Une juge québécoise refuse d'entendre une femme portant le hijab
Une juge québécoise refuse d'entendre une femme portant le hijab
Rania El-Alloul, une Montréalaise monoparentale mère de trois enfants, s'est présentée devant le tribunal avec l'espoir de récupérer sa voiture, saisie par la Société d'assurance automobile du Québec.

À son arrivée à la barre, la juge Eliana Marengo lui aurait demandé pourquoi elle portait un "foulard" sur sa tête, ce qui aurait surpris Mme El-Alloul.

La séance fût alors ajournée pour une trentaine de minutes. Au terme de cette pause improvisée, la juge aurait pris la parole affirmant que les tribunaux sont des lieux où les symboles religieux n'ont pas leur place.

Pour appuyer ses propos, elle s'est réfèrée à l'article 13 des règles de pratique de la Cour du Québec. Selon cette règle, toute personne qui se présente en cour doit être "convenablement vêtue", souligne la juge, qui ajoute que Mme El-Alloul ne respecte pas cet article.

Le diffuseur public a mis la main sur l'enregistrement audio de l'audience, où la juge explique sa position à Mme El-Alloul.

« Selon moi, les tribunaux sont séculiers. Il n'y a pas de symboles religieux dans cette salle, ni sur les murs, ni sur les gens », peut-on entendre en anglais sur l'enregistrement sonore de la séance.

La juge a poursuivi en affirmant que sa décision serait identique si une personne portant une autre pièce de vêtement se présentait à elle.

« Je ne vous entendrai pas si vous portez ce foulard, tout comme je ne permettrais pas qu'on porte un chapeau ou des lunettes ou tout autre accessoire qui ne convient pas en cour », entend-t-on sur l'enregistrement obtenu par Radio-Canada.

Rania El-Alloul a refusé de retirer son foulard. La juge lui a alors offert un report de la cause, afin que Mme El-Alloul puisse consulter un avocat.

Le bureau de la juge en chef du Québec, Elizabeth Corte, a fait savoir à Radio-Canada qu'il n'existe pas de directives quant au port de symboles religieux au tribunal. La tenue qu'il est convenable de porter est laissée à la discrétion de chaque juge.