, c'est sans doute la firme new-yorkaise Cleary Gottlieb Steen & Hamilton LLP, qui a dirigé les opérations au moment de la faillite de l'entreprise. Avec son millier d'avocats répartis dans 12 bureaux à travers le monde, elle était bien placée pour servir les intérêts internationaux de la compagnie canadienne. De ce fait, Cleary a facturé près de 135 millions de dollars à Nortel.

Par ailleurs, les factures sont rarement contestées et payées en totalité, rubis sur ongle, avant qu'un quelconque créancier de Nortel n'obtenienne un sou. Rien qu'en juin dernier, la firme a listé 175 avocats, associés et parajuristes, ayant travaillé sur le dossier Nortel, facturant 14 180 heures, ce qui représente 6,1 millions de dollars. Une des associés, Emily Bussiegel, a pour sa part, facturé près de 314 heures en juin, ce qui équivaut à plus de 10 heures par jour, week-ends compris !
Que font les salariés de Cleary ? Une grande partie de leur temps est consacrée aux questions des salariés, à l'administration, aux litiges, et aux questions liées aux brevets. Dans le détail, 20 000 $ auraient été dépensés en frais de photocopies et 4 400 en frais postaux.

Et alors ? Rien d'étonnant, c'est vrai. En revanche, le contraste est frappant lorsqu'on met en perspective les honoraires versés, avec le sort financier incertain de plusieurs milliers d'anciens employés de Nortel et celui des retraités devant attendre leur dû, avec, de surcroît, peu de chance d'obtenir les sommes dans leur intégralité.
Fort heureusement, les juges ont un pouvoir discrétionnaire en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers. Le juge canadien Geoffrey Morawetz a donc approuvé plusieurs demandes visant à apaiser le fardeau financier auquel font face les différents groupes d'employés de la compagnie. Ainsi les employés qui ont été licenciés sans recevoir d'indemnités de départ de même que les retraités percevant un revenu complémentaire, ont été réussis à grapiller 3000 $.
Une bouchée de pain, pour sûr, mais une bouchée quand même, vous diront ceux qui n'ont toujours rien perçus...