Carrière et Formation

Pourquoi je fais du Pro Bono

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Nadia Agamawy

2024-02-22 15:00:18

Me Brian Daley. Source: Norton Rose Fulbright Canada S.E.N.C.R.L., s.r.l.

Trois avocats expliquent à Droit-inc ce qui les motive à faire du Pro Bono. Ça fait du bien au cœur et à l'âme!

Me Brian Daley plaide en brevets pour de grands groupes pharmaceutiques qui le paient chèrement pour ses services. Mais à ses heures libres, il s’implique bénévolement auprès des demandeurs d’asile et des réfugiés.

« Je suis toujours conscient du fait qu’il y a beaucoup de gens dans notre société qui sont beaucoup moins favorisés que moi », confie l’associé chez Norton Rose Fulbright. Il explique avoir toujours été touché par les réfugiés qui viennent au Canada pour trouver refuge et une vie meilleure. En 2023, le Québec a enregistré un nombre record de 65 570 demandes d’asile, selon les plus récentes données d’Immigration,

Depuis 2008, plus de 6 000 avocats québécois, comme Me Daley, se sont joint la banque de bénévoles de l’organisme Justice Pro Bono et ont accepté d'être sollicités au besoin pour consacrer des heures non facturables à des personnes qui n’ont pas les moyens de se payer un avocat.

Qu’est-ce qui motive ces avocats à devenir bénévoles?

Pour comprendre la source de la sensibilité qu’éprouve Me Daley à l’égard de ces réfugiés, il nous répond : « c’est difficile à dire. Je sais que mon père était toujours affecté par les personnes sans abri par exemple ». On dirait une affinité qu’il a alors héritée puisque l’avocat est également membre du conseil d’administration chez Mission Old Brewery, un organisme montréalais qui travaille principalement avec des personnes sans abri.

« Rejoindre les gens là où ils sont »

Créé à l’initiative du Barreau du Québec, Justice Pro Bono a comme mission l’amélioration de l’accès à la justice au Québec. Les bénéficiaires sont donc des personnes, souvent vulnérables, dépourvues de capacité financière de payer les services d’un avocat.

Me Lauriane Palardy. Source: LinkedIn

« Sans se substituer aux institutions juridiques ni à l’aide juridique, nous, on tend la main à ceux qui tombent entre les mailles du filet social », explique Me Lauriane Palardy, coordonnatrice au sein de l’organisme.

Pro bono vient d’une locution latine pro bono publico, qui veut dire « pour le bien public ».

« Souvent, on a un désir d’aider, d’essayer de protéger ceux qui pourraient avoir besoin d’une forme de protection juridique. Et le pro bono me fait revenir à l’essence même de pourquoi on veut devenir avocat », confie Me Dominique Barsalou (« vous m’appelez Dominique s’il vous plaît », requiert l’avocate en début de l’appel).

Me Barsalou, membre du barreau depuis 1990, pratique en droit de la famille. Elle s’occupe donc bénévolement des dossiers en la matière et participe aux cliniques juridiques organisées par Justice Pro Bono dans le Grand Nord. « Il y a un grand besoin d’aller rejoindre les gens là où ils sont », dit-elle.

Sur cette expérience, l’avocate révèle avoir été « choquée » par les conditions de vie des populations inuites : « Ce sont des Québécois comme tout le monde, qui ont des droits de base comme tout le monde, et puis voir les conditions de vie dans lesquelles ils sont, ça me choque ». Un choc qui est pourtant accompagné d’admiration et d’ « un grand respect » pour ces communautés.

« Un petit baume sur son cœur »

Pour Me Myriam Harbec, avocate en droit de l’immigration, faire du pro bono est l’occasion d’« apporter une pierre dans la vie de ces gens-là ».

« Honnêtement, tous mes dossiers me marquent », confie l’avocate, membre du barreau depuis 1989 et qui collabore bénévolement avec l’organisme depuis environ 6 ans. Émue, elle raconte la fois où elle a réussi à aider une jeune mère, qui a accouché prématurément et dont le nouveau-né avait des complications de santé, à rester dans le pays pour des motifs humanitaires puisque le bébé n’aurait pas pu recevoir l’aide médicale nécessaire dans son pays d’origine. « C’est très gratifiant », avoue-t-elle.

Me Dominique Barsalou
Les trois avocats bénévoles s’accordent sur une chose : faire du pro bono leur apporte beaucoup sur le plan personnel. « Le feeling de pouvoir contribuer et de rencontrer des gens de milieux complètement différents » est l’un des aspects les plus positifs, selon Me Dominique Barsalou, qui pratique à Westmount.

« Ça permet de mettre en perspective nos petits problèmes à nous et de mettre les deux pieds dans la réalité », ajoute-t-elle.

Me Palardy qui coordonne les projets au sein de Justice Pro Bono et communique directement avec les avocats bénévoles explique que « ce que tout le monde a en commun, c’est le désir d’avoir un petit baume sur son cœur. Il y a quelque chose de thérapeutique dans le pro bono ».

« Pour la jeune génération ainsi que la moins jeune »

Me Daley relate avoir partagé son expérience avec Justice Pro Bono au sein de son cabinet et avoir réussi à embarquer une dizaine de ses collègues dans cette aventure, voire dans cette mission. « Ils ne le regretteront jamais », rassure-t-il avec enthousiasme les avocats de « la jeune génération ainsi que la moins jeune » qui n’ont pas encore essayé.

Quant à Me Barsalou, consciente de l’exigence du métier d’avocat et de la charge considérable de travail, surtout en début de carrière, délivre un message bienveillant aux moins jeunes: « occupez-vous de vos enfants, passez à travers vos premières années qui sont dures et exigeantes. Ne vous mettez pas trop sur le dos, et vous le ferez quand vous serez de l’autre bord ».

À ses confrères et consœurs plus aguerris : « Il y a vraiment beaucoup de besoins, et on a de super belles rencontres à faire », promet-elle par expérience.

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