Jean Charest, associé chez McCarthy Tétrault
Jean Charest, associé chez McCarthy Tétrault
L’ancien premier ministre Jean Charest, aujourd’hui associé chez McCarthy Tétrault, était invité jeudi matin par Québec International à donner son point de vue sur les perspectives internationales pour 2016.

Le projet Énergie Est est engagé sur la mauvaise voie, a estimé l’ex-PM qui se montre favorable à la construction d’un oléoduc au Québec. «Ce qu’on entend n’est pas le reflet de la réalité. On met beaucoup d’emphase sur les risques», a déclaré jeudi Me Charest devant la communauté d’affaires de Québec.

L’avenir de ce projet évalué à 11 G$, dans son ensemble, ne peut pas dépendre uniquement de «simples objections», a-t-il ajouté. «Je ne suis pas satisfait de ce que j’ai entendu. Je ne suis pas satisfait de simples objections fondées sur des inquiétudes qui peuvent être légitimes, mais qui ont besoin d’être mesurées par rapport à d’autres types de risques.»

Appui à TransCanada

À l’époque où il dirigeait le Québec, Me Charest avait donné son appui au projet Keystone XL également piloté par TransCanada, mais qui est mort au feuilleton. «On a un gros problème au Canada. On est prisonnier du marché américain. On vend notre pétrole au rabais. On a perdu des milliards de dollars de revenus.»

La construction d’un pipeline au Québec permettrait d’ouvrir la voie vers de nouveaux marchés tout en comblant un déficit commercial, estime-t-il. À lui seul, le Québec achète pour 3 G$ de pétrole sur les marchés étrangers, ce qui représente le plus important déficit commercial de son économie.

Réputation touchée

Les tergiversations sur ses grands projets n’aident pas à rétablir la réputation du Canada auprès des investisseurs étrangers, a poursuivi l’ex-premier ministre.

« La perception est que le Canada n’est pas capable de faire avancer ses projets. Les autochtones, les communautés, l’acceptabilité sociale, tout ça à cumuler. Ce sont des enjeux légitimes, mais dans le cas des pipelines, il faut un discours plus affirmatif. Il faut que les gouvernements passent du stade “on n’aime pas votre façon de faire” pour se demander si c’est un projet souhaitable. À mon avis, la réponse est oui. »

Me Charest, qui voyage beaucoup en Asie, ne mâche pas ses mots lorsqu’il dit que le Canada manque d’ambition. «Le Canada est un pays qui doit en faire plus au niveau du commerce. On doit investir plus dans les infrastructures. On doit tirer davantage de nos ressources énergétiques», a-t-il dit en terminant.

Voici les 6 déclarations les plus « croustillantes » de l’associé de McCarthy, faites ce jeudi :

«Je ne suis pas techno, mais pas du tout. J’ai besoin d’aide pour ouvrir et fermer le iPad.»

«Le vieillissement de la population, ce n’est pas une mauvaise nouvelle! J’ai 57 ans et j’ai l’intention de vivre très vieux. Ça, c’est une très bonne nouvelle!»

«La rhétorique nationaliste a augmenté substantiellement. Le populisme, Donald Trump, ce n’est pas uniquement aux États-Unis en passant. Rob Ford à Toronto, ce n’est pas une vue de l’esprit. Je le connais Rob Ford. Je ne l’admets pas publiquement. Ça reste entre nous.»

«À Toronto, 46% de la population n’est pas née au Canada. C’est la 4e ville la plus importante en Amérique du Nord. Je suis une minorité visible à Toronto! Et ça marche, à Toronto. Ce n’est pas une société qui est mal dans sa peau.»

«Une règle non écrite de toutes les récessions : quand ça revient, ça ne revient jamais comme avant. Ce qu’on perd, on le perd de manière permanente. Rappelez-vous l’élection de 1993, on était 154 et le lendemain de l’élection, il en restait deux!»

«Le Canada, à l’extérieur, est perçu comme un pays qui n’est pas capable de réaliser ses projets.»