Nouvelles

Harvey Weinstein : le juge maintient les chefs d'accusation

Main image

Radio -Canada

2018-12-20 10:45:00

L’ex producteur s'est vu refuser jeudi sa demande d'abandon des charges pesant contre lui, a annoncé son avocat.
Harvey Weinstein
Harvey Weinstein
« Nous sommes évidemment déçus du fait que les charges n'aient pas été abandonnées aujourd'hui », a déclaré Ben Brafman, l’avocat du producteur de cinéma américain déchu Harvey Weinstein, poursuivi pour agressions sexuelles.

Le juge de Manhattan, James Burke, tenait une audience ce matin pour déterminer de la suite des choses pour l'ex-tout puissant producteur de 66 ans, qui risque la perpétuité.

Accusé de harcèlement et d'agressions sexuelles par plus de 80 femmes, dont Angelina Jolie ou Ashley Judd, Harvey Weinstein a beau assurer que tous ses rapports sexuels étaient consentis, il est devenu l'incarnation des abus perpétrés impunément par des hommes de pouvoir, dénoncés par le mouvement #MoiAussi.

Mais depuis son inculpation en mai puis juillet pour des fellations forcées en 2004 et 2006 et pour viol en 2013, sur trois femmes différentes, son avocat, parmi les plus aguerris du barreau new-yorkais, a marqué des points.


Un chef d'inculpation abandonné

En octobre, Ben Brafman a obtenu l'abandon d'un des six chefs d'inculpation : celui correspondant à la plainte de Lucia Evans, une ex-aspirante actrice qui affirmait que M. Weinstein, longtemps admiré pour la qualité de ses films, l'avait contrainte à une fellation en 2004.

Les procureurs ont renoncé à poursuivre cette accusation, après qu'il est apparu qu'un détective chargé de l'enquête n'avait rien dit aux procureurs d'un témoignage contredisant le récit de Mme Evans aux policiers.

Une amie de Mme Evans avait indiqué l'avoir entendue dire qu'elle avait en fait accepté la fellation pour obtenir un rôle.


Les erreurs d'un détective

M. Brafman fait valoir que le détective, Nicholas DiGaudio, a commis d'autres erreurs. Il a notamment suggéré à une autre accusatrice, Mimi Haleyi, qui accuse Harvey Weinstein de fellation forcée en 2006, d'effacer de son téléphone portable les messages potentiellement embarrassants pour elle, contrairement aux instructions des procureurs.

L'accusation aurait aussi manqué de divulguer à la défense de très affectueux messages envoyés à M. Weinstein par Mme Haleyi après son agression supposée, introduisant le doute sur un rapport forcé.

Autant d'erreurs qui ont « irréparablement entaché »tout l'acte d'accusation, selon M. Brafman.

Cependant, les procureurs rejettent ces arguments. Selon eux, l'accusatrice a bien remis tout le contenu de son portable aux enquêteurs, et les erreurs du détective, écarté depuis, ont affecté uniquement le cas de Mme Evans. Quant aux courriels, ils soulignent que rien ne les obligeait à les dévoiler à la défense à ce stade.


Des erreurs fatales pour le dossier ?

Depuis octobre, beaucoup spéculent sur l'affaiblissement du dossier des procureurs, les mêmes qui furent obligés de jeter l'éponge face à Dominique Strauss-Kahn - également défendu par Ben Brafman - dans l'affaire du Sofitel en 2011.

Les erreurs du détective ont créé « la surprise » dans ce dossier, souligne Barbara Barron, professeur de droit à l'université Hofstra.

« La question est jusqu'où les actions du détective peuvent peser sur les autres chefs d'accusation », « j'ignore ce que fera le juge », dit-elle, sans risquer de pronostic.

Pour Bennett Gershman, professeur à l'université Pace, c'est précisément pour éviter une « contamination » des autres chefs d'inculpation que les procureurs ont renoncé à poursuivre les accusations de Mme Evans.

Pour cet ex-procureur, il ne fait « aucun doute » que le juge maintiendra les poursuites.

Le parquet dispose toujours, selon M. Gershman, d'un dossier « solide » avec les deux accusatrices restantes, quels que soient leurs échanges avec M. Weinstein après leur agression.

« Elles disaient des gentillesses à Weinstein : est-ce surprenant? » dit-il.« On a un homme extrêmement puissant [...] qui contrôlait littéralement leur réputation et leur carrière ».


La date du procès peut-être bientôt connue

Si les poursuites ne sont pas abandonnées, Ben Brafman se battra aussi pour empêcher l'accusation de citer comme témoins d'autres femmes disant avoir subi les assauts sexuels de M. Weinstein, mais ayant renoncé à le poursuivre au pénal.

Les dépositions de cinq femmes non plaignantes ont été décisives lors du second procès en avril de l'ex-vedette de la télévision américaine Bill Cosby, accusé lui aussi d'agressions sexuelles répétées, mais jugé pour une seule. Il a été condamné à une peine de trois ans de prison au moins, première victoire de l'ère #MoiAussi.

Si les poursuites sont maintenues, le juge pourrait fixer dès jeudi une date pour le procès de M. Weinstein, resté en liberté moyennant le port d'un bracelet électronique et un million de dollars de caution.

En cas de procès, les jurés devront juger « s'il y a eu consentement ou consentement involontaire », avance M. Gershman, avant de prédire : « si les femmes témoignent avec force, Weinstein perdra ».

2736
1 commentaire
  1. Zoro
    Cirque
    Oui c'est surprenant parce que quand tu te fais (vraiment) agresser tu n'écris pas de gentillesses à ton agresseur, tu le dénonce. Si tu couches avec ton producteur pour aider ta carrière, ce n'est pas une agression.

    Comme Rozon, environ 1 cas sur 25 seulement jugé "assez crédible" pour aller à procès. Probablement la marge d'erreur. Quand il y a 24 fausses plaintes, je me poserais de sérieuses questions à aller de l'avant si j'étais le procureur aux accusations ... Mais bon il doit avoir une pression médiatique énorme. Déjà Asia Argento elle-même accusée, des courriels compromettants, une enquêtes bâclée et partisane. Une vraie honte.

Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires