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Déceptions, mensonges, harcèlement sexuel, cette avocate dénonce

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Delphine Jung

2019-08-23 11:15:00

Une jeune avocate publie un livre sur les embûches et l'ambiance toxique qui existent dans le milieu juridique...
Me Anaïs de la Pallière, une avocate qui exerce à Paris, publie le livre «La face cachée de la robe». Sources : Site Web de parislibrairies.fr.
Me Anaïs de la Pallière, une avocate qui exerce à Paris, publie le livre «La face cachée de la robe». Sources : Site Web de parislibrairies.fr.
Anaïs de la Pallière, une avocate qui exerce à Paris, publie le livre «La face cachée de la robe». Elle revient sur ses années d'études, les sacrifices que cela lui a demandés et sur ses premiers pas en cabinet.

«J'ai commencé à écrire ce livre après mon stage en cabinet d'avocat et au moment de ma recherche de première collaboration. Les entretiens sont les premiers paragraphes que j'ai écrit. J'étais sidérée par les propositions qui m'étaient faites, comme celle de travailler trois mois sans la moindre rémunération le temps de ma prestation de serment, et je voulais absolument m'en rappeler», explique-t-elle à Droit-inc.

«Harcèlement moral, sexuel, violence verbale, pression du chiffre, humiliation, intimidation, temps de travail à rallonge, salaire dérisoire au regard du niveau d’études, du travail fourni et de la valeur directement créée, rien ne fait défaut dans une profession où la vocation première devrait être la défense de l’autre», écrit-elle.

La jeune avocate de 35 ans décrit comment cette profession qui faisait tant rêver, a aussi sa face sombre, et d'autant plus lorsqu'on est une femme.

«La profession a notamment permis le développement d'un système, le contrat de collaboration, qui semble avoir été largement détourné de son bénéfice originel, laissant le jeune collaborateur pieds et poings liés au cabinet qui l'emploie. Et que dire de la pression exercée sur les jeunes avocates qui envisageraient une maternité... !», dit-elle.

Elle revient également sur plusieurs cas d'agressions sexuelles qui se sont terminées par une tape sur les doigts de l'avocat incriminé et le renvoi de l'avocate qui avait dénoncé.

Me de la Pallière soulève alors une question importante, liée au silence et à l'omerta qui règnent dans ce milieu : «L'Ordre serait-il impuissant à nous protéger d'abord parce que nous avons peur de parler?»

La jeune femme met aussi le doigt sur la concurrence exacerbée qui existe désormais dans le milieu : il n'y a jamais eu autant d'avocats et d'avocates sur le marché du travail, en France comme au Québec. Il faut donc jouer des coudes pour se faire une place.

Elle dénonce la quantité de travail parfois insoutenable et surtout, la paupérisation de la profession, «d'où les abandons massifs de la profession. Un tiers des nouvelles recrues quittent la robe durant les cinq premières années d'exercice». Elle parle même d'une situation «d'exploitation» : «On vous donne beaucoup de dossiers, vous n'avez pas de temps pour les traiter, donc vous ne pouvez pas recevoir de client personnel, si vous recevez un client personnel on vous fait payer, on vous dit qu'il faudra rester plus tard, que vous devrez venir le samedi, le dimanche. Et il n'y a pas de remerciements à la fin».

Aujourd'hui, si elle écrit ce livre, c'est surtout pour prévenir les jeunes. «Je crois que je voulais que cela se sache et prévenir les jeunes recrues. Car, lorsque l'on commence dans ce métier, l'on est loin de s'imaginer comment certains cabinets peuvent broyer les gens. Vu de l'extérieur il est impossible de se rendre compte», dit-elle.
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