Un souffle de réalisme pour notre profession
Dominic Jaar
2010-07-22 08:30:00
Bien que je supporte René et Droit-inc.com depuis ses premiers billets, je crois qu'il est temps d'offrir une image plus équilibrée du monde juridique.
Les gros bureaux représentent une minorité des opportunités d'emploi pour les étudiants. Cette vérité se vérifie tant lors de la course aux stages, qu'à l'embauche, que 5-6 ans plus tard lorsqu’il ne reste que 10% des élus.
Le marché juridique est mature, pour ne pas dire vieillot, et dans bien des cas en décroissance. Les emplois d’avenir ne sont pas dans les grandes firmes, sauf pour une minorité. Les avocats, et à priori les stagiaires et étudiants, doivent cesser d’espérer que le travail leur tombe dessus comme des fonctionnaires trop payés. Pour justifier les taux horaires pratiqués par plusieurs, il faut travailler, vraiment!
Les grands bureaux sont en majorité en crise existentielle et tentent de se renouveler. Là où ils excellent à démontrer qu’ils sont de grandes entreprises c’est dans le cadre des restructurations qui sont en cours depuis un certain nombre d’années.
Malheureusement, ces restructurations se concrétisent d’abord par des mises-à-pied. Bien que celles-ci puissent être requises dans certains cabinets pour recréer une pyramide « saine », i.e. réduire le nombre d’associés et hausser le nombre de sociétaires, ce qui fera la différence entre le succès des uns et la disparition des autres (probablement par fusion) sera inévitablement la révision d’un modèle d’affaires archaïque.

Il est évident que les grands cabinets demeureront nécessaires pour certains dossiers complexes qui requièrent des expertises complémentaires, de grosses équipes et un support complet. Par contre, le Canada, et a fortiori Montréal, ne peut justifier l’existence d’autant de cabinets nationaux ou de grands bureaux locaux. La quantité de travail est fini et fond année après année, au fur et à mesure que les services juridiques se banalisent en simple produits offerts par des entités non-juridiques.
Ainsi, comme avocat, on a le choix de faire partie :
1) du 3% qui entre dans un grand cabinet et devient partenaire;
2) du 5% qui travaille dans un grand bureau;
3) du nombre croissant qui travaille comme conseiller en entreprise (au détriment des cabinets);
4) des avocats dans le domaine public et parapublic (seul endroit où un fond de pension existe);
5) de la majorité qui travaille en solo, petit ou moyen bureau;
6) d’un grand nombre qui se recycle en utilisant leur bagage juridique;
7) de la minorité grandissante des innovateurs qui changent le marché juridique au quotidien;
8) d’un groupe que j’ai omis...
À chacun de choisir son terreau.
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Me
il y a 15 ans>>>>>>> Je connais beaucoup de gros clients qui ne veulent pas faire affaires avec de petits cabinets en raison du manque d'expertise et de profondeur qui sont aujourd'hui requis dans plusieurs dossiers.
Le problème n'est pas de recherche une expertise. Leur problème est que souvent ils n'ont pas l'intelligence pour diviser la job entre plusieurs cabinet.
J'ai un client dans l'immobilier commercial qui doit bien créer, sauf erreur, au moins 2-3 corporations par semaine. Je l'ai en litige, mais il est en corp avec nous depuis des lunes. Eh bien, alors qu'il pourrait nous garder pour les litiges complexes à du 275 et 375 par heure et employer un petit cabinet pour le corp, il préfère faire tout avec nous.
Résultat, 1000 à 3000 par incorporation, alors que dans 95% ce sont des choses très basic qu'un junior solo ferait pour 300 + les frais. Je parle donc de plus de 150 dossiers par année où le cabinet, en corporatif, encaisse environ $2000 par heure !
Si le client est con, grand bien lui fasse. Les cabinets n'ont pas à changer de mentalité tant que des cons continuent par bien nous nourrir.
Anonyme
il y a 15 ansExcellent commentaire Me Jaar. Simplement une petite précision: point 4 - de nombreuses entreprises offrent des fonds de pension à leurs conseillers juridiques, normalement sous forme de contribution aux REER, que ce soit en prestations déterminées ou en cotisations équivalentes au montant souscrit par l'employé jusqu'à hauteur d'un certain pourcentage.
Me
il y a 15 ans>>>>>>> Commentaire idiot. C'est justement pour ça qu'il faut du guts: il faut dire à son chummy que les choses vont changer. Pas facile de faire ça.
Ni l'associé, ni son chum chef du contentieux, n'ont intérêt que ça change. Les deux s'inter-graissent. Je ne comprends absolument par quel sens auraient les guts sans but. Changer au nom de quoi? Le progrès de la profession que pour le progrès de la profession?
Bien-sûr que je suis parfaitement d'accord avec ce que Me Jaar prône. Mon commentaire n'est nullement idiot dans la mesure où il décrit une réalité omni présente: pas tous les donneurs d'ouvrage sont chummy-chummy avec l'associé-responsable du dossier, mais une grande partie... oui. Ces "couples"-là assurent la stagnation et l'encrassement de la profession.
Anonyme
il y a 15 ansMe a 100% raison. Si l'associé paie au chef du contentieux une journée de $ 2000 au Royal Mont-Royal Club, le chef du contentieux ne le rappellera pas le lundi prochain avec l'avertissement de baisser sa tarification... C'est comme ça que ça marche.
Hoffmann
il y a 15 ans> >>>>>> Merci Dominique pour ce texte mais il ne colle pas à ma réalité ni à celui de plusieurs de mes collègues avocats.
>
> C'est idiot comme commentaire. Le texte de Me Jaar n'est rempli que de souhaits pour la profession. Il serait aussi souhaitable que tu réflechisses avant de commenter.
Dans ton cas, ce commentaire s'applique effectivement à la majorité de tes interventions sur ce site.
Anonyme
il y a 15 ans> >>>>>>> Commentaire idiot. C'est justement pour ça qu'il faut du guts: il faut dire à son chummy que les choses vont changer. Pas facile de faire ça.
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> Ni l'associé, ni son chum chef du contentieux, n'ont intérêt que ça change. Les deux s'inter-graissent. Je ne comprends absolument par quel sens auraient les guts sans but. Changer au nom de quoi? Le progrès de la profession que pour le progrès de la profession?
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> Bien-sûr que je suis parfaitement d'accord avec ce que Me Jaar prône. Mon commentaire n'est nullement idiot dans la mesure où il décrit une réalité omni présente: pas tous les donneurs d'ouvrage sont chummy-chummy avec l'associé-responsable du dossier, mais une grande partie... oui. Ces "couples"-là assurent la stagnation et l'encrassement de la profession.
Bien oui, mais c'est justement ça qui doit cesser. Tout le monde sait que c'est comme "ça que ça marche", mais peut être qu'une fois, il y aura un(e) associé(e) directeur qui va mettre ses culottes et changer le système. Je réalise très bien que c'est peu probable, mais en même temps, au lieu de s'engraisser le portefeuille, il/elle pourrait être la personne qui changerait le visage de la profession. Leurs portefeuilles sont déjà assez gros. Idéaliste - j'avoue que oui, mais c'est possible.
Anonyme
il y a 15 ans> Me a 100% raison. Si l'associé paie au chef du contentieux une journée de $ 2000 au Royal Mont-Royal Club, le chef du contentieux ne le rappellera pas le lundi prochain avec l'avertissement de baisser sa tarification... C'est comme ça que ça marche.
Je suis d'accord, pour l'avoir vu en grande entreprise. Je contestais des factures auprès des avocats externes de dossiers que je pilotais, car je constatais que des factures avaient été boustées aux stéroïdes, par rapport au travail réellement effectué. Résultat : l'avocat montait au grand patron, celui qui est invité à gauche et à droite, reçoit des prix de la part des cabinets d'avocats (conseiller juridique de l'année, etc.) Résultat des courses: un petit coup de fil de gros boss à moi et je devais payer la grosse facture.
Anonyme Junior
il y a 15 ansEn tant qu'avocat junior, qui a terminé son bacc, barreau et stage il y a très peu de temps, permettez-moi simplement d'ajouter à la note de Me Jaar la réalité suivante : pendant les 3 années d'études au bacc (surtout dans certaines universités), aucune autre voie ne nous est présentée sauf celle des grands cabinets (TRES MALHEUREUSEMENT!).
Personnellement, j'ai même été consultée notre conseillère une fois pour connaître les autres possibilités et elle m'a simplement référée à un cartable qui contenait le nom d'une cinquantaine de contentieux qui ont des avocats "in house"...
Avant de devenir officiellement "Maître", moi (et au moins une centaine de mes collègues) ignorions que pour travailler en tant qu'avocat pour le gouvernement, il fallait être sur une liste et que pour ce faire, il aurait fallu compléter un examen lors de notre dernière année d'étude à la session d'automne!
Bien que je ne veuille pas nous déresponsabiliser, j'aimerais encourager FORTEMENT les universités et mes confrères qui ont une vision élargie de la pratique du droit et qui connaissent les autres voies qui s'offrent aux jeunes, d'en parler avec les jeunes lors de leurs études.
Car, croyez-le ou non, nous sommes plusieurs jeunes avocats, ambitieux, dynamiques, talentueux et énergiques à sentir que nous avons gaspiller plusieurs années et plusieurs milliers de dollars pour un gros rien et à vouloir changer complètement de carrière.
Santa Clothes
il y a 15 ans> En tant qu'avocat junior, qui a terminé son bacc, barreau et stage il y a très peu de temps, permettez-moi simplement d'ajouter à la note de Me Jaar la réalité suivante : pendant les 3 années d'études au bacc (surtout dans certaines universités), aucune autre voie ne nous est présentée sauf celle des grands cabinets (TRES MALHEUREUSEMENT!).
> Personnellement, j'ai même été consultée notre conseillère une fois pour connaître les autres possibilités et elle m'a simplement référée à un cartable qui contenait le nom d'une cinquantaine de contentieux qui ont des avocats "in house"...
> Avant de devenir officiellement "Maître", moi (et au moins une centaine de mes collègues) ignorions que pour travailler en tant qu'avocat pour le gouvernement, il fallait être sur une liste et que pour ce faire, il aurait fallu compléter un examen lors de notre dernière année d'étude à la session d'automne!
> Bien que je ne veuille pas nous déresponsabiliser, j'aimerais encourager FORTEMENT les universités et mes confrères qui ont une vision élargie de la pratique du droit et qui connaissent les autres voies qui s'offrent aux jeunes, d'en parler avec les jeunes lors de leurs études.
> Car, croyez-le ou non, nous sommes plusieurs jeunes avocats, ambitieux, dynamiques, talentueux et énergiques à sentir que nous avons gaspiller plusieurs années et plusieurs milliers de dollars pour un gros rien et à vouloir changer complètement de carrière.
Je ne sais pas à quelle université tu étais mais ton expérience ressemble fortement à la mienne...
Anonyme
il y a 15 ans> En tant qu'avocat junior, qui a terminé son bacc, barreau et stage il y a très peu de temps, permettez-moi simplement d'ajouter à la note de Me Jaar la réalité suivante : pendant les 3 années d'études au bacc (surtout dans certaines universités), aucune autre voie ne nous est présentée sauf celle des grands cabinets (TRES MALHEUREUSEMENT!).
> Personnellement, j'ai même été consultée notre conseillère une fois pour connaître les autres possibilités et elle m'a simplement référée à un cartable qui contenait le nom d'une cinquantaine de contentieux qui ont des avocats "in house"...
> Avant de devenir officiellement "Maître", moi (et au moins une centaine de mes collègues) ignorions que pour travailler en tant qu'avocat pour le gouvernement, il fallait être sur une liste et que pour ce faire, il aurait fallu compléter un examen lors de notre dernière année d'étude à la session d'automne!
> Bien que je ne veuille pas nous déresponsabiliser, j'aimerais encourager FORTEMENT les universités et mes confrères qui ont une vision élargie de la pratique du droit et qui connaissent les autres voies qui s'offrent aux jeunes, d'en parler avec les jeunes lors de leurs études.
> Car, croyez-le ou non, nous sommes plusieurs jeunes avocats, ambitieux, dynamiques, talentueux et énergiques à sentir que nous avons gaspiller plusieurs années et plusieurs milliers de dollars pour un gros rien et à vouloir changer complètement de carrière.
Annuellement, depuis 1992, Jobboom publie Les carrières du droit, un magazine portant sur l'emploi dans les grands bureaux et à l'extérieur des grands cabinets. L'éditeur publie des magazines semblables pour d'autres professions.
Pour en savoir plus: http://fr.canoe.ca/publications/editions/librairie/
Anonyme
il y a 15 ansLes avocats, et à priori les stagiaires et étudiants, doivent cesser d’espérer que le travail leur tombe dessus comme des fonctionnaires trop payés. Pour justifier les taux horaires pratiqués par plusieurs, il faut travailler, vraiment!
Bien que je trouve Me Jaar assez bel homme (il a un côté Léonardo Di Caprio avec la barbe, mon idol!), je ne suis pas tellement d'accord avec ce qu'il dit ci-dessus. La triste réalité, c'est que les stagiaires travaillent comme des chiens et en plus c'est une main d'oeuvre pas cher!
Dominic Jaar
il y a 15 ansD'abord, merci pour les bons mots quant à mon look! J'y travaille vraiment fort. D'atteindre des sommets de la sorte m'émeut au plus haut point! :-)
Quant au fond de votre commentaire, il confirme simplement ce que j'écris. Le fait de travailler fort n'est rien d'extraordinaire en soi et ne garantit certainement pas un emploi dans le monde juridique actuel... Le "vrai" travail auquel je faisais allusion - peut-être trop subtilement: je m'en excuse - est celui de générer des mandats ou, pour les stagiaires, de démontrer une certaine aptitude ou un potentiel. Dans un passé récent, on pouvait attendre 3, voire 5, ans avant que cette pression ne se fasse ressentir. Malheureusement, les temps ont changé et cette exigence nait désormais à très court terme.
D'ailleurs, les prochaines années verront plusieurs "grands" cabinets embaucher davantage d'étudiants de type non-A puisqu'on le sait tous:
1) Les A font de bons profs;
2) Les B, de bons juges;
3) Les C, de bons avocats;
4) Les D, de l'argent... :-p
Bon weekend!
Dj)