Amanda Rodrigues hérite de toute la fortune d'Arturo Gatti

C'est ce que la juge Claudine Roy a décidé, vendredi après-midi, au palais de justice de Montréal, dans son jugement sur le procès entourant la fortune de l'ex-champion boxeur, évaluée à 3,4 millions $.

Amorcé au début septembre, ce procès fort en déclarations-chocs et en rebondissements avait pris fin le 20 octobre.

La mère (Ida Gatti), le frère (Fabrizio) et l'ex-amie de cœur du boxeur (Erika Rivera, mère de Sofia Gatti) contestaient la validité du testament qu'a signé Arturo devant le notaire montréalais Bruce Moidel le 17 juin 2009. L'ex-champion mondial avait légué toute sa fortune à sa femme, Amanda Rodrigues.

L'athlète de Montréal est mort trois semaines plus tard, alors qu'il était en voyage au Brésil avec son épouse et leur fils Arturo Jr, maintenant âgé de trois ans.

La police a conclu à un suicide par pendaison après avoir détenu la veuve comme suspecte pendant plus de deux semaines.

Attaquée par les demandeurs

Les demandeurs plaidaient que la Brésilienne de 25 ans est « indigne » de l'héritage en raison de son comportement de « diva colérique et manipulatrice ». Des amies du boxeur ont notamment affirmé au procès qu'Amanda aurait dit qu'elle montrerait à son mari qu'elle était « la pire des bitches » et qu'elle le tuerait.

La famille Gatti prétendait aussi que la veuve aurait fait chanter le pugiliste pour qu'il en fasse la seule bénéficiaire de ses actifs à son décès. Ils revendiquaient leur part en invoquant l'existence d'un autre testament, ratifié en avril 2007, mais dont la version originale et signée n'a jamais retrouvée.

Quatre choix possibles

La juge Roy devait trancher entre quatre scénarios de décision possibles.

Amanda Rodrigues devait toucher 100 % de la fortune si la juge confirmait la validité du testament de 2009. La somme devait aller aux demandeurs – qui avaient témoigné qu'ils la redonneraient à Sofia Gatti – si le document de 2007 prévalait. Si la juge décidait d'annuler le testament de 2009 tout en écartant aussi celui de 2007, l'héritage aurait alors été partagé en trois parties égales entre Mme Rodrigues, son fils et la fille d'Erika Rivera. La juge pouvait finalement décider que les deux testaments n'avaient aucune valeur légale et que la veuve était indigne de bénéficier de l'héritage. Dans ce dernier cas, c'est Arturo Jr qui aurait eu droit aux deux tiers de la fortune, tandis que le premier enfant d'Arturo Gatti se serait vu octroyer le reste.

En vertu des lois québécoises, Amanda Rodrigues était à tout le moins assurée de la moitié du patrimoine familial du couple qu'elle formait avec l'athlète, mort à 37 ans, dont un condo de 510 000 $ sur la rue de Castelnau, à Montréal.

Mariage orageux

Le couple a vécu une union orageuse. Arturo Gatti, retraité de la boxe professionnelle peu après son mariage au printemps 2007, avait contacté une avocate pour entreprendre des procédures de divorce, en mai 2009. Accusé de violence conjugale à l'endroit de la défenderesse, il habitait souvent chez sa mère et s'était acheté un condo, pour y emménager seul.

Les avocats d'Amanda Rodrigues rétorquaient que le clan Gatti n'avait « pas un iota de preuve » que la veuve aurait manipulé le boxeur. Ils rappelaient que le couple s'est offert une seconde lune de miel en Europe dans les heures suivant la ratification du testament.

Selon la défense, la Brésilienne n'était peut-être « pas l'épouse parfaite », mais les nombreuses disputes du couple tournaient toujours autour de la même raison, soit les problèmes d'alcool d'Arturo et ses sorties nocturnes dans les bars.