Plaider dans le Metaverse

Jean-Francois Parent
2022-04-06 13:15:00

Si l’observateur pouvait n’y voir qu’une version quelque peu rudimentaire, en 3D, d’une salle de cour, les participants et les juges eux avaient accès à toute la gamme des
situations qu’ils auraient pu voir de leurs yeux du haut de leur vrai prétoire, ou de leur banc.
Équipés de casques de réalité virtuelle, tous les participants à l’expérience ont ainsi pu regarder les alentours de la salle d’audience, lever la main pour parler ou même surprendre l’exaspération d’un juge quand on lui coupe la parole.
On peut voir le résultat de la plaidoirie finale ici.

Ils plaidaient face à Ian Binnie, juge retraité de la Cour suprême, la juge Jodie-Lynn Waddilove, de la Cour de justice de l’Ontario, et Ron LeClair, associé directeur du cabinet LeClair and Associates, de London en Ontario. Leclair est d’ailleurs le bailleur de fonds de l’initiative.
Pour les aspirants plaideurs, les concours de plaidoirie sont très enrichissants. C’est un excellent outil de formation, d’autant que la prestation devant un juge permet de gérer le stress, la pression et surtout la préparation nécessaire pour plaider.
Avec la pandémie, tous les concours de plaidoirie se sont déplacés en ligne, avec toutes les lacunes que cela comporte, comme l'absence de repères visuels qui donnent vie à un plaidoyer.
Avec la réalité virtuelle, « vous avez physiquement l'impression d'être dans la même pièce que tout le monde. Les étudiants ont l'impression d'être assis à leur table ; lorsqu'un juge les regarde, ils ont l'impression qu'il les regarde vraiment », explique l’un des concepteurs Ritesh Kotak, étudiant en troisième année du grade Juris Doctor à l’Université d’Ottawa.
Insistant sur la notion que les juristes doivent comprendre ce qu’est le metaverse, et s'y adapter, l’Université d’Ottawa a donc accepté de tenter l’expérience récemment.

C’est pourquoi le département de Common Law de l’Université d’Ottawa est devenu la première institution canadienne a simuler une plaidoirie avec la réalité virtuelle, afin de doter les futurs avocats des compétences nécessaires pour affronter cet univers.
Et remettre les simulations au goût du jour.
Plusieurs étudiants ont besoin de développer leurs habiletés en plaidoirie, et la pandémie a rendu cet impératif difficile à respecter. Et qui devient essentiel alors que les audiences sont vouées à se dérouler de plus en plus fréquemment en ligne.
D’où l’idée d’utiliser la réalité virtuelle pour bonifier l’expérience et aller plus loin que la vidéoconférence.