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Juristes et procureurs de l'État : en grève!

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Agence Qmi

2011-02-08 08:15:00

Les procureurs de la Couronne et les juristes de l'État ont déclenché une grève, lundi soir à minuit. Ils font front commun face à l’employeur, le gouvernement.
Le Conseil des services essentiels a prévu des mesures spéciales pour les prochains jours au cours desquels une cinquantaine de procureurs assureront les services les plus urgents.

Entre temps, les procureurs de la couronne et les juristes organisent une manifestation silencieuse au Palais de justice de Montréal, à 13h30 à la salle des pas perdus. Le président de l’association canadienne des procureurs et des juristes de l’État, Jamie Chaffe et des présidents d’associations provinciales de procureurs de la Couronne devraient participer à cette manifestation.

À Québec, les procureurs et les juristes de l’État se réuniront à l’Hotel Hilton, près du complexe G. Ils ont prévu une marche jusqu’à l’Assemblée nationale.

Les dernières offres du gouvernement ont été rejetées lundi matin par les représentants des procureurs; ceux-ci se sont retirés de la table de négociation, donnant au gouvernement jusqu'à minuit pour présenter de nouvelles offres.

La négociation avec les juristes du gouvernement a également avorté. Le président du syndicat a quitté la table en début de soirée. Selon ses dires, le Conseil du Trésor n'aurait démontré aucune ouverture au sujet des salaires.

« Du côté de l’employeur, on reconnaît qu’il y a un problème, mais on ne propose pas de solution crédible pour le régler » a précisé Me Marc Lajoie (photo), président de l’Association des juristes, lors d’un entretien téléphonique lundi soir.

Il a ajouté que son association ne souhaitait pas en arriver à une grève, mais qu’il s’agissait du seul moyen disponible dans le contexte actuel : « Notre absence au travail ne touchera pas le public, mais ça va faire mal au gouvernement. »

Demandes salariales trop élevées?

En discussion pour le renouvellement de leur convention collective, les quelque 450 procureurs aux poursuites criminelles et pénales du Québec réclament un rattrapage salarial de 40 % par rapport à leurs homologues canadiens.

La ministre Michelle Courchesne avait pourtant dit souhaiter négocier, mais estimerait que les demandes salariales sont excessives.

« Il est évident que le gouvernement, en toute équité pour l'ensemble des employés de l'État et dans la capacité de payer des contribuables, on ne pourra pas atteindre ce 40 % », a-t-elle clairement indiqué lundi.

Sans dire que les procureurs de la Couronne sont de mauvaise foi, la ministre a vertement dénoncé l'attitude de la partie adverse.

« Ce que je ne sens pas, c'est la volonté réelle de négocier, je sens cette volonté d'exercer ce droit de grève que je déplore », a-t-elle dit, lors d'un point de presse à l'Assemblée nationale.

« On est toujours ouverts à discuter et à négocier, la grève n'est pas une fin en soi, contrairement à ce qu'a dit Mme Courchesne. D'ailleurs, on n'a jamais demandé ni voulu ce droit-là (de faire la grève) », a expliqué Thomas Jacques, vice-président de l'Association des procureurs aux poursuites criminelles et pénales (APPCP), nom officiel de l’association des procureurs.

En 2003, le droit de grève a été imposé aux procureurs de l'État par le gouvernement. En 2007, les procureurs de l'État ont été inclus dans un décret du gouvernement, n'ayant pas la chance, du coup, de négocier leurs conditions de travail.

« Ce débat aurait dû se tenir il y a trois ans, en 2007. L'écart n'a fait que s'accentuer, non seulement du côté des conditions salariales, mais on a aussi continué de perdre des effectifs, de l'expérience. C'est pourquoi la situation est aussi critique aujourd'hui », a ajouté le vice-président.

Il s'agit de la première fois depuis qu'on leur a imposé le droit de grève que les procureurs de l'État peuvent s'en prévaloir.

Piquets de grève respectés

Dans un geste de solidarité, le Barreau de la section de Laurentides-Lanaudière a été le premier à prendre la résolution de recommander à ses 912 membres de « respecter les piquets de grève, s'il y a lieu, et de prendre les mesures nécessaires afin que les droits des clients soient préservés », peut-on lire dans l'extrait du procès-verbal du conseil d'administration du Barreau Laurentides-Lanaudière de mardi dernier.

Cette résolution a été appuyée à l'unanimité, au nom du « respect. Le respect du droit, de la justice et des avocats », a déclaré le bâtonnier de la section de Laurentides-Lanaudière, Me Alain Manseau, précisant que leur initiative a été saluée par des homologues d'autres sections.
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