Un autre week-end sans transport en commun à Montréal
Radio Canada
2025-11-13 13:30:02

Les chauffeurs d'autobus et les opérateurs de métro de la Société de transport de Montréal pourront faire la grève cette fin de semaine. C'est la décision rendue mercredi par le Tribunal administratif du travail (TAT).
Les 15 et 16 novembre verront donc une interruption complète des services de la STM, exception faite du transport adapté, si aucune entente n'est trouvée entre le syndicat et l'employeur. La grève débutera le 15 novembre à partir de 4 h et se terminera le 17 novembre à 3 h 59.
Avant de rendre sa décision, le TAT a entendu les préoccupations de plusieurs organisations, dont Aéroports de Montréal, Trajectoire Québec et la FADOQ, qui ont demandé que les services de la STM soient considérés comme essentiels.
« Le Tribunal estime que les enjeux et inquiétudes soulevés par les divers intervenants sont importants, mais ne sont pas de la nature d'un danger pour la santé ou la sécurité publique », a écrit le TAT dans un communiqué, rappelant que le droit de grève jouit d'une protection constitutionnelle.
Le ministre du Travail, Jean Boulet, qui tente de devancer l'entrée en vigueur de la loi 14 pour mettre fin au conflit de travail, s'est désolé que les Montréalais puissent encore être privés de transport en commun cette fin de semaine.
« Nous avons tenté d’avoir les outils nécessaires afin d’assurer un niveau de service acceptable à la population. (...) Cependant, sans l’appui de tous les partis d’opposition, nous n’avons pu mettre en œuvre ces mesures à temps », a-t-il déclaré.
Si le Parti libéral du Québec et le Parti québécois se sont dits ouverts à collaborer avec le ministre, Québec solidaire n'entend toujours pas lui donner le feu vert pour devancer l'entrée en vigueur de sa loi. « C’est regrettable, car ce sont les usagers qui pourraient en payer le prix », a déploré le ministre Boulet.
Intervention gouvernementale
Si les chauffeurs peuvent faire la grève, les employés d'entretien, eux, se sont vus refroidis. Le service est revenu graduellement à la normale, mercredi, après que le syndicat des employés d'entretien, qui débrayait depuis le 1er novembre, eut suspendu sa grève, devant l'imminence d'une intervention gouvernementale.

« On a perdu un levier important avec la loi 14 », a expliqué en entrevue, mercredi, Bruno Jeannotte, président du syndicat. Mais on n'est pas à notre dernier moyen de pression. Ce n'est pas parce qu'on a retiré cette grève-là qu'on abandonne, au contraire, a prévenu M. Jeannotte.
« Je pense que si on avait foncé la tête baissée dans la loi spéciale, on se serait retrouvés dans un contexte où on aurait été attachés, dans le sens où on n'aurait pas pu faire de grève. En fait, on nous aurait retiré notre droit de grève, le temps de l'arbitrage », a poursuivi le dirigeant syndical.
Et un arbitrage de différend peut prendre plusieurs mois, voire un an, rappelle-t-il. On ne pouvait pas maintenir une grève s'il n'y a plus de mouvement à la table de négociations et, selon lui, l'employeur ne bougeait guère sur les deux enjeux principaux, à savoir les salaires et la sous-traitance, sachant que l'intervention du ministre Boulet approchait.
Des avancées à la table de négociation
Pourtant, il y a eu des avancées à la table de négociation au cours des derniers jours, a-t-il affirmé. Les 2400 employés d'entretien avaient amorcé une grève le soir du 31 octobre. Celle-ci devait se poursuivre jusqu'au 28 novembre, avant la suspension annoncée tard mardi soir, après une douzaine de jours de débrayage, avec des services essentiels seulement aux heures de pointe.
Quant aux services de transport en commun, la STM avise que la clientèle pourra se présenter à toute heure sur le réseau, mais que le retour à la normale se fera progressivement tout au long de la journée. Le service sera complètement de retour seulement jeudi.