La Défense du Barreau
Emeline Magnier
2015-08-18 16:30:00
Le document de 69 pages et de 411 paragraphes conclut au rejet de la requête de Me Khuong et sollicite reconventionnellement sa condamnation au versement de la somme de 90 000$, soit 5000 dollars aux membres du CA, à la secrétaire et à la directrice générale de l'Ordre, à titre de dommages moraux, et 10 000 dollars à Mes Antoine Aylwin et Louis-François Asselin ainsi que Louise Lafrenière.
Selon la défense, les administrateurs du Barreau ont agi en toute bonne foi en décidant de suspendre la bâtonnière, « dans l’intérêt supérieur du Barreau afin de protéger l'institution, le temps que son comportement fasse l’objet d’un examen par le Comité de gouvernance et d’éthique » .
Il n’appartiendrait pas à la Cour supérieure de se substituer au Comité de gouvernance et d’éthique et au Conseil d’administration du Barreau pour juger de la gravité du comportement de Me Khuong.
Toujours selon le Barreau, le CA disposerait du pouvoir de suspendre la bâtonnière et de lui imposer des sanctions prévues au paragraphe 30 du Code d’éthique, et même si le CA ne disposait pas de ce pouvoir, il pourrait agir en se fondant sur l’engagement contractuel souscrit par Me Khuong de respecter le Code d’éthique, et les mécanismes d’application et les sanctions qui y sont prévues.
De plus, il n'y aurait pas « urgence à réintégrer la Demanderesse dans ses fonctions, alors que les tribunaux ne se sont pas prononcés sur la validité des décisions prises par les Défendeurs et que dans l’intervalle, celles-ci doivent être présumées valides ».
Pour le Barreau, les procédures « prématurées » déposées par la bâtonnière empêcheraient le Comité de gouvernance de compléter ses travaux et de soumettre son rapport au Conseil d’administration.
« (…) c’est son comportement qui est la cause de la situation à savoir : ne pas dire la vérité à un journaliste, fournir des explications invraisemblables de ce qui s’est passé le 17 avril 2014 au magasin Simons de Laval, refuser de fournir des informations et des documents au Conseil, dénigrer le système judiciaire sur la place publique, induire en erreur le Conseil en affirmant que les événements en question sont survenus avant qu’elle soit nommée vice-présidente alors qu’elle ne pouvait ignorer qu’ils sont survenus alors qu’elle exerçait ses fonctions de vice-présidente et n’avait pas encore fait l’objet d’une offre de participation au Programme de traitement non-judiciaire; (…) », peut-on lire dans la défense.
Certains étaient au courant...
On apprend également dans la défense que certains Défendeurs avaient eu vent de rumeurs voulant que la Demanderesse avait été interpellée pour un "vol à l’étalage" dans un magasin de vêtements de la chaîne Simons mais croyant que ces rumeurs étaient fausses, ils n’ont pas jugé opportun d’en informer le CA.
Au soutien de leur demande reconventionnelle, les défendeurs indiquent qu'ils jouissent d’une réputation enviable qui a été entachée par des allégations diffamatoires à leur endroit de Me Khuong. Ils se réfèrent notamment à son communiqué de presse du 15 août 2015 dans lequel elle insinuerait qu'ils sont à la source de la fuite d’information ayant mené à la divulgation de sa déclaration assermentée du 27 mai 2014.
D'après la défense, ils auraient affirmé « solennellement devant leurs pairs ne pas être la source de la divulgation de renseignements confidentiels à des journalistes ».
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JM
il y a 10 ansUn vrai cirque...
DB
il y a 10 ansCurieusement, celle qui annonce qu'elle veut réduire le salaire du Bâtonnier a choisi de toucher son plein salaire, alors qu'elle avait l'occasion de faire autrement.
Prêcher par l'exemple?
Fausse représentation?
Me Daniel Atudorei
il y a 10 ansIl faut siéger au CA pour proposer une modification de son salaire ou démarrer quelque autre réforme qu'elle a proposé. Elle en est suspendue. Avez-vous quelque peu suivi toute cette histoire avant de parler de fausse représentation? Quand elle siégera au CA (puisqu'elle est la présidente du CA) vous aurez l'occasion de voir ce qu'elle propose et ne propose pas.
DB
il y a 10 ansExtrait de la Défense et Demande reconventionnelle:
263 c) En ce qui a trait au salaire de la bâtonnière, le Comité exécutif a décidé le
28 mai 2015, suivant la recommandation contenue au Rapport consolidé
sur la nouvelle gouvernance du Barreau du Québec ainsi que celle d’un
conseiller indépendant externe en rémunération, de fixer à $300 800 le
salaire de la bâtonnière invitant au surplus, la Demanderesse à renoncer à
une partie de ce salaire si elle est le croyait opportun, ce que la
Demanderesse a pourtant refusé de faire;
Je constate ce qu'elle propose et ce qu'elle fait. Édifiant.
Personnellement, c'est une raison de plus de ne pas lui faire confiance.
Me
il y a 10 ansAu discours de prestation de serment, déjà, elle ne chiffrait plus la réduction à suivre de son salaire de bâtonnière. C'est avec un trémolo dans la voix qu'elle abordait le sujet, ce, à travets de nombreuses et interminables embrassades alors que dans le contexte, on aurait pu s'attendre à plus de cohérence et de réserve. Faudra scruter à la loupe ses comptes de dépenses et celui de sa campagne. Ses économies semblent réservés à ceux faits lors d'achats de jeans.
Avocat
il y a 10 ansJe ne veux plus de cette personne comme bâtonnière. Elle est loin de l'image que j'essaye de projeter de la justice dans ma pratique quotidienne. Je mets des efforts dans ma pratique et ma vie quotidienne pour respecter les règles du jeux, j'en attends encore plus d'un bâtonnier.
Anonyme
il y a 10 ansTout à fait d'accord.
Me Daniel Atudorei
il y a 10 ansLes règles du jeu? Hmmmm....
Donc t'es d'accord avec un CA qui ne suit pas les règles du jeu? Aucune habilitation législative pour suspendre la batonniere... Seulement un membre du CA (le code).
Contradictoire ton truc.
Le CA a le pouvoir de l'exclure du CA, mais rien ne leur permet de toucher au poste de batonniere. Si je me trompe, je t'invite à me trouver la fameuse règle du jeu. Piste: le Code d'éthique ne s'applique qu'au poste qu'elle détient sur le CA.
M Tanguay
il y a 10 ansIntéressant comment cette défense du Barreau enfreint toutes les règles élémentaires de rédaction qui sont enseignées par l'école du Barreau...
On voit dans la défense:
-des paragraphes interminables qui comprennent une multitude de faits
-la production de plus d'une pièce (D-6 et D-7) dans le même paragraphe
-un effort nul de concision
-des paragraphes inutiles et qui n'apportent rien à la procédure, tels que le dernier (#411).
Bien hâte de voir combien les membres du Barreau ont payé pour cette petite dissertation de 68 pages
Anonyme
il y a 10 ansVous oubliez la dénonciation des moyens de droit qu'ils ententent faire valoir!
Le Barreau paie une assurance pour défendre le CA dans ce genre de litige. Mais vous soulevez une question très pertinente et qui dépasse le cadre de ce dossier proprement dit... Ou sont rapportés les frais engagés en honoraires d'avocat externes?
Anonyme
il y a 10 ans...le procès pourrait révéler des informations donnant ouverture à des dommages punitifs. Vaut mieux réserver ses droits de manière explicite plutôt que de se faire reprocher par la suite d'introduire une nouvelle demande qui n'a jamais été discutée auparavant. Dans 2012 QCCA 2035, la Cour d'appel discute d'une réserve de droit ordonnée par le tribunal et non par les parties. C'est différent. La CA n'a jamais condamné la pratique d'une partie de réserver ses droits.
Me Pêcheur
il y a 10 ansJe ne comprends pas le choix stratégique de la bâtonniere et ses conseillers de ne pas se limiter uniquement à la question de l'absence de compétence du C.A. Une requête beaucoup plus simple et de type "high road" aurait très bien fait l'affaire, tout en ne rendant pas complètement impossible un rapprochement éventuel entre les parties. Le ton avait déjà été donné dans la mise en demeure initiale, mais pourquoi poursuivre dans cette direction devant la Cour?
En bâtissant le cadre du litige autour d'une théorie du complot dont la preuve est difficile à faire et en réclamant des dommages punitifs découlant de la prétendue mauvaise foi de ses pairs, je crois que Me Khuong a dangereusement et inutilement mis en jeu sa crédibilité sur des questions de faits secondaires alors qu'elle ne peut ignorer ne pas avoir "le gros bout du bâton" au niveau de la preuve admissible (i.e. Par exemple douze témoins contre un quant à ce qui a été dit ou non lors des réunions du C.A.). La défense semble soulever de nombreuses lacunes et/ou omissions dans la procédure, l'affidavit et la version des faits de la bâtonniere et il lui sera probablement difficile de les justifier sans être écorchée publiquement au passage. Me Doray est un spécialiste des contre-interrogatoires serrés et je crois que, dans les circonstances, il n'était pas judicieux pour les procureurs de Me Khuong de lui fournir autant de munitions et de cibles douloureuses sur lesquelles tirer à bout portant.
Pourquoi donc aller en guerre totale contre le barreau, un adversaire redoutable, sur un cheval de bataille malade et vêtue d'une armure trouée? La victoire n'est peut-être pas impossible, mais l'entreprise me semble bien périlleuse pour Me Khuong.