Mes années Fasken

Céline Gobert
2012-02-13 15:00:00
"C’est la plus belle job sur Terre, il n’y a pas une seule journée où je n’ai pas eu le goût de venir!", confie-t-il.
En tant qu’associé directeur, il explique qu’on a le pouvoir direct de faire changer les choses et un impact immédiat pour faire en sorte que le cabinet monte des marches, au travers de nombreuses décisions.
Challenges
Tout commence le 1er février 2000, Fasken Martineau prend naissance à la suite d’une fusion multiple.
La mission principale de Claude Auger, nommé associé directeur de Fasken Martineau trois ans plus tard, est d’abord de poursuivre le travail entamé: bâtir le branding de la nouvelle marque et mettre en place les premiers jalons de l’infrastructure.

Et dès le départ, cela signifiait beaucoup de travail.
Marketing national, refonte des systèmes informatiques, comptables et financiers, harmonisation de l’administration et des ressources humaines : autant de points, de poids, sur les épaules du nouvel patron.
"Je n’étais pas néophyte, dit-il, je connaissais très bien la région du Québec siégeant au conseil administratif régional du Québec, au Comité exécutif et au Comité de Rémunération du Québec."
Praticien en fiscalité corporative, reconnu parmi les meilleurs, Me Claude Auger possédait la carrure nécessaire pour prendre à bras le corps les changements qui s’annonçaient dans "la grande maison" de Fasken.
Mai 2003 : ouverture d’un bureau à Calgary. Été 2003 : un bureau à Johannesburg. 2005-2006 : fusion avec un cabinet anglais d’une trentaine de personnes. 2007 : fusion avec un cabinet à Ottawa. 2008 : ouverture d’un bureau à Paris. L’expansion est rapide, la période est synonyme de changements internes incroyables durant laquelle Me Auger propulse le cabinet sur le devant de la scène.
"Beaucoup de gestes ont été posés très rapidement, des choses qu’il fallait faire", se souvient-il.
Simultanément, il doit gérer l’humain, et harmoniser les conditions de travail selon des marchés différents.
"Et là, je ne vous parle que des choix que l’on a réalisés, dit-il. Parfois il y a des projets qui ne fonctionnent pas, soit parce qu’ils sont financièrement peu attrayants, soit la culture ne fonctionne pas, soit ce n’est pas le bon timing."
Mais, un bon associé-directeur sait faire des choix. "Une façon facile de ne pas prendre de décisions est de ne rien faire", affirme celui qui a su comprendre la nécessité de savoir trancher.
Parti de presque rien, il enchaîne alors les innovations (symposium, déjeuners de l’Association des MBA de Fasken), ajoute plusieurs professionnels au Québec, s’ouvre au monde et fait du cabinet "une institution sur le marché de Montréal et de Québec".
Changements
Tout cela durant une quasi décennie de turbulences multiples : internationalisation des marchés, ralentissement économique aux États-Unis, sévérité du système bancaire en Europe, montée en puissance de l’Internet, chiffres d’affaires grandissants des cabinets d’avocats.
Être un bon associé directeur, c’est aussi épouser ces transformations juridiques, sociales, économiques.

Neuf années de mutations. Professionnelles, humaines, mondiales.
Neuf années où sa vision du travail en elle-même change.
"Aujourd’hui je ne vois plus le client de la même façon. Comme associé-directeur, dans d’innombrables cas, pour nos avocats, j’étais le client, celui qui passait des commandes. Là, j’ai vu de l’autre côté de la clôture, j’ai vu l’importance de comprendre le client, et celle de la communication."
Et ensuite ?
Ensuite, il va pouvoir souffler un peu.
"Il y a une vie après associé-directeur, plaisante-t-il, le poids de la responsabilité n’est soudainement plus sur mes épaules."
Celui qui se reconnaît chanceux et heureux, pleinement satisfait de ces neuf années de challenges, aborde l’avenir sans aucune anticipation négative et passe le flambeau à son collègue Me Éric Bédard.
Professionnellement, il est d’ailleurs déjà actif dans un certain nombre de mandats.
Personnellement, il retrouve ce qu’il nomme une "paix intérieure".
Terminés les vacances annulées à la dernière minute, les heures passées au téléphone en dehors du bureau, le cerveau qui ne s’arrête jamais de marcher.
"Je vais pouvoir partir au ski avec ma famille sans surveiller mon Blackberry!"
Car si la fonction lui a offert d’innombrables bonheurs professionnels, le temps écoulé dans les aéroports, déjeuners, bureaux… était un temps qu'il ne passait pas auprès de sa famille.
L’homme, père de trois petites filles adoptives, va désormais pouvoir consacrer plus de temps à sa famille et à sa femme "merveilleuse", dit-il.
Quant à son avenir professionnel comme fiscaliste, il ne lui fait pas peur.
"J’étais parmi les bons, je ne m’en cache pas. Oui, bien sûr qu’il y a une certaine mise à niveau à faire pour m’assurer d’être pleinement efficace, mais il y a aussi toute cette expérience acquise en tant qu’associé-directeur durant la même période."
Une expérience, non négligeable et qui vaut de l’or, pour celui qui, pas plus tard que la semaine dernière, était déjà en formation...