Me Julien Grenier. Source: LinkedIn
Me Julien Grenier. Source: LinkedIn
Me Julien Grenier, associé chez Lapointe Rosenstein Marchand Melançon à Montréal, siège sur le comité de recrutement de son cabinet et précise que sur les 57 candidats reçus pour une première entrevue, 24 seront retenus pour une deuxième entrevue.

Mais ce n’est pas fini ! Douze de ces 24 candidats seront invités à un cocktail qui n’est pas une étape de recrutement officielle en soi... mais un peu, quand même.

Il faudra faire ses preuves puisqu’à l’issue de ce cocktail, quatre à cinq courseurs décrocheront un stage, prévu en 2025.

Pour Me Grenier, Barreau 2014, la deuxième entrevue est bien différente de la première.

Droit-Inc lui a demandé comment s’y préparer, d’autant que celle-ci sera imminente pour les candidats sélectionnés.

Comment est organisé votre comité de recrutement et comment avez-vous accueilli les dossiers de candidatures cette année ?

Le comité de recrutement est composé de six membres, dont cinq sont avocats ou avocates. On avait reçu au départ entre 100 et 200 candidatures. Dans le fond, on se sépare les candidatures, donc j’en ai analysé une partie.

Elles étaient très bien et il a fallu faire des choix déchirants pour les convocations aux premières entrevues, qui ont lieu depuis le 13 mars. J’ai reçu des commentaires comparables de mes collègues du comité de recrutement.

Les premières entrevues ont lieu avec un membre du comité de recrutement minimum, et un autre avocat ou une autre avocate du cabinet. Les deuxièmes entrevues débutent le 16 mars.

Quand on s’est déjà bien préparé à la première entrevue, que faire de plus pour la deuxième ?

Chez nous, la deuxième entrevue se passe avec tous les membres du comité de recrutement, donc cinq à six personnes. Il y aura donc redondance d’au moins une personne, celle qui aura passé le candidat en première entrevue.

Aussi, je dirais que le candidat doit concentrer ses efforts sur les autres membres. Car il s’est déjà vendu auprès de la personne qui l’a convoqué en deuxième entrevue.

La préparation n’est pas la même, car il faut vraiment se renseigner sur ces autres membres du comité.

Une autre chose, c’est qu’on passe beaucoup de premières entrevues de façon virtuelle alors que la deuxième entrevue se fait en personne. Il y a donc une façon de se présenter et d’aborder l’entrevue qui est différente.

Il faut aussi savoir que l’entrevue va être plus longue que la première et qu’à la fin, on laisse une porte aux candidats pour poser des questions sur nos pratiques ou sur le cabinet.

C’est important de penser à des questions différentes de celles qu’ils ont pu poser la première fois. C’est une erreur qu’on voit parfois, les candidats nous posent les mêmes questions qu’à la première entrevue. Ce n’est pas idéal.

Je pense aussi qu’après une première entrevue, on en connaît un peu plus sur le cabinet, on peut donc approfondir encore plus cela.

C'est vraiment important de se renseigner très précisément sur tous les membres qu’ils auront en face d’eux ?

Tout à fait, ça permet de comprendre les pratiques d’un peu tout le monde, de celles du cabinet, et d’adapter leurs questions et leur façon d’appréhender le tout.

Vous allez vous concentrer sur leur intérêt réel pour le cabinet plus que sur leur profil que vous connaissez déjà ?

Nous allons vraiment prendre le temps de connaître le candidat pour chercher le « fit ». C’est pour ça qu’autant de membres du comité de recrutement sont présents.

Nous allons aussi avoir plus de temps pour aborder certains thèmes, ou poser plus de questions dans l’autre langue du candidat.

Si la langue maternelle du candidat est le français, on va souvent essayer de poser une ou deux questions en anglais lors de la première entrevue.

Mais lors de la deuxième, on va pousser encore plus loin cet exercice-là pour voir un peu plus les capacités de bilinguisme des candidats. Ce n’est pas essentiel, mais c’est un atout.

Cela peut être l’inverse, si la langue maternelle du candidat est l’anglais, on veut s’assurer qu’il a une bonne maîtrise du français.

Qu’est-ce qui va vraiment faire la différence pour cette étape ?

Ça va vraiment être au niveau de la personnalité, du savoir-être, des objectifs, des ambitions, des qualités et du charisme de la personne.

Nous nous attardons un peu moins au dossier académique et au CV pendant la deuxième entrevue, car la candidature a déjà été analysée deux fois plutôt qu’une.

Si vous étiez à la place de ces courseurs en dernière ligne droite, que feriez-vous ? Faut-il encore réviser, ou se reposer ?

Je pense que c’est une question d’équilibre. Ça vaut la peine de se préparer, mais il faut aussi prendre du temps pour soi, pour être frais et dispo pour l’entrevue. C’est aussi quelque chose qu’on va remarquer.

Je leur donnerai le même conseil que ce qu’un avocat de litige applique en procès. Il faut à la fois finaliser sa préparation et se reposer pour être dans un bon état d’esprit physique et mental.

Que se passe-t-il après la deuxième entrevue ?

Il y a un cocktail, qui fait son grand retour après la pandémie. Il aura lieu le 22 mars et nous allons donc convoquer 12 candidats. Je n’ose pas dire que c’est une troisième entrevue, mais c’est un peu ça.

Il y a plusieurs membres du cabinet qui seront là, des associés, des avocats, des stagiaires... Tous les professionnels qui participent au cocktail feront ensuite leurs recommandations au comité de recrutement.

Comment faut-il se comporter pendant ce cocktail ?

Il faut être naturel, essayer de parler à la plus grande quantité de personnes présentes, ne pas passer trop de temps avec une ou deux personnes...

Parfois, des candidats sont convoqués à plusieurs cocktails ce soir-là et je leur conseillerais de prendre une décision, celle d’aller à l’un ou à l’autre. S’ils vont à la moitié de l’un et la moitié de l’autre, ce n’est pas idéal.

La compétition est rude, beaucoup de candidats vont être déçus, surtout après avoir passé ces étapes, de ne pas décrocher de stage. Que leur diriez-vous ?

De ne pas désespérer, on peut faire son stage dans un cabinet qui n’est pas signataire de la Course. Être sélectionné pour une première entrevue, c’est déjà un exploit en soi. Il faut progresser et cheminer.