Aucun témoin dans l’affaire Cédrika Provencher n’a formellement identifié Jonathan Bettez
Radio Canada
2025-12-19 13:30:24

Dans de nouveaux documents de cour, on apprend que seulement deux des cinq témoins dans l’affaire Cédrika Provencher ont eu droit à une parade d’identification de photos. Cette procédure consiste à montrer plusieurs photos de suspects potentiels à des témoins oculaires d’un événement afin d’en tirer des ressemblances avec un principal suspect.
On trouvait celle de Jonathan Bettez dans le lot. Or, ces deux témoins n’ont pas pu confirmer que Jonathan Bettez était l’individu suspect qu’ils disaient avoir aperçu en présence de la fillette ou sur les lieux où elle a été vue pour la dernière fois, en juillet 2007.
Jonathan Bettez ne connaît toujours pas la date du procès qu’il a intenté au civil. La famille Bettez réclame 10 millions de dollars à la SQ, à des policiers chargés de l’enquête sur le meurtre de Cédrika Provencher et au Procureur général du Québec.
Elle reproche aux policiers d’avoir tout fait pour que la population croie que Jonathan Bettez était un pédophile et un meurtrier. Parmi les nouveaux documents déposés à la cour se trouve une liste d’admissions des deux parties. Cela signifie que les avocats de la famille Bettez et de la Sûreté du Québec s’entendent sur une série de faits.
Cinq témoins, dont trois enfants, auraient vu le suspect et détaillé son apparence physique à la police. Un seul des deux individus ayant eu droit à la parade de photos a indiqué avoir vu des similitudes entre Jonathan Bettez et le suspect aperçu. Toutefois, les parties ont admis que « (ce) témoin n’a pas formellement identifié la photo de Jonathan Bettez comme correspondant à l’individu suspect ».
C’est donc la première fois que le Procureur général du Québec admet qu’aucun témoin n’a pu confirmer que Jonathan Bettez pourrait être le suspect principal. En ce qui concerne les quatre autres témoins, aucune identification de Jonathan Bettez n’a été concluante. Au total, six parades d’identification ont eu lieu, selon le document. Les trois témoins à qui les policiers n'ont pas fait faire la parade d'identification étaient des enfants.

Neuf portraits-robots ont été produits, selon les documents, tout au long de l’enquête sur le meurtre et l’enlèvement de Cédrika Provencher, devenu non résolue (cold case) en 2013. Aucun de ces portraits-robots n’a été médiatisé.
En 2015, l’angle d’attaque des enquêteurs est devenu la pornographie juvénile. En décembre 2015, les restes de la fillette ont été retrouvés dans un boisé. Jonathan Bettez a été accusé en 2016, puis acquitté de tous les chefs d’accusations qui pesaient contre lui. Le juge a conclu à une opération de pêche. Les démarches policières étaient abusives et les mandats, invalides, avait déclaré le magistrat.
Au fil de leurs démarches, les policiers ont rencontré des ex-conjointes ainsi qu’au moins une escorte que Jonathan Bettez a fréquentée. La Sûreté du Québec a offert à plusieurs reprises à Jonathan Bettez de se soumettre au test du polygraphe. Plusieurs sessions d’écoutes électroniques ont eu lieu au domicile de la famille Bettez, sur leurs cellulaires et leur lieu de travail. L’alibi de Jonathan Bettez le soir du 31 juillet 2007 n’a pas pu être vérifié.
Jonathan Bettez témoignera au procès
Les avocats des deux parties ont également déposé à la cour la liste des témoins qu’ils souhaitent faire entendre lors du procès au civil. Me Jessy Héroux, qui représente la famille Bettez, écrit que les parents, la sœur et Jonathan Bettez lui-même témoigneront. Sa version des faits n’a jamais été entendue. Des amis, un garagiste, des collègues de travail, l’ex-ministre de la Justice, Jacques Dupuis, de même que le chroniqueur judiciaire Claude Poirier et l’auteur de la série District 31, Luc Dionne, seront appelés à la barre des témoins.
Me Héroux estime que ces témoignages devraient durer au moins 22 jours. Du côté du Procureur général, ce sont surtout des policiers, enquêteurs et analystes qui seront entendus. Une tante de Jonathan Bettez viendra aussi témoigner puisque les policiers l’avaient rencontrée en 2007. Ces témoignages devraient prendre 17 jours. Au ministère de la Justice et à la Sûreté du Québec, on indique que, par respect pour le processus judiciaire, aucun commentaire ne sera fait.
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