Bilinguisme : le Barreau propose de régler le dossier hors cour
Céline Gobert
2018-05-29 13:30:00

« Le Barreau adopte une position qu’on veut raisonnable. On propose une suspension des procédures pendant qu’il y a négociation avec le gouvernement », explique à Droit-inc le bâtonnier Paul-Matthieu Grondin. « L’assemblée générale nous a appris quelques leçons. »
Selon Me Grondin, qui a par ailleurs adressé une lettre à ses membres lundi soir pour les informer de la décision du Barreau, il y avait un consensus de ces derniers sur les incohérences des versions en anglais « qui ont un impact défavorable sur la version française des lois » ainsi que sur leur souhait de pouvoir voter à distance.
Pour rappel, le Barreau du Québec et le Barreau de Montréal demandaient à la Cour supérieure l’invalidation de toutes les lois québécoises, déplorant que celles-ci n’aient pas été adoptées simultanément en français et en anglais à l'Assemblée nationale, conformément à l'article 133 de la Loi constitutionnelle de 1867. L’affaire a provoqué un tollé dans le milieu juridique.
Quatre conditions
Dans une lettre également envoyée lundi soir à la ministre de la Justice Stéphanie Vallée, et dont Droit-inc a obtenu copie, le Barreau propose donc de régler le dossier à l’amiable et « hors cour », et ce, aux quatre conditions qu’avait énoncées la ministre Vallée en mars 2017.
« Ce sont des conditions auxquelles le gouvernement s’était déjà engagé, indique Me Grondin. À notre avis, il n’y a pas eu de suivi conséquent. »
La première est l’embauche de deux juristes civilistes ayant une parfaite maîtrise de la langue anglaise, dans le respect des règles applicables en vertu de la Loi sur la fonction publique.
La seconde, l’embauche de traducteurs supplémentaires en fonction de besoins identifiés.
La troisième condition est l’accroissement de la collaboration et de la proximité des traducteurs, réviseurs et légistes, notamment des juristes anglophones tout au long du processus.
Enfin, dans le cas de réformes majeurs en matière civile (Code civil et Code de procédure civile), la dernière condition est l’évaluation de l’opportunité d’ajouter des ressources dédiées à ces réformes.
Par ailleurs, le Barreau du Québec demande au gouvernement de bien vouloir modifier le Code des professions afin de prévoir que les membres, lors de toutes les assemblées générales annuelles des membres (AGA) ou extraordinaires (AGE), puissent voter à distance, favorisant ainsi une plus grande participation des membres.
Quant au Barreau de Montréal, qui ne s’est pas encore prononcé suite à l’AGE, il va se réunir « incessamment sous peu » pour prendre une décision, nous indique la directrice des communications du Barreau de Montréal, Gislaine Dufault.
Un avis juridique déconseillait le recours
Notons que, selon Le Devoir, le projet de recours avait été déconseillé dans un avis juridique en 2017, destiné à l'ex-bâtonnier de Montréal Simon Tremblay.
Le constitutionnaliste Stéphane Beaulac, professeur à l’Université de Montréal, appelait à la « prudence ». Il écrivait qu’il faudrait « hésiter à aller de l'avant avec une contestation judiciaire attaquant la constitutionnalité, s'agissant des exigences de bilinguisme, du processus d'adoption des lois par l'Assemblée nationale du Québec. »
Quant au recours déposé par les Barreaux, il s’appuyait notamment sur un avis juridique rédigé en 2011 par l’ancien juge de la Cour suprême Michel Bastarache.
J'y étais
il y a 7 ansJ'étais à l'AGE. Je crois sincèrement que la position adoptée aujourd'hui par le Barreau est la meilleure. Bravo au Bâtonnier pour son attitude conciliante, respectueuse et axée sur l'écoute. Voyons maintenant ce que fera la Ministre.
Anonyme
il y a 7 ansJ'approuve la stratégie. Le Barreau devait composer avec une situation difficile et j'estime qu'il a pris la bonne décision...j'espère que le Ministère bougera (enfin).
D
il y a 7 ansCe que l'Assemblée a voté c'est un DÉSISTEMENT.
Pas un mandat de négociation. C'est quoi ce cirque.
AC
il y a 7 ansOn se calme la démocratie directe, on n'est pas à la petite école...
Si le barreau se met à faire tout ce que les membres veulent, on n'a pas fini de voir des décisions merdiques imposées par une poignée de membres frustrés...
Anonyme
il y a 7 ansHAHA
...membres frustrés qui ne comprennent pas comment un ordre doit se gouverner.
Si les membres du CA choisissaient d'exécuter sans y réfléchir la volonté d'une AGE consultative dont le résultat a eu pour seul effet de démontrer une disparité d'opinion au sein du membership... Ils ne rempliraient pas leurs obligations légales.
La démocratie a ses limites. Ce n'est pas le membership qui gère l'Ordre. C'est le CA. Et il y a une raison pour ça.
Anonyme
il y a 7 ansLa démocratie professionnelle est donc valable seulement quand il y a moins de monde pour voter qu'il y en avait à l'AGE ... genre, à un congrès annuel ordinaire où on est entre gens éclairés ?
Anonyme
il y a 7 ansC'est une question de pouvoirs prévus. L'AGE n'a qu'un pouvoir de recommandation / consultation. L'AGA peut prendre des décisions.
Anonyme
il y a 7 ansLa démocratie professionnelle s'exprime par l'élection des membres du CA. Les membres d'une association n'ont pas vraiment plus de pouvoirs que ça, à part la ratification (ou non) des règlements généraux adoptés par le CA pendant l'année. Si vous n'êtes pas satisfait de la situation, préparez-vous pour la prochaine élection. Il faut savoir se mobiliser quand ça compte vraiment!
Anonyme
il y a 7 ansVraiment, cet argument de l'AGE versus l'assemblée annuelle ordinaire est ridicule. La seule raison pour laquelle les gens se sont pointés à l'AGE pour débattre de cette question, c'est que des gens ont demandé que ce soit fait par AGE plutôt que comme c'était prévu, à l'assemblée annuelle.
Anonyme
il y a 7 ansC'est vrai ou c'est pas vrai qu'il y avait plus de monde à l'AGE qu'à une AGA ordinaire (de l'an dernier, par exemple) ? Hypothèse : s'il y en avait eu moins (avec le même résultat), les défenseurs de la position (défaite) du Barreau ne se priveraient pas d'affirmer que cela diminuait la valeur sinon la légitimité de l'exercice.
Anonyme
il y a 7 ans... l'avenir s'annonce perturbant pour les bonnes relations confraternelles au sein de l'ordre. On raconte depuis toujours que c'est les gros bureaux de la capitale et de la métropole qui le contrôlent. En plus, l'administration centrale est aussi à Montréal. Jusqu'à présent je m'en fichais. Mais le risque n'est pas insignifiant que les rapports entre les gros bonnets et les autres, entre la méga-cité et les régions dégénèrent et s'aigrissent dans la foulée de ce dossier. Y sont beaux les bureaux du Barreau. Pis c'est les cotisations de TOUS les membres qui paient ses officiers, employés et pléthoriques comités au centre-ville huppé. Est-ce qu'on a envie d'ouvrir la voie à un(e) autre bâtonnier(e) qui va faire du millage en déclarant son intention de mettre la hache là-dedans ? Oubliez pas qu'il y a eu plus de monde à l'assemblée EXTRAORDINAIRE qu'il n'y en a d'habitude à l'assemblée annuelle au congrès.
Anonyme
il y a 7 ansLe recours était supporté par l'intégralité des barreaux de sections.
Anonyme
il y a 7 ansC'est-à-dire l'intégralité des conseils d'administration des barreaux de section. Même problème qu'au Barreau. Les avocats à l'extérieur de Montréal voulaient aussi être consultés, tel qu'il est ressorti à l'AGE.
Anonyme
il y a 7 ansPrésentez-vous aux élections et aux assemblées générales si vous êtes si convaincu d'un complot des grands bureaux.
Court-bouillon
il y a 7 ansComme le recours était supporté par le Barreau du Québec, jusqu'à ce que ses membres lui rappelle qu'ils n'étaient pas vraiment d'accord avec cette décision. Vous voulez démontrer quoi?
Anonyme
il y a 7 ansLa théorie du complet. Elle est bonne.
Anonyme
il y a 7 ansLe Barreau du Québec maintient sa position. Il a toujours voulu régler ça d'un accord mutuel avec le gouvernement, il me semble, et il tente de s'entendre avec le gouvernement encore aujourd'hui.
Anonyme
il y a 7 ansMais involontaire! ;)
Anonyme
il y a 7 ansLe génie continue son oeuvre!
Maintenant que nous sommes en position de faiblesse évidente, allons négocier. Génial!
Coup d'épée dans l'eau qui aura coûter combien? Le Barreau se fera t-il payer la subvention s'il se désiste?
Le Barreau de Montréal va-t-il poursuivre son aventure seul?
Barreau essuie critique de la population pour son aventure, maintenant s'attache les mains pour s'assurer de rien en retirer.
Quel tas de fumier! Bravo Me Grondin!
Anonyme
il y a 7 ansÀ part une couple de journalistes, la population s'en cal...
Anonyme
il y a 7 ansDe toute évidence vous ne suivez pas le monde nationaliste qui a vu ça comme une attaque en règle contre la primauté du français. Pourquoi vous pensez que les nationalistes ont demandé la tenue de l'assemblée?
Anonyme
il y a 7 ansPour faire parler d'eux? Pour mousser leur candidature prochaine aux élections du Barreau? Pour pratiquer leurs talents d'orateur? En toute honnêteté, peu importe la position qu'on tient dans ce dossier, cette AGE n'avait aucune valeur, alors je ne comprends pas pourquoi ils ont tenu à ce qu'elle ait lieu. À part de permettre à certains de se défouler (les pour et les contre)... I guess que Droit Inc. leur permettait pas une tribune assez importante! :P
Anonyme
il y a 7 ansBen, pour en arriver à ce que le Barreau convienne d'une retraite stratégique en se déclarant prêt à "suspendre" les procédures pourvu que le gouvernement accepte au moins de mettre en oeuvre les propositions faites l'an passé par la ministre de la Justice ... propositions que le gouvernement dit maintenant avoir d'ores et déjà mises en oeuvre, ajoutant ne pas comprendre ce que demande le Barreau au juste. Oups !
Sans blague, c'est pas très gentil de la part du gouvernement, d'ailleurs. Il pourrait au moins aider le Barreau à sauver la face.
Ce qui prouve que l'AGE a servi à quelque chose : si elle n'avait pas eu lieu, on n'en serait pas là aujourd'hui.
Anonyme
il y a 7 ans"Le Barreau adopte une position qu’on veut raisonnable."
Un discours qui a une petite odeur de "Damage control 101".
Anonyme
il y a 7 ansQui l'eût cru?
Est-ce qu'il y a mieux, pour bien présenter son indépendance politique, que de déposer une poursuite à la veille des élections en Ontario et au Québec pour jouer sur la peur des minorités linguistiques? Oui! On peut positionner la ministre libérale comme la grande championne de la justice, à quelques mois de direction, en lui offrant de répéter ses engagements précédents et non tenus à quelques semaines de son départ. C'est tellement plus apolitique...
Les membres du Barreau de Montréal ont voté pour le retrait de la poursuite. Les autres membres du Barreau du Québec auraient probablement voté dans le même sens dans une plus grande proportion, mais ont été bâillonné par des règles archaïques. Il faut que ce jeu politique cesse.
Anonyme
il y a 7 ansEn plus, on apprend que les ressources étaient déjà en place. Le Barreau aurait voulu présenter la ministre "plante verte" Vallée comme une championne de la justice, il n'aurait pas mieux réussi...
Anonyme
il y a 7 ansScandaleux. Le Barreau persiste dans sa logique de confrontation et de judiciarisation. L’AGE a voté pour un désistement. Ce n’est pas pour rien.
Les avocats sont des officiers de justice qui ont prêté serment à l’autorité constituée. Il est inconcevable qu’ils menacent le gouvernement du Québec et l’Assemblée nationale comme s’ils s’agissaient de parties ordinaires.
Il faut que cela cesse immédiatement.
Me Stéphane Lacoste
il y a 7 ansÀ vous lire, on croirait que les avocats ne devraient jamais contester l'État ni soulever l'inconstitutionnalité d'une loi.
Dans un Étqt de droit, même le gouvernement et le législateur sont des parties ordinaires.
D'autre part, la résolution qui a été adoptée n'est que consultative et ne lie aucunement le Barreau.
Je n'exprime aucune opinion quant à la sagesse ou l'opportunité de la décision du Barreau.
Anonyme
il y a 7 ansL'AGE a voté pour un désistement... Oui, c'est rien. Ça veut seulement dire que 52% des gens qui se sont présentés, et qui n'ont aucun pouvoir décisionnel, sont pas contents et ont eu l'occasion de l'exprimer. Une thérapie de groupe su notre bras!
DSG
il y a 7 ansHow is it possible that something that they claim is unconstitutional become less unconstitutional by negotiating around the core issue but leaving the previously unconstitutional aspect intact? This is ridiculous. I have a solution to propose as a settlement: The National Assembly should draft the laws in French, then have it translated into Chinese from which they translate into English, and then translated back into French from the English translation, which will be the official version. By doing so the laws will make as much sense as the Barreau's idiotic strategy.
Phoebe
il y a 7 ansIl me semble évident que le Barreau n'a pas à "suivre" aveuglément les recommandations de l'AGE...IL prend une décision de compromis, dans un esprit de protection du public.
J'ai l'impression que certains "auteurs" sur cette page sont confus quant à la manière dont fonctionnent les ordres professionnels.
J'approuve donc la démarche du Barreau quant à la suspension du recours et à la demande de votes électroniques. Ce n'est pas "un cirque", mais une initiative rationnelle.
Anonyme
il y a 7 ansSur le plan légal, vous avez raison. Les C.A. des ordres professionnels sont souverains et celui du Barreau nous le fait bien sentir depuis la nouvelle gouvernance. Mais à quoi bon alors se réunir en assemblées générales? Seulement pour faire de la thérapie de groupe?
Anonyme
il y a 7 ansL'AGE, oui, c'était une thérapie de groupe, rien de plus. L'assemblée générale, quant à elle, sert à élire les administrateurs et le bâtonnier. Ces bonnes gens auraient du conserver leur énergie et leur mobilisation pour la prochaine AG plutôt que d'aller s'énerver en AGE.
Anonyme
il y a 7 ansLe bâtonnier et les administrateurs sont élus au suffrage universel et non en assemblées générales.
Anonyme
il y a 7 ansC'est encore mieux I guess. Tout le monde peut voter. Tout le monde a voté pour le CA et le bâtonnier actuels. Prenez votre mal en patience si vous êtes insatisfaits.