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Les grands cabinets désertent Moscou

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Jean-francois Parent

2022-03-09 10:15:00

Plusieurs grands cabinets internationaux délaissent leurs clients russes. Et si la tendance se maintient, il pourrait bientôt y avoir une vague de désertion.
Source: Shutterstock
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C’est du moins ce qu’estime la chroniqueuse juridique de Thomson Reuters, Jenna Greene, qui constate que la vingtaine de grands cabinets américains ayant pignon sur rue à Moscou commencent à se poser de sérieuses questions.

Plusieurs grands noms internationaux – Linklaters, Norton Rose Fulbright, Baker Botts, Clifford Chance, pour ne nommer que ceux-là – annoncent depuis quelques jours qu’ils plient bagage et quittent la Russie.

« Nous n'agirons pas pour des personnes ou des entités qui sont contrôlées par l'État russe ou sous son influence, ou liées au régime russe actuel, où qu'elles se trouvent dans le monde », a annoncé Linklaters dans un communiqué le 4 mars dernier.

Norton Rose Fulbright annonçait une décision similaire, le 7 mars, disant ne plus accepter de directives de la part de leurs clients russes liés au régime actuel, sans égard à leur statut quant aux sanctions imposées. Le cabinet comptait une cinquantaine d’avocats à Moscou, et dit continuer d’évaluer des façons de se défaire de ses obligations existantes, en tenant compte de leurs obligations légales. « Lorsque nous ne pourrons pas cesser les dossiers en cours, les profits seront donnés à des causes humanitaires pertinentes », explique le cabinet sur sa page LinkedIn.

Baker Boots a été plus cinglant, condamnant l'invasion de l'Ukraine et dénonçant l'action de la Russie.

Et parce que les cabinets d’avocats, à l’instar de bien d’autres industries, ont tendance à emboîter le pas de leurs concurrents, les récentes annonces pourraient créer une vague de départs de la Russie, poursuit Jenna Greene.

En Europe, le ''Global Legal Post'' remarque la même hâte de plusieurs cabinets à cesser leurs opérations russes. Ainsi, de grands noms tels Kennedys, qui se dit « inconfortable avec la direction que prend la Russie », a cessé ses activités, tout comme CMS et Allen & Overy, d’ailleurs. Le cabinet suédois Mannheimer Swartling a également fermé ses bureaux moscovites.

L'associé directeur du cabinet ukrainien Vasil Kisil & Partners, Andriy Stelmashchuk, a appelé ses collègues internationaux à quitter la Russie afin d’augmenter la pression économique envers le gouvernement de Vladimir Poutine. Joint à ses bureaux de Kyiv par le ''Global Legal Post'', il a dit s’attendre à ce que « toutes les sociétés internationales cessent leurs activités avec la Russie, sinon elles se trouvent à financer les munitions qui tuent les soldats ukrainiens ».

Le ''Globe and Mail'' rapportait le 7 mars que McCarthy Tétrault disait travailler à s'assurer que ses activités soient conformes aux sanctions, sans toutefois divulguer ses intentions quant à la conduite future de ses affaires avec ses clients russes.

Toujours selon le Globe and Mail, les sociétés du ''Big Four'' – E&Y, KPMG, Deloitte et PrivewaterhouseCoopers – ont toutes cessé leurs activités en Russie.
Pour les juristes cependant, la situation semble plus délicate.

Les cabinets doivent eux aussi respecter les sanctions, mais ils ont également le droit – et l’obligation – de représenter au mieux les intérêts de leurs clients. Qu’ils soient Russes et visés par des sanctions ou non. Les avocats ne peuvent pas les larguer du jour au lendemain et les laisser à eux-mêmes, conclut Jenna Greene, de Thomson Reuters.

Mais la question doit se poser.
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