L’AJBM aux mains des grands bureaux ?

« Seule ombre au tableau, c'est l'omniprésence des grands bureaux à l'AJBM... À quand un président(e) qui ne proviendra pas de ce milieu ? »

Ce reproche, tiré d’un commentaire sur Droit-inc.com, est-il fondé ?

Voyons un peu d’où provenaient les présidents de l’association ces dernières années :

Joséane Chrétien (2010-2011), Osler; Antoine Aylwin (2009-2010), Fasken Martineau; Philippe-André Tessier (2008-2009), RSS, Mathieu Piché-Messier (2007-2008), BLG; Nicolette Kost de Sèvres (2006-2007), Air Transat/AMF; Pascale Pageau(2005-2006), Délégatus (ex-de chez BCF).

En remontant la liste des présidents depuis 1898, vous trouverez certainement des exceptions, mais depuis 2005, voilà qu’on frôle 100 % de présidents issus de grandes ou très grandes organisations.

En revanche, le prochain à occuper la fonction, à priori Me Frederick Carle, actuel Vice-Président, est un criminaliste exerçant à son compte.

Qui sont maintenant aux postes clés ?

Pour l’année 2010-2011, huit des quinze membres du Conseil d’administration sont issus de grands ou très grands bureaux, Osler, Heenan Blaikie, Fasken, Gowlings, McCarthy, quatre sont à leur compte ou proviennent de petits cabinets, un du contentieux d’une entreprise et deux du secteur public ou parapublic.

En 2009-2010, ils étaient neuf sur quinze.

La proportion est peu représentative de la profession d’avocats si on se fie au sondage effectué par le barreau en 2009, « Regard sur les membres » selon lequel 30 % des avocats pratiquent en solo, 15 % dans des cabinets de 10 avocats ou plus, 20 % en entreprise et 25 % pour le gouvernement.

Avant de tirer à boulets rouges sur l’association essayons de comprendre.

« L’AJBM n’est pas une association de grands cabinets. Elle a été une association d’avocats en litige, qui les premiers se sont regroupés dans de grands cabinets, dit Me Philippe de Grandmont, d’Avéos Perfprmance Aéronautique, avocat ayant concouru à la Vice-présidence. Ensuite, ce sont un arc-en-ciel de raisons qui expliquent cette forte représentativité des grands cabinets. »

Quelles sont ces raisons ?

Déjà, tout simplement, la situation géographique. S’impliquer à l’AJBM est plus pour un avocat établi professionnellement en centre-ville.

Ensuite, les grands cabinets peuvent aider à financer les dépenses engagées par le Président de l’association. « Les bureaux sont d’accord et permettent par exemple à l’avocat siégeant à l’AJBM d’inviter des gens à manger, mettent à sa disposition les ressources du cabinet, autant d’actions qui sont au bénéfice direct de l’association », dit Me de Grandmont.

En revanche, aussi bien cet avocat, que l’actuelle présidente Joséane Chrétien, contestent formellement que les grands bureaux poussent leurs jeunes avocats à s’impliquer à l’AJMB. Il n’y a d’ailleurs pas de financement de campagne aux postes clés.

Il y a également une stabilité financière qui permet de participer à des activités sociales plus facilement lorsqu’on est salarié d’un employeur solide qu’à son propre compte.

Enfin, aussi bien Me Chrétien que Me de Grandmont parlent d’une émulation qui se crée. Comme un effet boule de neige, on voit dans son bureau des personnes s’engager à l’AJBM, alors on s’y engage et ensuite on en parle à la relève.

Voilà ce qui expliquerait cette présence des cabinets importants de la place de Montréal.

« Aux dernières élections, il y a eu 13 candidats pour 12 postes. On aurait aimé qu’il y ait plus de candidats. Actuellement, on cherche des bénévoles et les personnes de tous bords sont les bienvenus », dit Me Chrétien.