Des juristes s’interrogent : une commission d’enquête illégale?

Agence Qmi
2011-10-21 10:15:00

Si le décret est illégal, la commission le deviendrait aussi par extension. Personne n’est au-dessus de la loi, a-t-il martelé, pas même le gouvernement Charest qui « contourne » la Loi sur les commissions d’enquête.
L’avocat de Québec, qui a représenté l’ex-ministre de la Justice Marc Bellemare lors de la commission Bastarache, ne veut surtout pas qu’on lui prête de mauvaises intentions. « Je ne veux pas m’immiscer dans le débat politique, je vous donne un avis brut en droit, point », a-t-il indiqué en entrevue.
Seule la Loi sur l’exécutif pourrait « peut-être » conférer une légitimité à la Commission, en poussant la réflexion à l’extrême, ce dont il doute.
Décret et loi
Questionné sur la légalité de l’exercice, le professeur en droit administratif à l’Université Laval, Me Denis Lemieux, a rappelé lui aussi qu’un « décret doit toujours s’appuyer sur une loi ».
Or, le décret 1029-2011 du gouvernement Charest, qui tient sur trois pages, n’a pas été bâti en s’appuyant sur la Loi sur les commissions d’enquête, ni aucune autre loi. Plusieurs juristes ont d’ailleurs évoqué cet aspect de « droit nouveau ».
« Il y a des décisions du conseil des ministres, ça, c’est une chose, et il y a des décrets. Mais quand on parle de décret, il doit y avoir un fondement législatif. S’ils ne mentionnent aucune loi, ça serait plutôt une décision du conseil des ministres », a ajouté Me Lemieux. Dans un tel contexte, l’appellation « décret » peut être « fallacieuse », a-t-il soutenu.
Toutefois, le professeur ne va pas aussi loin que Me Bertrand. « Techniquement, ça n’empêche pas le gouvernement de créer une telle commission sans pouvoir de contrainte. Ce n’est pas nécessairement illégal, mais c’est impropre d’utiliser le mot décret », a-t-il précisé.