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La femme de l’ex-juge Delisle aurait eu des doutes sur son infidélité

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Agence Qmi

2015-04-03 08:09:00

Plusieurs années avant son décès, Nicole Rainville soupçonnait son mari, Jacques Delisle, d’avoir une relation extraconjugale avec sa secrétaire, Johanne Plamondon…
Plusieurs années avant son décès, Nicole Rainville soupçonnait son mari, Jacques Delisle, d’avoir une relation extraconjugale avec sa secrétaire, Johanne Plamondon
Plusieurs années avant son décès, Nicole Rainville soupçonnait son mari, Jacques Delisle, d’avoir une relation extraconjugale avec sa secrétaire, Johanne Plamondon
C’est du moins ce qu’avance sous serment l’ex-juge Jacques Delisle, dans sa déclaration sous serment obtenue jeudi matin par le Journal de Québec. Celui qui clame son innocence a fait parvenir ce document d’une trentaine de pages au ministre fédéral de la justice, dans le cadre de sa demande de révision judiciaire.

« J’aimais Nicole et notre mariage état très heureux. Mais j’aimais aussi Mme Plamondon. Sans jamais songer à quitter ma femme pour elle. Plusieurs années avant sa mort, Nicole, qui me soupçonnait, m’a demandé si j’avais une liaison avec Mme Plamondon. Je l’ai nié. Nicole pensait peut-être que Mme Plamondon et moi avions une liaison, et très honnêtement je l’ignore, mais elle ne m’en a plus jamais reparlé », révèle-t-il.

Relation extra-conjugale

Jacques Delisle ne précise pas à quel moment sa relation avec sa secrétaire est devenue « romantique ». Chose certaine, Mme Plamondon lui aurait dit qu’elle aimait toujours son mari.

En janvier 2009, Jacques Delisle aurait tout de même demandé à sa maîtresse : « Crois-tu qu’un jour nous pourrions vivre ensemble ? ». Elle aurait répondu : « Je ne pourrais vivre avec toi tant et aussi longtemps que mes enfants seront à la maison.»

S’il reconnaît avoir « fantasmé » sur un avenir possible aux côtés de Mme Plamondon, l’ex-juge Delisle précise toutefois qu’il n’aurait «jamais laissé Nicole, particulièrement dans son état, et Mme Plamondon n’avait nullement l’intention de laisser son mari.»

À sa retraite, en avril 2009, il avait été convenu par les amants que leur relation prendrait fin. Le duo a toutefois gardé contact, notamment pour travailler sur un ouvrage traitant du bon usage de la langue française.

Pistolet

Cette déclaration sous serment permet d’apprendre que deux ans avant son décès, Nicole Rainville aurait fait signe à son mari de lui donner le pistolet prohibé, qu’il gardait depuis plusieurs années dans son bureau au palais de justice. « Nicole savait que je gardais ce pistolet. Nous n’en avons toutefois jamais discuté », écrit-il.

Il se souvient toutefois d’un événement précis survenu en juillet 2007, alors que son épouse était hospitalisée au Centre François-Charron à la suite de son AVC qui l’a laissée paralysée de tout le côté droit. Nicole Rainville aurait eu la permission de passer un week-end à la maison.

« Le premier samedi nous sommes arrivés ensemble au condo. Nicole se déplaçait à l’aide de sa canne quadripode ; au moment où elle franchissait le seuil de notre chambre, elle a placé un doigt sur la tempe, imitant un pistolet, et m’a dit : ‘‘Dans ton bureau !’’ J’ai compris qu’elle faisait référence à mon pistolet et qu’elle savait qu’il était encore dans mon bureau de juge, mais je n’ai pas répondu à son geste.»

Inquiétudes

Bien qu’elle prenait du mieux, Nicole Rainville aurait trouvé « très difficile » sa nouvelle condition physique, elle qui était maintenant dépendante de son mari. « Elle souffrait de dépression et s’était fait prescrire des médicaments. J’ai commencé à m’inquiéter à propos de ce qu’elle pourrait faire. Elle entretenait parfois des pensées sombres et lugubres », poursuit M. Delisle.

Les choses se seraient davantage compliquées à l’été 2009, lors d’une chute lui causant une fracture de la hanche. « Elle manquait d’énergie et n’avait plus aucun intérêt dans la vie. Elle souffrait souvent. Elle mangeait très peu. Elle était déprimée. Plusieurs autres visiteurs ont remarqué à que point elle avait perdu tout goût de vivre.»

Jacques Delisle de son côté continuait de prendre soin de son épouse en la visitant quotidiennement et en l’amenant en promenade. « Mais elle ne montrait ni intérêt, ni enthousiasme pour quoi que ce soit.»

Retour à la maison

À l’été 2009, une travailleuse sociale aurait suggéré de placer Nicole Rainville en résidence spécialisée, étant donné sa condition. Jacques Delisle en aurait visité quatre, qui ne l’auraient pas satisfait. « J’avais pris ma retraite, j’étais libre et capable d’aider Nicole à la maison.» Comme elle hésitait à vivre en résidence, ils ont convenu qu’elle reviendrait à la maison et qu’il en prendrait « grand soin ».

Le 31 octobre 2009, Nicole Rainville revenait au condo. Elle pouvait circuler avec sa marchette dans la maison, mais présentait toujours un risque de chute. Elle devait aussi utiliser des protections nocturnes, qui « selon ses dires, l’humiliaient profondément ».

« Elle était évidemment malheureuse et même misérable. Elle était très réservée et ne me parlait pas beaucoup. Elle répugnait à voir nos enfants et nos petits-enfants. J’étais incapable de lui remonter le moral. Chaque soir, avant de se mettre au lit, elle pleurait d’impuissance [...] Elle disait qu’elle ne pouvait plus continuer et souhaitait que la fin vienne rapidement.»

Fil des événements

Jacques Delisle expose dans sa déclaration les faits révélés dans sa version des événements, affirmant qu’il avait eu une discussion avec sa femme, qui lui avait demandé de lui apporter le pistolet. « Durant toute cette conversation, nous étions très émus, souvent jusqu’aux larmes », dit-il.

Elle lui aurait dit, selon ses souvenirs : « Je ne peux pas accepter de vivre comme ça plus longtemps. Est-ce que je n’ai pas le droit de mettre fin à mes jours.» Au bout d’échanges, Jacques Delisle aurait consenti à lui donner l’arme, chargée. Convaincue, elle aurait affirmé qu’elle pensait à cela depuis « plusieurs mois ».

Jacques Delisle serait ensuite parti en voiture, en tentant de rester positif face à la suite des choses et en espérant que sa femme change d’idée. « Il m’est venu à l’esprit que si Nicole passait à l’acte, je ne pourrais avouer à la famille que je lui avais facilité les choses en lui remettant l’arme chargée. Peut-être ne me pardonneraient-ils pas [...] Ce qui c’était passé à la maison ce matin-là devait demeurer entre Nicole et moi, et personne d’autre n’avait le droit de savoir.»

On connaît le reste de l’histoire : Jacques Delisle a retrouvé son épouse, décédée à son retour. Lorsque les policiers sont arrivés sur place, il leur a menti, affirmant que l’arme se trouvait sur une table à l’entrée et qu’elle était déjà chargée. Il aurait pensé à cette histoire alors qu’ils se promenaient.

Jacques Delisle et Johanne Plamondon ont cessé de se fréquenter durant une certaine période suivant le décès de Nicole Rainville. Ils ont toutefois repris contact en décembre 2009. Vers la fin du printemps, il lui a proposé de venir vivre chez lui. Elle a réfléchi à sa proposition.

Arrestation

Au procès, Mme Plamondon a affirmé avoir annoncé à son mari la fin de semaine du 13 et 14 juin 2010 qu’elle le quittait. Jacques Delisle n’a été informé qu’à ce moment de la décision de son ancienne secrétaire. Leur projet de vie commune ne s’est toutefois jamais réalisé puisque l’ex-juge a été arrêté, le 15 juin 2010.

Jacques Delisle espérait n’avoir jamais à révéler la vérité, souhaitant que les procédures cessent pour une quelconque raison. Il a même raconté sa fausse histoire à son avocat, Me Jacques Larochelle. Ce n’est qu’en janvier 2012, quelques mois avant le début de son procès, qu’il est passé aux aveux. Les deux hommes ont donc travaillé sur son témoignage.

Les enfants Delisle n’ont su que dans les jours précédant le témoignage de leur père les véritables circonstances du décès de leur mère. La veille de sa prise de parole toutefois, sa belle-fille serait venue le supplier de ne pas révéler ces nouvelles informations pour ne pas faire davantage de tort à la famille. « J’étais ébranlé par ce qu’elle me disait et j’ai réalisé que j’avais commis une énorme erreur en cachant la vérité à ma famille.»

L’ex-juge a décidé qu’il ne témoignerait pas. « Je n’avais aucun doute qu’elle avait raison quant aux gros titres qu’on verrait dans les journaux si je témoignais.»
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