Où se cachent les postes d’avocats en entreprise?

Jean-François Théorêt
2010-07-30 08:30:00
Bonjour,
J'ai lu votre article "travaille-t-on vraiment plus en pratique privée?" avec un grand intérêt. Il reste toutefois une question en suspens quant à la pratique en contentieux d'entreprise: comment y arrive-t-on?
Les offres de stage et d'emploi semblent être beaucoup plus rares en contentieux qu'en cabinet et elles visent souvent des personnes d'un minimum de 5 années d'expérience si je ne me trompe pas.
Est-ce que cela signifie qu'il faut bel et bien attendre 5 années avant d'y prétendre?
Est-ce plutôt parce qu'il y a plus d'"emplois cachés" dans les contentieux et qu'il faille les démarcher directement?
Je vous remercie de prendre le temps de me répondre.
Réponse
Vous avez raison quand vous dites qu’il y a moins de postes en entreprise qu’en cabinet.
Selon la dernière étude du Barreau du Québec, seulement 9% des avocats membres du Barreau du Québec sont en entreprise.
Il est assez simple de l’expliquer: un cabinet peut compter des dizaines d’avocats travaillant pour de nombreux clients simultanément.
À l’opposé, une entreprise comptera rarement plus de 4-5 conseillers juridiques à l’interne travaillant en permanence pour un seul client (comprenez qu’il y a bien sûr des exceptions, tel Hydro-Québec, Bell, Bombardier, etc.).
Les ouvertures sont donc plus rares car la demande est beaucoup moins grande et c’est pourquoi on voit plus rarement des postes à combler en entreprise.
Il faut comprendre que ce ne sont pas tous les postes, qu’ils soient en entreprise ou en cabinet, qui sont affichés sur la place publique.
Le milieu juridique est un très petit monde et tout le monde se connaît.
Il est donc usuel de chercher dans son entourage pour dénicher la perle rare avant de faire une recherche plus élargie.
Aussi, les conseillers juridiques d’entreprise demandent régulièrement à leurs avocats externes pour des références lorsqu’ils désirent embaucher.
Ces derniers seront normalement très heureux de référer des gens car ils solidifieront les liens et avec le client en lui donnant un coup de main et avec la personne embauchée car celle-ci leur en « devra une ».
De plus, certains cabinets essaient parfois de pistonner un avocat qui est sur la voie de sortie de manière à ne pas trop publiciser le fait qu’il y a des mises à pied.
Niveau d’expérience opportun
Pour répondre à la question de l’expérience normalement demandée, vous avez parfaitement raison.
Il sera assez rare de voir un poste en entreprise demandant moins de trois années d’expérience et encore moins de stages.
La raison est encore une fois assez simple mais d’une logique implacable : les ressources à l’interne manquent pour former un conseiller juridique junior.
En cabinet, un avocat débutant dans la profession aura accès à une multitude d’outils et surtout de personnes ressource pour l’aider à progresser et à prendre de l’expérience.
Le temps demandé pour ce faire est donc divisé parmi plusieurs avocats. Dans un contentieux, il y n’y a que très peu de professionnels disponibles et la demande en temps pour former un nouvel arrivant très vert serait trop élevée.
On considère dans le milieu qu’un avocat acquiert une certaine autonomie à partir de 3 années d’expérience (chiffre magique qui peut varier mais qui est la norme).
Cela signifie donc qu’à moins d’un bon « timing », il y a de fortes chances que vous deviez prendre votre mal en patience avant de faire le saut en contentieux.
Ceci étant dit, rien n’est impossible et je vous encourage à cibler certaines entreprises ou industries qui vous intéressent particulièrement et à faire des démarches directes auprès des personnes chargées de l’embauche.
Le pire qui peut arriver est que ça ne fonctionne pas.
Au plaisir.
Jean-François Théorêt
La Question Carrière
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