Jugement GND: quand le mieux devient l’ennemi du bien
Rémi Bourget
2012-11-02 15:00:00

La décision rendue par l’Honorable juge Denis Jacques est irréprochable sur le plan de la forme. Un jugement fort intéressant rappelant les principes de base relatifs à la sanction du non respect des injonctions et à l’outrage au tribunal. Quant au fond, en vertu de la preuve qui fut présentée en défense, la décision était inévitable.
La preuve en demande résidait essentiellement dans un enregistrement d’une entrevue de Léo Bureau-Blouin et de GND portant sur le sujets des différentes injonctions provisoires rendues le printemps dernier. La portion pertinente de l’entrevue de GND est la suivante:
''Ce qui est clair c’est que ces décisions-là, ces tentatives-là de forcer les retours en classe, ça ne fonctionne jamais parce que les étudiants et les étudiantes qui sont en grève depuis 13 semaines sont solidaires les uns les autres, respectent, de manière générale là, respectent la volonté démocratique qui s’est exprimée à travers le vote de grève et je crois qu’il est tout à fait légitime pour les étudiants et les étudiantes de prendre les moyens pour faire respecter le choix démocratique qui a été fait d’aller en grève. C’est tout à fait regrettable là qu’il y ait vraiment une minorité d’étudiants et d’étudiantes qui utilisent les tribunaux pour contourner la décision collective qui a été prise. Donc nous, on trouve ça tout à fait légitime là, que les gens prennent les moyens nécessaires pour faire respecter le vote de grève et si ça prend des lignes de piquetage, on croit que c’est un moyen tout à fait légitime de le faire.''

En ne témoignant pas, comment convaincre la Cour qu’il ignorait l’existence de cette injonction alors qu’il accordait justement une entrevue sur le sujet des injonctions (!) et que l’avocat qui le représentait était également celui qui avait plaidé en défense à l’encontre de ladite injonction (!!).
Ce que ce jugement révèle surtout, c’est un cafouillage monumental dans la stratégie de la défense. Soyons clairs, la preuve en demande était très forte, rien ne garantissait que GND aurait pu s’en sauver. Mais la stratégie retenue par son avocat était un véritable suicide.
La leçon de ce jugement est la suivante: lorsque nous faisons face à des accusations aussi sérieuses, rien ne doit être laissé au hasard, surtout pas le choix de son avocat!
Note: Le texte original se trouve sur le blogue officiel de l’auteur, le site Faits et Causes.com; il est reproduit ici avec l'autorisation de l'auteur.
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PP
il y a 13 ansMe Bourget je profite de l'occasion pour vous dire anonymement que la marche que vous avez organisé était pathétique et je vous lierai toujours à ce mauvais jugement quand je verrai votre nom.
Rémi Bourget
il y a 13 ansMerci encore pour votre critique courageuse et assumée.
@Anonyme: Je connais l'excellente réputation de Me Sciortino (que je ne nommais pas l'article). Maintenant, si les jeunes avocats passaient leur temps à avoir peur des avocats plus âgés, la profession ne se renouvellerait jamais! Bien que je reconnaisse la valeur de l'expérience, je n'ai jamais laisser le nombre d'années d'expérience des confrères m'intimider ou me réduire au silence.
Ceci dit, j'ai effectivement eu plusieurs conversations avec de nombreux confrères et consoeurs à propos de ce jugement avant de publier l'article sur mon blog. Selon moi, il demeurait impossible en logique de prouver un doute raisonnable que GND n'était pas au courant de l'injonction en question (pourtant plaidée par le même bureau) sans le faire témoigner. Est-ce qu'il y a des chances que je me trompe? Tout à fait! Je suivrai d'ailleurs avec intérêt le jugement à venir de la CAQ. Si Me Sciortino remporte gain de cause, je serrai le premier à lui lever mon chapeau.
Anonyme
il y a 13 ansBien que j'apprécie cette attitude qui consiste `a ne pas avoir peur d'un adversaire plus expérimenté, il y a tout un pas entre croire en ses propres capacités et critiquer un confr`ere de mani`ere aussi grossi`ere dans une affaire qui est encore pendante devant les tribunaux.
Me Sciortino a une réputation impeccable et un talent indéniable. La seule erreur que je vois ici n'est pas dans le choix de l'avocat de GND, mais dans le choix de langage de notre jeune confr`ere qui n'agit certainement pas avec la retenue et la courtoisie qu'exige notre profession.
Anonyme
il y a 13 ansMe Bourget,
Je vois que vous avez laissé les 2 dernières lignes de votre article malgré les recommandations contraires. Peut-être que ceci vous amènera à reconsidérer la question: http://www.barreau.qc.ca/fr/actualites-medias/lettres-medias/2012/1120