On veut la parité !

Natacha Mignon
2010-01-27 08:30:00
Droit-Inc.com : Vous animerez prochainement un déjeuner-causerie qui s’intitule « pourquoi la parité homme-femme est-elle essentielle dans les conseils d’administration » ? Comment vous, répondez-vous à cette question ?
Emmanuelle Saucier : Cela me semble être une évidence, les femmes représentent la moitié de la population. D’ailleurs, c’est perçu comme une évidence pour les hommes et les femmes de moins de 45 ans, qui ont eu l’habitude dès l’école et ensuite à l’université de travailler ensemble.
C’est moins vrai, en revanche, pour beaucoup de dirigeants d’entreprises actuellement en place.
Or, prôner la parité est souhaitable pour éclairer les entreprises dans leurs décisions. Imaginez que 90 % des décisions de consommation des familles sont prises par les femmes.
La parité homme-femme n’est d’ailleurs qu’une partie du débat et il faudrait promouvoir, pour les mêmes raisons, l’accès des minorités culturelles aux fonctions dirigeantes.
Est-ce le fait d’être une femme-avocate qui vous pousse à vous intéresser au sujet ?
Non, et je ne veux pas être perçue comme une militante féministe, car je ne me reconnais pas dans ce discours.
Je prône la parité pour refléter la société dans son ensemble et l’accès des femmes, à compétences égales des hommes, au sein des conseils d’administration. Il ne s’agit pas de militer pour des passe-droits.
J’ai aussi la conviction qu’il faut agir car la situation ne se corrigera pas d’elle-même. La désignation au sein des conseils d’administration se faisant par bouche-à-oreille, in fine, il y a très peu de renouvèlement.
Pensez-vous qu’imposer la parité par une loi est la bonne solution ?
Honnêtement, je réfléchis beaucoup à cette question, sans être encore sûre de pouvoir y répondre. Dans les sociétés d’État, cela me semble une bonne chose. Dans les sociétés cotées, détenues par des intérêts privés, est-ce l’avenue à prendre, la question se pose. D’autant plus, qu’il faut penser aux sanctions applicables à la société qui ne respecterait pas la règle de la parité et à la légitimité de telles sanctions.
A mon avis, il y a également d’autres initiatives et d’autres pistes à explorer. Par exemple, je pense que la parité pourrait être une belle cause, au même titre que d’autres, à défendre pour les entreprises. La pression sociale a également son rôle à jouer.
Autant de points dont j’espère débattre avec la sénatrice Céline Hervieux-Payette.
L'Association du Barreau Canadien (Division Québec), dans le cadre des activités du Forum des femmes organise un déjeuner-causerie le 4 février 2010, en présence de la sénatrice Céline Hervieux-Payette, intitulé "Pourquoi la parité homme/femme dans les conseils d'administration est-elle essentielle? "
Photo: ''Emmanuelle Saucier'', avocate associée, chez McMillan.