Action collective à 10 millions $ contre des administrations scolaires montréalaises
Didier Bert
2023-02-16 10:15:00
Le demandeur est un jeune quadragénaire désigné sous l’initiale C. afin de préserver son anonymat. Il allègue avoir été agressé sexuellement par Phillip Hart Baugniet, quand il était élève à l’école FACE. L’agresseur présumé a fondé l’école Formation Artistique au Cœur de l’Education (FACE), après avoir dirigé l’école Victoria au début des années 1970. Il a dirigé l’école FACE de 1975 à 1991.
La demande d’autorisation d’une action collective a été déposée devant la Cour supérieure par Me Jérémie Longpré, Me David Stolow et Me Pierre Boivin, du cabinet Kugler Kandestin.
C. a été scolarisé à l’âge de 5 ans à l’école FACE en 1986. Il est resté élève de cette école durant trois années. Lors de sa deuxième année, C. est invité à participer à un voyage organisé par l’école qui se déroule dans la ferme de Phillip Hart Baugniet, à Cornwall en Ontario.
Les élèves invités dorment dans de petites huttes installées sur le terrain de la ferme. C’est lors de la première nuit que Phillip Hart Baugniet pénètre dans la hutte où dort C. et l’agresse sexuellement.
« Soudainement, Baugniet entre de façon silencieuse dans la hutte et s’approche de C. Aucun enseignant ne se trouve alors dans la hutte.
Baugniet s'accroupit près de C. et commence à lui toucher les parties génitales en lui disant que cela «le garderait au chaud ». Encore aujourd'hui, C. se souvient de la douleur qu'il ressentait alors que Baugniet lui touchait les parties génitales, irritant son prépuce.
Après avoir touché les parties génitales de C., ce dernier voit Baugniet répéter les mêmes gestes sur un autre élève dormant dans la hutte. Baugniet quitte ensuite la hutte », indique la demande d’autorisation d’une action collective.
Le lendemain, le directeur de l’école fait comme si rien ne s’était passé. Et les agressions continueront, allègue le demandeur.
Impacts dévastateurs
À l’hiver 1990-1991, alors que C. se retrouve dans la maison de Phillip Hart Baugniet à Montréal, le directeur de l’école FACE l’agresse à nouveau, dans la chambre de bain.
Ces abus ont eu par la suite « des impacts dévastateurs sur C ». Devenu adolescent, celui-ci se plonge dans la consommation d’alcool et de drogue. Il devient « extrêmement méfiant envers l'autorité et les autres », et finit par se retrouver isolé. Le demandeur se tourne vers les drogues dures à l’âge de 17 ans, et développe une insomnie chronique qui l’affecte toujours. Il se trouve aux prises avec des dépendances d’ordre sexuel, et doit suivre une thérapie pour contrôler des épisodes de rage et de colère. Il ne parviendra pas à rester dans un emploi stable jusqu’à l’âge de 31 ans.
Les agressions sexuelles reviennent le hanter, notamment en se manifestant par une consommation excessive d’alcool qui finit par ruiner son mariage, selon lui.
Aujourd’hui, C. souffre de dépression et d’anxiété sévère. Il ressent de la honte, de la culpabilité et de la rancœur.
La demande cite le cas de trois autres anciens élèves de l’école Victoria, qui ont subi des agressions sexuelles de Phillip Hart Baugniet, et qui en subissent depuis des effets dévastateurs.
Phillip Baugniet réside présentement en Colombie-Britannique, précise la demande.
Les différentes réformes scolaires menées par le gouvernement du Québec ont conduit à transférer la responsabilité et la propriété de l’école Victoria à la Commission scolaire English-Montréal, tandis que l’administration et la direction de l’école FACE ont été transférées conjointement au Centre de services scolaire de Montréal et à la Commission scolaire English-Montréal.
Le demandeur demande à être désigné représentant des membres du groupe, tel que constitué: « toutes les personnes agressées sexuellement alors qu’elles étaient mineures par Phillip (Hart) Baugniet alors qu'il était directeur de l’école Victoria (Victoria School) ou de l’école FACE, à Montréal, ou y occupait une fonction d’enseignement, de direction ou de supervision, de même que la succession de telles personnes si décédées depuis le 21 août 2019. »
Au nom du groupe, C. réclame le versement de dommages-intérêts punitifs et exemplaires d’un montant de 10 millions de dollars, ainsi que 1,2 million de dollars au demandeur pour dommages pécuniaires et non pécuniaires.