Conseillers Juridiques

En entreprise, les avocates moins payées que les hommes

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Jean-francois Parent

2018-09-06 11:15:00

Mais la tendance est à plus d’égalité parmi la nouvelle génération...

En entreprise, les avocates moins payées que les hommes
En entreprise, les avocates moins payées que les hommes
Une conseillère juridique d’entreprise ne touche que 78 % du salaire de son collègue.

C’est du moins ce que conclut l’Association des conseillers juridiques d’entreprises dans une récente étude analysant la rémunération de quelque 5 000 conseillers juridiques dans une soixantaine de pays.

Le « ACC Global Compensation Report 2018 » est un vaste sondage tenu plus tôt cette année, qui survole tous les aspects de la rémunération : salaire de base, bonis à la performance, options sur actions, avantages sociaux et caisse de retraite.

Ainsi, la médiane de la rémunération totale d’un conseiller juridique d’entreprise était l’an dernier de 270 000 dollars américains. Les conseillères touchaient quant à elles 210 000 dollars américains. On parle ici des postes de direction juridique en entreprise, soit ceux d’avocat général ou de patron des Affaires juridiques.

La question de l’inéquité salariale n’est bien sûr pas nouvelle et des avocates ont déjà entamé des poursuites contre leur cabinet pour cette raison. Et des syndicats ont eu gain de cause en Cour suprême sur des articles de la loi québécoise.

Les nouvelles venues mieux payées

L’ACC remarque cependant que l’iniquité salariale diminue chez la nouvelle génération : l’écart entre les salaires des hommes et des femmes diplômées après 2010 est moitié moindre que l’écart des diplômés d’avant l’an 2000.

Ainsi, pour les avocats admis au barreau dans la décennie 1990-2000, le salaire médian de 325 000 dollars est 35 % supérieur à celui des femmes issues de la même cohorte.

Ensuite, les avocats diplômés dans les années 2000-2010, avec une médiane de 227 000 dollars, touchent 20 % de plus que les femmes dans leur cohorte.

Cet écart se comble depuis quelques années seulement, alors que les avocates diplômées dans les 5 dernières années touchent 91 % des salaires des avocats masculins.

Des industries payantes

Le vaste sondage de l’ACC, mené pendant près de deux mois au printemps dernier, relève également plusieurs variables qui ont une profonde incidence sur les salaires.

Au premier chef, l’industrie où l’on travaille à une incidence marquée sur les salaires. Les biotechs, la R&D et les services alimentaires comptent ainsi les meilleurs salaires, avec les plus hauts salariés parmi les conseillers juridiques d’entreprise empochant plus de 3 millions de dollars.

Par ailleurs les entreprises cotées en bourse rémunèrent davantage leurs conseillers juridiques : la médiane en société publique est de 234 000 dollars, par rapport à 186 000 pour les compagnies privées.

Enfin, les spécialisations en valeurs mobilières et marchés des capitaux rapportent : les conseillers juridiques qui y travaillent empochent une rémunération médiane de 280 000 dollars, soit 37 % plus élevée que toutes les autres spécialisations confondues.
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1 commentaire

  1. Me
    Encore le gender pay gap
    Et bien sur, aucun lien à l'étude afin de confirmer que les auteurs ont bien pris en compte les facteurs à étudier qui tendent systématiquement à annuler le gender pay gap, soit :

    - Les choix de carrière (je suis prêt à mettre ma main au feu que les industries payantes mentionnées à la fin de l'article sont comblées d'hommes et que les femmes y sont moins représentées, par choix);

    - Les choix de vie (c'est bien beau de comparer les avocats de même génération entre eux, mais pourquoi ne pas également normaliser pour le temps passé à travailler, l'experience acquise, le nombre d'heures travaillées, et les études/expériences antérieures? Ah oui, car les femmes ont tendence à consacrer plus de temps à leur famille qu'au travail, ce qui n'a rien de répréhensible, bien au contraire, j'adorerai être à leur place, mais ce qui comporte les conséquences professionnelles qui doivent logiquement en découler);

    - La qualité de la prestation de travail (qui rejoint sensiblement les mêmes commentaires que le point précédent, notamment relativement au nombre d'heures travailler et à la propension à faire des heures supplémentaires afin de livrer un travail impeccable au détriment de la vie et cohésion familiale).

    Tous ces éléments sont par ailleurs détrônés par l'observation ultime et inattaquable suivante : le libre marché existe dans ces domaines, et les avocat(e)s sont libres de négocier leur propre salaire.

    À se mettre à la place d'un PDG d'entreprise, si j'en croyais ces études sans queue ni tête, mon personnel juridique serait entièrement composé de femmes. 78% du coût pour la même prestation de travail? Ils seraient fous de ne pas sauter sur cette opportunité d'économiser des centaines de milliers de dollars, et auraient probablement une belle prime avec les économies qu'ils pourraient engendrer au sein de l'entreprise.

    Pourtant, ces têtes dirigeantes de grosses entreprises ne le font pas, et continue, selon les allégations systématiquement répétées, payer plus cher des hommes pour une prestation de travail identique.

    Je suis au moins reconnaissant que les auteurs aient tout simplement laissé tombé la question du salaire plus élevé pour un travail identique qui revenait souvent il y a quelques années. Ils assument au moins désormais que les avocats peuvent mériter d'être payés plus que les avocates.

    C'est un pas dans la bonne direction afin d'éviter les erreurs de logique élémentaire. Maintenant si vous ne faites que normaliser pour déterminer plus précisément la cause de la disparité, vous finirez par tomber sur le mille et effacer le Gender Pay Gap. Magie!

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