D’avocate à secrétaire

Chantal Taillon
2013-10-24 15:00:00

Pourquoi êtes-vous partis de la Bulgarie?
Le pays était en crise, plusieurs compagnies fermaient et le taux d’inflation augmentait. J’étais avocate pour une grande compagnie dans le secteur de l’alimentation, mon mari travaillait aussi, et malgré tout, nous arrivions difficilement à joindre les deux bouts. Comme employée, je ne faisais pas beaucoup d’argent. Et partir à mon compte aurait été difficile car il y avait affluence de cabinets privés.
Comment s’est passée votre arrivée à Montréal?
Mon mari a trouvé du travail dès notre arrivée alors que moi, j’étais enfermée à la maison avec mon bébé. C’était difficile parce que je ne parlais que le bulgare et que je ne connaissais personne. Les trois premiers mois, j’étais isolée, déprimée. C’est en commençant les cours de francisation que tout s’est enclenché. J’étais engagée dans mes études et j’ai connu des amis.
Pourquoi êtes-vous devenue secrétaire?
La maîtrise en droit obtenue en Bulgarie équivaut ici à un baccalauréat. Plutôt que de reprendre mes études universitaires, j’ai choisi de faire un DEP en secrétariat. Et depuis un an, j’occupe le poste de secrétaire de direction à la Direction Régionale d’Emploi-Québec. C’est une équipe extraordinaire. Je m’y sens à l’aise et j’aime mon travail. Chaque jour est différent et j’apprends constamment de nouvelles choses. Je fais de mon mieux pour aider les professionnels pour qui je travaille.
Rêvez-vous encore de pratiquer le droit?

Avez-vous des regrets?
Au contraire, je suis très contente et mon mari aussi. Nos parents, qui habitent encore là-bas, sont aussi très heureux pour nous. Nos enfants sont biens, ils fréquentent l’école publique et parlent très bien le français. Ils apprendront éventuellement l’anglais. Notre vie est beaucoup plus facile financièrement. Nous connaissons la ville et avons une vie sociale. À tel point que lorsque je vais en Bulgarie, je me sens étrangère. Émigrer, ça change nos points de vue.
Avez-vous des conseils pour ceux qui voudraient émigrer?
Je leur dis : Soyez courageux, il n’y a rien que vous ne puissiez accomplir. Quand on veut, on peut!