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Les fournisseurs de services juridiques en ligne veulent-ils votre place ?

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Céline Gobert

2012-01-05 15:00:00

Les fournisseurs de services juridiques en ligne sont en plein essor. Menacent-ils les cabinets ? Qu’offrent-ils de plus et pourquoi le client plébiscite-t-il ces juristes virtuels ? Jordan Furlong, associé chez Edge International, répond à Droit-inc.
LegalZoom, My Legal Briefcase, Mr. Small Claims Court, cela vous dit quelque chose ? Ce sont tout simplement les noms de fournisseurs canadiens de services juridiques en ligne (et en vogue !), qui pourraient bien à l’avenir prendre votre place.

Considérés comme une menace par certains, ils offrent réponses, conseils et services juridiques à des tarifs inférieurs que ceux pratiqués par les avocats.

« La qualité est top, le prix aussi », lit-on sur le site de LegalZoom, « la justice abordable » affirme Shpoonkle, un fournisseur américain. Mieux : AdviceScene titre un « Conseils juridiques gratuits ». Gratuits aussi bien sur le territoire canadien, qu’américain.

Les coûts modiques attirent en premier lieu les clients, analyse Jordan Furlong
Les coûts modiques attirent en premier lieu les clients, analyse Jordan Furlong
Évidemment, dans le contexte économique difficile que l’on connaît, ce sont ces coûts avantageux qui ont, avant tout, séduit les clients, explique Jordan Furlong.

« La première chose que l’on voit lorsqu’on regarde leurs sites, c’est l’emphase portée sur les prix avantageux. Leur stratégie marketing cible le client lambda, celui qui n’a pas forcément les moyens de se payer un avocat », explique-t-il, reconnaissant par là-même que les avocats ont échoué à comprendre le client et à répondre à ses attentes.

« Les avocats sont chers, pas faciles à comprendre, leur travail prend du temps et ils ne garantissent pas le montant final de leurs honoraires. Forcément, le client va voir ailleurs », indique Me Furlong.

Internet : l’ère de l’immédiateté et de la facilité

En revanche, ces fournisseurs en ligne garantissent un accès en tout temps à l’information juridique. Pas de perte de temps pour le client : il a tout, tout de suite.

Ainsi peut-il télécharger des documents ou téléphoner quand il le souhaite, pour demander conseil. Dynamic Lawyers propose même un coffret qui regroupe des vidéos tutoriels pour l’aider à la rédaction de documents juridiques par exemple.

Le boom de l’internet a entraîné un besoin d’immédiateté que l’on retrouve chez les clients, ils ne veulent plus perdre de temps à chercher le bon avocat, prendre rendez-vous, etc. Ce qu’ils souhaitent, c’est une simplification du droit et un accès plus rapide à l’information.

Les fournisseurs de services juridiques en ligne l’ont bien compris.

Un simple coup d’œil sur le site de LawPivot ou sur celui de Contract Tailor, permet de voir que leur stratégie d’approche est entièrement axée sur ce point. ''Rédiger un contrat, gratuitement et en 3 étapes !'', promet le second.

Et cela ne va pas aller en s’arrangeant, prévoit Jordan Furlong, puisque des logiciels de plus en plus sophistiqués feront leur apparition sur le marché.

« Quand on dit aux clients que l'on va leur offrir la même chose qu’un avocat, à une qualité peut-être inférieure mais plus rapidement et pour un coût moins cher, c’est attractif pour beaucoup de gens », dit Me Furlong.

Lors d’une conférence à la Chambre des Notaires du Québec, en avril dernier, il prévient la communauté juridique du danger imminent que constituent ces nouveaux venus.

« Je leur ai dit : "la cible, c’est vous !", parce que ces fournisseurs sont vraiment une menace pour eux. Les principaux touchés seront d’abord les petits cabinets et les avocats en pratique privée », déclare-t-il.

Coopération et humanité

Tout n’est pas encore perdu, cependant. Mais, il est urgent pour les cabinets de modifier leur approche clientèle et de revoir toutes leurs stratégies marketing.

Pour regagner les cœurs des clients, Jordan Furlong donne deux conseils aux avocats : tourner à leur avantage les services offerts par ces fournisseurs, et se rendre indispensable aux yeux du client.

Voilà pourquoi il encourage les avocats à utiliser eux-mêmes les logiciels des fournisseurs et à s’approprier les aspects bénéfiques de ces services.

« Les avocats devraient prendre en compte ces nouveaux modèles pour se rapprocher de leur clientèle. Voire même, ils pourraient y voir l’opportunité d’un partenariat avec les fournisseurs », dit-il.

Enfin, si le monde juridique connaît d’importantes transformations, Jordan Furlong pense qu’il y a une chose qui, elle, ne changera jamais. C’est ce lien humain particulier qui se noue entre l’avocat et son client.

« La relation avocat-client est d’une importance capitale. A l’avenir, il faut que les cabinets misent avant tout là-dessus en écoutant le client, en privilégiant la communication, en essayant de l’aider à anticiper ses problèmes d’ordre juridique », conseille-t-il.

Clairement : pour garder le client, l’avocat doit redonner de la valeur à leurs échanges et relations.

Bien sûr, il y en aura toujours qui préfèreront aller voir ailleurs pour faire quelques économies. Mais la plupart seront conquis par tout ce que les fournisseurs en ligne ne peuvent offrir : un contact chaleureux, de la confiance, et de l’humanité.

« Il faut que le client se dise : “ Cela m’est égal qu’il soit plus cher, ce qu’il m’offre, humainement parlant, cela n’a pas de prix “», conclut Me Furlong.

A bon entendeur…
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