L’avocate qui coache les étudiants!

Me Jessica Céré, avocate chez Alepin Gauthier, consacre depuis 2022 une partie de son activité au coaching, en accompagnant les étudiants en droit.

Son travail porte sur plusieurs aspects : apprendre à mieux gérer le stress, se préparer efficacement aux examens, maîtriser différentes techniques d’apprentissage, et surtout organiser son emploi du temps.

« En droit, il y a beaucoup de choses à faire, et mon rôle est d’aider chacun à structurer son horaire pour rester productif tout en préservant sa santé mentale », nous assure l’avocate.

En parallèle, elle continue ses activités de recherche, ce qui lui permet d’explorer différents projets et domaines.

Comment coache-t-elle les étudiants? Quels outils ou méthodes privilégie-t-elle pour les aider à mieux s’organiser, et quelles sont les erreurs les plus fréquentes dans leur organisation? On a jasé avec elle.

Comment cette envie de coaching est-elle née?

L’idée m’est venue en faisant du tutorat. Très rapidement, je me suis rendu compte que les étudiants me posaient tous le même type de questions, et souvent, elles n’étaient pas directement liées au droit.

Pendant les séances, je travaillais surtout sur la matière juridique mais on finissait souvent par aborder d’autres sujets : l’organisation, la gestion du stress, les méthodes de travail…

Je me suis alors rendu compte que le vrai défi pour les étudiants n’était pas tant d’apprendre la matière, mais de gérer tout ce qui l’entoure. C’est à partir de cette observation que j’ai eu l’idée de créer des formations pour les étudiants en droit qui ne portent pas sur le droit lui-même, mais sur tous les aspects pratiques et psychologiques nécessaires pour réussir et rester serein.

Concrètement, comment se déroule un coaching?

La première séance est exploratoire. L’objectif est de comprendre les besoins de l’étudiant, ses difficultés et ses objectifs, afin d’établir un plan d’action personnalisé.

Je propose soit des séances à l’unité, soit un accompagnement sur le long terme. Beaucoup d’étudiantes et d’étudiants me rencontrent une à deux fois par semaine et m’envoient leur emploi du temps, que nous optimisons ensemble pour le rendre plus efficace.

Nous faisons souvent des rencontres avant l’admission ou avant les examens, et je propose également des modules sur la gestion du stress. En complément, j’ai des formations préenregistrées que je recommande aux étudiants de suivre avant de commencer le coaching, pour construire progressivement leurs compétences et leur organisation tout au long de leur cursus universitaire.

Quels sont les enjeux principaux pour les étudiants et quelles problématiques reviennent le plus souvent selon vous?

Sans hésitation, le problème principal, c’est qu’il y a trop à faire et pas assez de temps. C’est pour cette raison que je travaille beaucoup sur la gestion du temps et l’organisation de l’agenda. Le même défi se retrouve pour les jeunes juristes en début de carrière : il y a énormément de tâches à accomplir, et il faut apprendre à prioriser et à être efficace pour ne pas se sentir submergé.

Selon vous, quelles sont les erreurs récurrentes que font les étudiants et qui les empêchent de bien gérer leur temps?

L’erreur la plus fréquente, c’est de ne pas savoir quoi faire et quand le faire. Par exemple, un étudiant peut prévoir de travailler samedi matin de 9h à 13h, mais s’asseoir sans avoir défini précisément ses tâches. Il perd alors un temps précieux à se demander par où commencer, ce qui brise son momentum.

Je recommande toujours de planifier à l’avance. Idéalement, les étudiants devraient consacrer une ou deux heures dans la semaine, par exemple le dimanche soir, pour définir ce qu’ils vont faire précisément : lire un chapitre, analyser une décision, revoir leurs notes, etc. Ainsi, quand ils s’installent pour étudier, ils peuvent se concentrer immédiatement sur la tâche, sans perdre de temps à se poser des questions.

Si vous deviez donner deux ou trois grands conseils pour bien gérer un cursus universitaire, que conseilleriez-vous à un étudiant ou à une étudiante?

D’abord il faut privilégier l’efficacité plutôt que la quantité. Beaucoup d’étudiants en droit passent des heures à étudier, mais ce n’est pas toujours productif. Par exemple, rester devant un livre à 22h juste pour lire, sans réellement assimiler, est souvent du temps perdu.

Il est essentiel de prendre des pauses et d’accepter que le cerveau a besoin de repos. Prendre du temps pour soi ne signifie pas manquer de sérieux : cela permet de réduire le stress et d’étudier de manière plus efficace.

Et puis je dirais, ne pas se comparer constamment aux autres : le domaine juridique est très compétitif, mais les notes parfaites et les concours ne déterminent pas la réussite professionnelle.

Une fois que l’on sort de la faculté, ce qui compte réellement, c’est ce que l’on fait dans sa carrière. Il n’est donc pas nécessaire de se sentir coupable ou de se mesurer en permanence aux autres. L’important est de progresser à son rythme et de maintenir un équilibre entre travail et bien-être.

La santé mentale est un sujet de plus en plus évoqué dans le domaine juridique. Ressentez‑vous des avancées ou une prise de conscience chez les étudiants et jeunes juristes concernant l’importance de leur bien-être?

Sur le terrain, je ne constate pas encore de changements concrets et significatifs. En revanche, le discours autour de la santé mentale évolue, et c’est déjà une étape importante. Le fait d’en parler plus ouvertement finira par avoir des impacts concrets.

Certaines facultés semblent accorder plus d’attention à cette question depuis deux ans, ce qui est probablement lié à l’impact de la COVID.

Les facultés ont un rôle clé à jouer pour créer un environnement moins compétitif et plus inclusif, permettant à chaque étudiant de trouver sa place dans le monde du droit dès le départ.