Pratiquer en solo

« Je gagne en moyenne 100 000 $ par année »

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Céline Gobert

2012-02-15 15:00:00

À 50 ans, il est reparti de zéro pour entamer des études de droit et devenir avocat en solo. De l’UQAM au Palais de Justice, beaucoup d’embûches. Et au final : un rêve qui se réalise. Il se confie à Droit-Inc…

Face au Palais de Justice de Montréal, Me André Champagne occupe un bureau, où quatre avocats au total exercent à leur compte.

Une belle victoire pour celui qui n’a été assermenté qu’il y a cinq ans et qui se définit lui-même comme «un jeune avocat, pas d’âge mais de la pratique».

En 2000, André Champagne, aujourd'hui 59 ans, a repris ses études pour devenir avocat
En 2000, André Champagne, aujourd'hui 59 ans, a repris ses études pour devenir avocat
Un avocat de 59 ans, pourtant, qui n’a pas hésité une seule seconde à repartir de zéro en 2000 pour pouvoir réaliser son rêve : devenir avocat. Un rêve omniprésent dans sa tête depuis 30 ans.

Cet ancien directeur dans l’immobilier qui gagnait alors 60 000 $ par année et habitait « une maison à 5 millions à Westmount » - qui appartenait à son ex-conjointe -, se retrouve du jour au lendemain dans une «piaule d’étudiant».

Avec une équivalence de secondaire 5, il rejoint les bancs de l’UQAM et commence alors un étonnant parcours du combattant qui durera 7 années : étudiant libre, certificat, bac, stage à Val d’Or en Abitibi-Témiscamingue, et enfin le Barreau.

«Le plus dur, ce fut de perdre mon standing de vie et de recommencer comme étudiant, mais je n’ai pas de mérite : je faisais ce que j’aimais le plus au monde», se souvient-il humblement.

Pour subvenir à ses besoins et financer ses études, il livre des meubles pour une compagnie de déménagement, un job à 10 $ de l’heure. Malgré son travail, il échoue trois fois au Barreau.

Pourtant, pas question pour lui d’abandonner. Ce qui l’a sauvé ? «La dé-ter-mi-na-tion», dit-il. Et un mantra qu’il poursuit avec entêtement : «préparation, organisation, contrôle».

Aujourd’hui, il croule sous les mandats, travaille 7 jours par semaine et 12 heures par jour.

Il gagne en moyenne 100 000 $ par an.

«Cela valait la peine de le faire. Je n’ai jamais regretté car j’aime ça comme un malade mental : le droit, le droit, le droit, je ne fais que ça», confie-t-il.

Consécration

Son expérience de travail lui offre une expertise conséquente en matière de droit immobilier, les mandats pour vices cachés constituent l’essentiel de son quotidien.

Aussi, il exerce en droit du travail et fait un peu de criminel. CSST, CLP, d’un côté, état d’ébriété, vol à l’étalage, de l’autre. Mais «pas de crimes sales, dit-il, je refuse de m’occuper d'affaires à connotation sexuelle».

Son passé en informatique et son expérience de gestionnaire contrôle de qualité dans une compagnie d’assurances, lui offrent des qualités rares : un sens aigu de l’écoute et une fine compréhension des besoins du client.

«Ce qui me distingue des autres avocats, c’est que les clients peuvent m’appeler 24 heures sur 24, que l’on soit samedi, dimanche, qu’il soit 3 heures du matin ou non», explique-t-il.

Ainsi, il n’a besoin d’aucune publicité; sa clientèle se bâtit uniquement sur le bouche à oreille.

«L’honorable Me Michel Girouard de la Cour Supérieure en Abitibi, m’a donné le meilleur conseil qui soit : la meilleure publicité que l’on puisse avoir c’est de gagner des causes.»

Le client, l’humain est au centre de son affaire et de ses préoccupations. Pour «réduire les coûts pour le client», il applique des forfaits fixes. Ainsi, un vice caché coûtera 4000 $, une comparution au tribunal 350 $, et un procès 2000 $.

Nombre d’appels ? Nombre de rencontres ? Illimité, «aucune charge en plus», précise-t-il.

Tous les jours, fins de semaine comprises, Me Champagne est disponible à son bureau.

La retraite ? Il n’y pense même pas ! Peut-être l’occasion pour lui d’aller en Chine, pratiquer en droit de l’immigration et rejoindre son épouse et sa petite fille de deux ans qui se trouvent actuellement à Shanghai, le temps d’obtenir certains papiers administratifs réglementaires.

«Sans vouloir me vanter, Je n’ai jamais vu quelqu’un de mon âge avec un tel cheminement, retourner aux études pour aller passer le Barreau», dit-il.

Et «l’immense satisfaction personnelle» qui en découle, n’a visiblement pas de prix.
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