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Pour ou contre le virtuel?

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Emilie Laperrière

2022-08-03 14:15:00

Les tribunaux devraient-ils tenir virtuellement toutes les audiences en droit de la famille? Plusieurs pensent que oui, mais cet avocat n’en est pas convaincu.

Me John Silvester. Source: Le magazine Canadian Lawyer
Me John Silvester. Source: Le magazine Canadian Lawyer
Me John Silvester l’avoue d’emblée : il est peut-être démodé. N’empêche, l’avocat plaide pour la prudence avant d’abandonner les façons traditionnelles de faire des affaires.

Dans un texte d’opinion publié récemment dans le magazine Canadian Lawyer, celui-ci remet en question l’idée selon laquelle, en droit de la famille, toutes les présences au tribunal doivent être présumées virtuelles, à moins que les parties ou le juge n'en conviennent autrement.

Les partisans de cette méthode soutiennent que les audiences virtuelles sont moins coûteuses pour les clients, ce qui améliore l'accès à la justice.

Me Silvester donne pour sa part trois raisons pour lesquelles le passage à un monde juridique presque entièrement virtuel peut s'avérer problématique.

Plus de règlements en personne

Il estime d’abord que les règlements sont plus faciles à conclure lorsque toutes les parties et les avocats se réunissent en personne.

« C'est peut-être juste la nature humaine, mais je trouve que le consensus est plus facile à obtenir lorsque les gens sont assis face à face au lieu de parler à travers un écran d’ordinateur », dit-il.

Le cadre solennel du tribunal tend aussi à motiver les clients à adopter des positions raisonnables, selon lui.

Une tâche plus compliquée pour les avocats de service

Les adeptes du système présumé virtuel semblent également ignorer que la majorité des plaideurs des tribunaux de la famille sont non représentés, souligne Me Silvester.

Ceux qui se représentent seuls peuvent compter sur un avocat de service au tribunal. Or, cette aide n’est pas aussi efficace à distance.

« Mon expérience en tant qu'avocat de service a été que les clients arrivent souvent au palais de justice avec une mallette pleine de documents, mais sans savoir ce qui est pertinent pour leur audience ce jour-là », raconte le vieux routier.

Ce dernier explique qu’un avocat de service en personne peut examiner les documents du client, puis donner des conseils réalistes sur ce que le client peut accomplir ce jour-là. « J'ai du mal à voir comment un avocat de garde à l'autre bout d'un écran Zoom peut offrir le même niveau de service », ajoute-t-il.

L’essentiel contact humain

Le troisième argument de Me Silvester s’appuie sur les interactions humaines. Il croit qu’un monde entièrement virtuel conduirait inévitablement à plus d'isolement pour les membres de la profession.

« L'augmentation de la sensibilisation à la santé mentale pendant la pandémie nous a appris que le monde virtuel ne remplace pas le monde réel », rappelle-t-il.

L’avocat, qui a rencontré amis et mentors dans les couloirs des palais de justice, a d’ailleurs une pensée pour ceux qui viennent d’accéder à la profession. « Je ne peux pas imaginer ce que ça aurait été de commencer par moi-même si j'avais fait toutes mes comparutions devant le tribunal dans le sous-sol de la maison. »

Pour toutes ces raisons, il estime qu’on devrait examiner attentivement toutes les implications avant de passer à la présomption que les tribunaux tiennent toutes les audiences virtuellement.
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1 commentaire

  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a un an
    I concur
    Je suis bien d'accord avec lui, j'en ai marre des auditions par Teams, sauf peut-être pour des questions de gestion non contestées.

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