Durocher a tenté d'organiser un groupe d'entrepreneurs

La Presse Canadienne
2012-11-21 13:00:00
Il a confirmé qu'une vingtaine d'entrepreneurs ont participé à la rencontre au Ramada Inn de Blainville, le 10 mai 2008, mais que des entrepreneurs de Montréal et Laval s'y sont aussi présentés.
Les entrepreneurs ont commencé à discuter de la façon de se répartir les contrats, mais, au bout de deux heures, "la chicane a pogné" entre les entrepreneurs, a-t-il relaté à la procureure de la commission, Me Claudine Roy.
Sa tentative a donc échoué, comme l'avait raconté l'ex-dirigeant d'Infrabec, Lino Zambito, qui avait participé à la rencontre.
Plus tôt dans la journée, M. Durocher avait relaté d'autres tactiques auxquelles il a fait face dans le milieu de la construction sur la couronne nord de Montréal et à Montréal pour tenter d'empêcher la libre concurrence ou de compliquer la vie à ceux qui ne veulent pas participer au système de collusion.
Il avait notamment relaté le cas d'un contrat à Saint-Janvier de Mirabel, pour lequel on lui avait d'abord demandé de "se tasser" pour laisser la place à une autre entreprise, ce qu'il avait refusé de faire.
Il s'était aussi fait dire que si jamais il remportait cet appel d'offres, cet appel serait ensuite annulé pour ne pas qu'il puisse effectivement exécuter les travaux. L'appel d'offres a effectivement été annulé.
M. Durocher a relaté un autre exemple où il a refusé de déposer une soumission de complaisance pour une piste cyclable à Mirabel au montant suggéré par un autre entrepreneur qui voulait remporter cet appel d'offres. Cet entrepreneur l'avait même abordé à 1h du matin, sur la rue, pour tenter de le convaincre de lui laisser ce contrat, ce qu'il a refusé de faire.
Finalement, le contrat a été adjugé à cet entrepreneur, mais à un montant bien moindre que ce qu'il lui avait suggéré, permettant ainsi à la Ville d'économiser parce qu'il y a eu libre concurrence, selon son témoignage.
Dans un autre cas, à Saint-Jérôme, Excavations Panthère a attendu un an et demi avant d'être payé par une entreprise de génie-conseil. Il croyait excaver dans du sable mais avait frappé du roc et avait dû réclamer 1 089 000 $.
Lors de l'audition de la cause au palais de justice, il a affirmé avoir reçu une offre de la firme de génie, lui disant qu'ils pourraient régler le différend et que la firme de génie s'arrangerait pour le compenser autrement éventuellement. M. Durocher affirme avoir alors appris que les firmes de génie pouvaient ainsi régler en retour de "considérations futures", a-t-il indiqué à la procureure de la commission, Me Claudine Roy.
Pour un autre contrat à Blainville, trois ou quatre jours avant l'ouverture des soumissions, il a reçu un addenda pour ajouter 250 puisards aux puisards existants pour un contrat de construction dans quelques rues.
"Je me suis dit en moi-même 'ont-ils l'intention de faire la rue juste en puisards et de ne pas mettre d'asphalte?' C'est incroyable!", a-t-il relaté, avant de conclure qu'il était préférable qu'il ne dépose pas sa soumission.
Le contrat prévoyait en plus une pénalité de 5000 $ par jour pour l'entrepreneur si les travaux n'étaient pas terminés à temps et donnait un court laps de temps pour exécuter ces travaux.
Finalement, le contrat estimé à 12 millions $ a été adjugé à 16 millions $ et les coûts seraient maintenant rendus à 20 millions $, selon son témoignage.