Un nouveau boss pour Osler!

Sonia Semere
2025-06-25 15:00:40
Osler a un nouveau boss à Montréal. On a jasé avec l’ancienne associée directrice et son successeur pour mieux comprendre les enjeux autour de cette nomination…
Du changement chez Osler. Après huit ans à la direction du bureau montréalais, Sandra Abitan cède sa place à François Paradis.

Avocat de renom en droit des affaires, François Paradis a une pratique qui couvre plusieurs aspects du droit des sociétés et des valeurs mobilières, avec une expertise particulière en financement d’entreprises, fusions et acquisitions, et gouvernance des sociétés.
« Son expertise et son parcours dans des dossiers parmi les plus complexes auprès de nos clients font de lui le candidat idéal pour ce rôle », a déclaré Doug Bryce, associé-directeur national d'Osler.
Quels sont les moments marquants du mandat de Sandra Abitan ? Quels conseils a-t-elle transmis à son successeur pour réussir dans un environnement en perpétuelle mutation? Quels sont les défis qui attendent François Paradis dans le contexte économique québécois actuel? Droit-inc a échangé avec les deux avocats.
Me Sandra Abitan, quel bilan dressez-vous de vos années à la tête du bureau de Montréal?
Sandra Abitan : Ces dernières années ont été marquées par une forte croissance : nous avons pratiquement doublé les effectifs en huit ans, ce qui témoigne d’une belle vitalité et d’un positionnement renforcé au sein du marché québécois. Malgré les défis de la pandémie, le télétravail et le retour progressif au bureau, nous avons continué à croître, tant de façon organique qu’à travers l’arrivée de nouveaux talents latéraux.
Cette période a aussi été l’occasion de déménager dans de nouveaux locaux en 2024, un espace moderne et à la hauteur de nos ambitions. Enfin, ce chapitre a été pour moi à la fois professionnellement stimulant et personnellement marquant. Je quitte la direction du bureau avec une grande fierté du chemin parcouru, des équipes en place et des mandats d’envergure que nous avons réalisés dans tous nos domaines de pratique.
Vous avez mentionné les succès du bureau montréalais. Quelles sont, selon vous, les plus grandes réussites de ces dernières années?
Sandra Abitan : Je dirais que l’une de nos plus grandes réussites, c’est sans contredit la croissance du bureau. En huit ans, nous avons presque doublé le nombre d’avocats, un accomplissement majeur rendu possible grâce à un travail d’équipe soutenu. Nous avons su attirer les meilleurs talents, tant chez les étudiants que chez les avocats d’expérience, tout en bâtissant une équipe exceptionnellement compétente.
Mais au-delà des chiffres, ce dont je suis le plus fière, c’est d’avoir su préserver et renforcer notre culture d’entreprise. Chez nous, l’excellence va de pair avec l’engagement humain. Nous passons beaucoup de temps ensemble au bureau, et il est essentiel de cultiver un environnement respectueux, où les gens s’apprécient, collaborent et partagent des valeurs communes. C’est cette culture forte et authentique qui, selon moi, fait la force du bureau de Montréal.
Dans le cadre de la transition de leadership, quels conseils avez-vous transmis à François Paradis?
Sandra Abitan : J’ai eu le privilège de travailler aux côtés de François depuis presque 24 ans. La passation s’est donc faite tout naturellement, car il incarne déjà, depuis longtemps, les valeurs d’Osler. Il a grandi dans ce bureau, et cette culture fait partie intégrante de son ADN professionnel. François est un avocat exceptionnel, doté d’un jugement remarquable, d’un grand leadership, et d’une relation de confiance solide avec ses clients. Il sait que notre rôle va bien au-delà de l’aspect purement juridique : il s’agit aussi d’être un conseiller stratégique. Et il excelle dans cet équilibre.
Le conseil que je lui ai transmis, c’est de ne jamais sous-estimer l’impact que l’on peut avoir sur les gens. En tant que leader, nos décisions influencent non seulement les dossiers, mais aussi le parcours de nos collègues. Il faut en être conscient et toujours agir avec intégrité et vision.
De votre côté, Me François Paradis, comment envisagez-vous l’évolution du bureau de Montréal dans les prochaines années. Quels sont les principaux défis du marché juridique québécois?
François Paradis : Notre priorité, c’est de bâtir sur l’élan actuel. Le bureau de Montréal est solide, et mon objectif est de tirer parti de cette force pour renforcer notre ancrage auprès de la communauté d’affaires du Québec.
Nous allons continuer à recruter de façon ciblée, mais toujours stratégique. Chaque ajout devra s’inscrire dans une logique de valeur ajoutée, comme ce fut le cas récemment dans des secteurs clés comme les technologies, l’immobilier ou encore la protection des renseignements personnels.
Il ne s’agit pas de croître pour croître, mais de consolider nos expertises là où c’est pertinent pour nos clients. Les défis sont nombreux, notamment en raison d’un contexte macroéconomique et politique instable. Cela nous oblige à rester agiles, à bien comprendre les enjeux de nos clients et à les accompagner dans un environnement en pleine transformation.
Sur le plan technologique, Osler est déjà très bien positionné. L’intelligence artificielle, notamment, amène son lot de changements. L’objectif sera de continuer à intégrer ces outils intelligemment, tout en formant et en accompagnant la relève pour qu’elle sache les utiliser de façon efficace et responsable.
Vous êtes reconnu pour votre expertise en marchés financiers et en transactions transfrontalières. Quelles tendances observez-vous actuellement au Québec dans ces domaines, et comment le cabinet se positionne-t-il?
François Paradis : D’abord, je tiens à préciser que je vais maintenir ma pratique à temps plein en parallèle de mes fonctions de directeur du bureau. C’est important pour moi de rester connecté au marché, aux clients, et je crois sincèrement que les deux rôles se nourrissent l’un l’autre.
Du côté des tendances, la gouvernance d’entreprise est un enjeu majeur au Québec. On observe une sophistication accrue dans la manière d’aborder ces questions, et notre approche canadienne, souvent plus rigoureuse que celle des États-Unis, est un atout pour nos clients. Peu importe le type de dossier ou la structure de gouvernance, ce sujet est devenu incontournable.
Par ailleurs, les transactions transfrontalières avec les États-Unis demeurent très présentes, malgré un climat politique parfois tendu. Les économies canadienne et américaine sont profondément intégrées, et notre connaissance des différences réglementaires et commerciales entre les deux pays nous permet d’offrir une vraie valeur ajoutée à nos clients. Que ce soit en matière de tarifs douaniers, de cybersécurité ou de conformité, notre bureau est particulièrement bien positionné pour répondre à ces enjeux, grâce à l’expérience accumulée et à la collaboration étroite entre nos équipes.
Y a-t-il des secteurs ou des domaines de pratique que vous ciblez comme leviers de croissance pour les prochaines années?
François Paradis : D’abord, le repreneuriat, le transfert d’entreprises d’une génération à une autre, représente un enjeu de taille pour l’économie québécoise, et nous sommes très actifs sur ce front. L’arrivée de Pierre Fitzgibbon chez Osler a d’ailleurs renforcé notre position, lui qui est très engagé sur cette question. La collaboration entre lui et notre équipe est déjà très fructueuse.
Un autre domaine en croissance, c’est celui des technologies d’électrification et des minéraux critiques. Ce sont des sujets stratégiques pour le Québec, et nous sommes déjà mobilisés sur ces enjeux.
Je suis aussi très fier de notre implication dans le secteur de la défense. C’est un secteur en pleine effervescence, avec des investissements publics majeurs à venir, et nous avons les équipes pour répondre aux besoins de nos clients.
Dans un contexte où l’attraction et la rétention des talents sont plus cruciales que jamais, comment le cabinet se positionne-t-il sur cette question?
François Paradis : La rétention des talents passe d’abord par un élément intangible mais fondamental : la culture du cabinet. Chez Osler, nous avons une culture profondément humaine, bienveillante, marquée par le respect et l’écoute.
Notre esprit entrepreneurial est également un atout majeur. Le bureau de Montréal existe depuis près de 25 ans, et ceux d’entre nous qui ont grandi ici ont développé leur pratique avec une vraie fibre de bâtisseur. C’est une mentalité qui résonne fortement chez les jeunes talents que nous recrutons : on leur offre les outils, le soutien et la latitude nécessaires pour qu’ils puissent se développer pleinement et façonner leur propre trajectoire.
Au-delà de la culture, nous investissons beaucoup dans le mentorat, la formation continue, et l’adaptation aux nouvelles réalités du marché. L’évolution rapide des technologies, notamment l’arrivée de l’intelligence artificielle, exige des formations solides, et notre objectif est clair : en offrir plus que nos concurrents. Nos professionnels doivent sentir qu’ils ont tout en main pour réussir.
C’est cette combinaison entre culture forte, esprit entrepreneurial et excellence dans l’accompagnement qui nous permet non seulement d’attirer les meilleurs, mais surtout de les garder.