Une avocate reconnue coupable de faute déontologique

Une des avocates qui représentaient le meurtrier Marc-André Grenon, Me Vanessa Pharand, a été reconnue coupable d’avoir nui à « l’honneur, la dignité et la réputation de sa profession ».

Cette décision émane du Conseil de discipline du Barreau du Québec. Sa collègue, la criminaliste Karine Poliquin, est pour sa part acquittée des mêmes accusations. Les deux avocates pratiquent généralement en Estrie.

Contexte

Pendant le procès qui a mené à la condamnation de Marc-André Grenon, en février 2024, les deux procureures ont diffusé une vidéo promotionnelle sur Instagram.

Dans celle-ci, on les voyait marcher dans les corridors du palais de justice de Chicoutimi en tenue d’avocat afin de faire la promotion de leurs toges sur les réseaux sociaux. En trame sonore, on pouvait entendre la chanson Gangsta’s Paradise de Coolio. Cette vidéo était accompagnée de plusieurs mots-clics comme #meurtre ou #htgawm (l’abréviation du titre de la série de télé américaine How to Get Away with Murder).

Détails de la décision

Dans sa décision, le Conseil de discipline du Barreau du Québec reproche à Me Vanessa Pharand d’avoir participé à la réalisation de la vidéo sur Instagram comportant des aspects dérogatoires (sic : désobligeants, NDLR) et indignes pour la profession.

Le jugement mentionne que la vidéo est choquante, troublante et même offensante pour le public. Un peu plus loin dans la décision, le Conseil indique que cette vidéo projette dans l’espace public une image incompatible et dévalorisante avec les exigences de respect et de crédibilité qui doivent caractériser (la profession).

Pendant les démarches devant le Conseil de discipline du Barreau, le syndic du Barreau avait affirmé que les avocates avaient instrumentalisé le procès. Ainsi, Me Pharand est coupable de faute déontologique. Cette décision a fait réagir le chroniqueur à l'émission C'est jamais pareil, l'avocat Frédéric Bérard, qui est docteur et enseignant en droit. Il s'est dit favorable à la décision du Conseil de discipline.

« Déjà que défendre des assassins, c’est toujours un peu délicat d’un point de vue de perception. C’est déjà tellement compliqué, c’est déjà tellement sensible, que d’en rajouter comme ça en lui donnant une espèce d’air de nonchalance totale par rapport à ce qui a pu se produire, je trouvais ça aberrant. Je suis d’accord avec le Conseil de discipline », a-t-il brièvement commenté lors de son intervention mercredi.

Il a rappelé que les avocats et les avocates jouent un rôle important dans la société. On doit faire bien attention de ne pas (...) briser le lien de confiance que la population a envers les avocats, envers la communauté (juridique). Une audience aura lieu ultérieurement afin de déterminer la sanction qui sera imposée. La date n’est pas encore connue.

Collègue acquittée

Me Karine Poliquin est pour sa part acquittée à la suite des mêmes événements. Le Conseil juge qu’elle n’a eu qu’une faible implication dans la production de la vidéo. Entre autres, elle ne possède aucun compte Instagram ni Facebook. Elle n’a pas non plus visionné la vidéo controversée avant la mise en ligne de celle-ci.