Ipex a invité Robert Marcil à un voyage de chasse

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La Presse Canadienne

2012-11-26 10:52:00

Le fabricant de tuyaux Ipex a invité le chef de la division voirie de la Ville de Montréal, Robert Marcil, à un voyage de chasse en 2005, a indiqué lundi le directeur des ventes d'Ipex, Michel Cadotte.

Michel Cadotte a précisé que c'est Ipex qui avait déboursé les frais du forfait de chasse au cerf.
Michel Cadotte a précisé que c'est Ipex qui avait déboursé les frais du forfait de chasse au cerf.
Devant la Commission Charbonneau, M. Cadotte a précisé que c'est Ipex qui avait déboursé les frais du forfait de chasse au cerf de Virginie à Saint-Rémi d'Amherst. Bien qu'il ait été invité deux fois, M. Marcil n'y est allé qu'une fois, étant déjà pris lors de la seconde invitation.

Le directeur des ventes a aussi invité M. Marcil au restaurant quatre fois.

M. Cadotte tentait de vendre ses tuyaux d'égouts en PVC à la Ville de Montréal, puisque l'entreprise vend ses tuyaux dans la majorité des villes du Québec _ et même ailleurs au Canada _ mais pas à Montréal.

Après lui, un autre entrepreneur du secteur des égouts, Jean Théorêt, des Entreprises Gérald Théorêt, a confirmé qu'à l'extérieur de Montréal, au Québec "c'est 95 pour cent en PVC".

Pourtant, Ipex est établi à Saint-Laurent et à l'île des Soeurs, donc à Montréal. Montréal utilise encore des tuyaux de "fonte ductile", qui sont sujets à la corrosion et peuvent fendre lors des mouvements de sols et des cycles de gels et dégels, a affirmé M. Cadotte.

En contre-interrogatoire, l'avocat de la Ville de Montréal, Martin St-Jean, a tenté de démontrer par ses questions que la Ville pouvait avoir différents motifs pour préférer utiliser les tuyaux de fonte.

Me St-Jean a aussi fait valoir que dans sa directive permettant l'utilisation de tuyaux en PVC d'Ipex, en 2006, M. Marcil avait mentionné qu'il suspendait "pour une période indéterminée" l'utilisation de tuyaux en fonte. Selon Me St-Jean, il est donc possible que le recours aux tuyaux en PVC n'ait été voulu que de façon temporaire.

La semaine dernière, M. Cadotte avait témoigné du fait que l'utilisation de ses tuyaux en PVC avait cessé après qu'il eut refusé de donner 150 000 $ en argent comptant à l'entrepreneur en construction Nick Milioto pour "récompenser" trois personnes à la Ville de Montréal. "Je savais que c'était la fin pour nous autres", a-t-il résumé.

La présidente de la commission, France Charbonneau, a cherché à savoir pourquoi Ipex trouvait inacceptable de donner 150 000 $ pour réussir à percer le marché montréalais avec ses tuyaux, mais était prête à payer un voyage de chasse à un haut fonctionnaire et des repas au restaurant.

M. Cadotte a expliqué qu'il n'y a pas de reçu avec un don en argent comptant, alors que pour les voyages de chasse et repas au restaurant, Ipex disposait de reçus, puisque de tels frais étaient prévus dans le compte de dépenses de la compagnie.

"Diriez-vous, maintenant, avec tout ce que vous apprenez, tout ce qui se dit, que c'est éthiquement correct?" d'avoir ainsi invité un haut fonctionnaire de la Ville de Montréal et de payer le voyage et les repas, lui a demandé la juge France Charbonneau.

"Non. Je pense qu'on peut se permettre ça avec des distributeurs, les entrepreneurs, mais avec des gens de la Ville, avec des élus, je pense que c'est une erreur. Je n'ai pas honte de le dire: 'c'est une erreur"', a conclu M. Cadotte.

Il a également indiqué que des représentants de l'entreprise ont participé à deux activités de financement du parti Union Montréal, notamment l'une en présence du maire Gérald Tremblay en 2003. M. Cadotte lui-même est allé à cette première activité, à l'invitation de Genivar. Le billet coûtait entre 1000 $ et 1500 $, et ce n'est pas lui qui a émis le chèque mais plutôt Ipex, pour la firme de génie Genivar, a-t-il témoigné.

Il avait alors sensibilisé le maire Tremblay au fait qu'il n'arrivait pas à percer le marché montréalais avec ses tuyaux en PVC.

Pour la deuxième activité de financement, en 2003 ou 2004, ils étaient quatre représentants d'Ipex pour un souper au buffet Le Rizz. Les billets coûtaient 500 $ par personne et M. Cadotte ignore comment cela a été payé au parti politique.

L'autre entrepreneur, M. Théorêt, a à son tour raconté que sa machinerie lourde et une roulotte de chantier avaient été vandalisées après qu'il eut obtenu un contrat à Montréal. Un autre entrepreneur lui avait précédemment demandé de ne pas soumissionner; il avait refusé. De même, une pelle mécanique neuve valant 208 000 $ a été incendiée sur ce même chantier.

Pour un autre contrat à Montréal en 2003, il s'est également fait appeler par un autre entrepreneur qui lui servait la même "rengaine": il n'a pas d'affaires là; le chantier lui est réservé. Il s'est aussi fait offrir 25 000 $ pour ne pas soumissionner, mais a refusé et a remporté l'appel d'offres.

Cette fois, il a eu affaires à un inspecteur de la Ville, Guy Girard, qu'il a qualifié de "zélé" et qui exigeait notamment un taux de compaction du sol de 92 pour cent, et non de 91,5, a-t-il témoigné. Ce fonctionnaire lui aurait même subtilement souligné "qu'il avait besoin de pneus d'hiver pour son auto", ce que l'entrepreneur a refusé de payer. À la fin de l'exécution du contrat, l'inspecteur a demandé d'être sorti dans un grand restaurant de Montréal aux frais de l'entreprise. M. Théorêt a quand même accepté pour se "débarrasser" et a payé 300 $ ou 400 $ pour trois personnes.

Pause des Fêtes

Par ailleurs, la Commission a fait savoir dès l'ouverture des audiences de lundi qu'elle suspendrait les travaux après la fin de cette semaine. Elle ne reprendra ses audiences que le 21 janvier finalement, a fait savoir la procureure chef, Sonia Lebel.

La commission devait siéger durant deux semaines en décembre et reprendre ses travaux le 14 janvier. Me Lebel a exceptionnellement répondu aux questions des journalistes, lundi, admettant que ce délai était en partie justifié par les départs de procureurs, à savoir celui du procureur chef Sylvain Lussier et celui du procureur chef adjoint Claude Chartrand.

Elle a toutefois nié qu'il y ait un lien avec le fait que la Sûreté du Québec et la Gendarmerie royale du Canada aient tardé à remettre des dossiers demandés par la commission.

Elle a justifié ce report par le fait que la commission tenait à être bien préparée pour la suite des audiences.
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