Information = Pouvoir

Dominic Jaar
2010-02-15 08:30:00
Ces personnes qu’on qualifie de geeks et qu’on caractérise par leur consommation de pizza et de Coke ou par leur teinte bleuâtre générée, dirait-on, par osmose cathodique, sont dorénavant les plus grands initiés.
L’équation est élémentaire : un employé sous-payé, entouré d’individus surpayés, qui saisissent mal son travail et donc, par incapacité, le supervisent peu, et auquel on donne accès à toutes les informations de l’organisation…
Sans prétendre que l’argent est le père de tous les vices, il me semble juste d’écrire que l’une des motivations pour l’avocat de garder le secret des informations qu’il reçoit de ses clients, outre ses vertus déontologiques, est constituée des émoluments qu’on lui verse. Ainsi, il ne faut pas s’offenser ou se prétendre surpris que des individus, témoins au premier rang de la relation intimement proportionnelle entre l’information et l’argent, auxquels on offre le parfait contrôle sur celle-ci sans pour autant prétendre à celui-là, se convertissent en robin des bois égocentriques.
Je ne peux lancer la première pierre à OR qui, on le sait tous, n’est que le premier cabinet à se faire prendre. Je laisserai ceux parmi vous qui prétendent que leur cabinet possède des politiques, des protocoles, des processus, des pratiques et des technologies qui les mettent à l’abri de tels actes le faire.
Small is beautiful
Par contre, je me permets de rappeler que « dans les petits pots, les meilleurs onguents ». En d’autres mots, fréquemment, les cabinets les mieux protégés sont les plus petits. En effet, ceux-ci possèdent souvent une hiérarchie beaucoup moins importante que leurs grands cousins, permettant ainsi à certains avocats de garder un parfait ou un certain contrôle sur ce qui se passe dans le monde virtuel. Quant aux firmes d’envergure, elles sont inévitablement victimes d’une des failles depuis longtemps connue du fordisme, c.-à-d. que ses dirigeants se voient contraints de déléguer à des employés, qui délèguent à leur tour, des tâches d’une importance névralgique avec tous les risques que cela comporte.
L’arrivée des technologies dans les cabinets s’est faite et se continue à pas timides. Malheureusement, elles y sont souvent invitées que pour la rentabilité qu’elles promettent, sans les corolaires requis par les pratiques exemplaires. Pourtant, l’adoption de toute nouvelle solution devrait être précédée d’une analyse de risques et être implantée dans un cadre bien défini prévoyant des règles de sécurité et des mécanismes de contrôle.
Ces principes de base devraient être suivis à la lettre par les avocats puisque, nous pourrons écrire tant que l’on voudra sur le sort des Dominic Côté de ce monde, mais rappelons-le, c’est à l’avocat qu’il revient de « prendre les moyens raisonnables pour faire respecter le secret absolu des confidences qu'il reçoit dans l'exercice de sa profession par toute personne qui coopère avec lui ou exerce ses activités au sein de la société où il exerce ses activités professionnelles. » Article 3.06.03. du Code de déontologie des avocats
Droit et Techno
Deux fois par mois, Dominic Jaar et Philippe Senécal, conseillers juridiques de Conseils Ledjit, rédigent pour vous des billets rapportant des nouvelles technologiques liées au droit ainsi que des nouvelles juridiques relatives aux technologies. Pour consulter toutes leurs chroniques, cliquez ici.